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Que faire pendant le Carême ?

VIII Dimanche – Lc 6, 39-45

Lectures de ce dimanche

Le 15 janvier 1662, il y a alors exactement quatre siècle, est né à Paris Jean-Baptiste Poquelin (1662-1673), passé à la postérité sous son nom de plume et de comédien: Molière. Cet artiste complet qui fit rire, mais aussi réfléchir, la France et la cour du « Roi Soleil », est toujours aujourd’hui l’un des plus grands, sinon le plus grand, des auteurs dramatiques de langue française, à tel point que son nom qualifie la langue qu’il savait si bien manier.

Parmi les pièces de Molière, « le Tartuffe » est certainement une des plus célèbres. Ce fut aussi l’une des plus controversées de son temps. Elle provoqua le scandale lorsqu’elle fut jouée pour la première fois le 12 mai 1664. À tel point que l’Église de France, par la voix de l’archevêque de Paris, Mgr Hardouin de Péréfix, la fit interdire. Motif ? La dénonciation de l’hypocrisie au sein de la société, y compris au sein de l’Eglise.

Mes frères et sœurs, la dénonciation des hypocrites que fait Molière dans sa pièce, est toujours d’actualité. L’hypocrisie étant le fait de l’homme pécheur. Jésus nous en parle dans l’Evangile de ce dimanche: « Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère ».

Rappelez-vous l’affaire de Mgr Michel Aupetit. Il a été accueilli par le pape François à Rome, au début de ce mois, exactement le 3 février dernier. « Le pape François m’a renouvelé son soutien après ma démission et m’a répété qu’il m’estimait victime de l’hypocrisie et du cléricalisme – a-t-il affirmé au lendemain de cette rencontre.

Voyez-vous ! Les hommes d’aujourd’hui ne sont pas moins hypocrites que ceux d’hier ; ceux de l’époque de Jésus ou ceux de l’époque de Molière. Du coup, « le Tartuffe » n’a rien perdu de sa pertinence. Au contraire, cette pièce apparait comme nécessaire et indispensable dans le monde où nous sommes. Y compris à Paris.

 Chers frères et sœurs, Jésus nous met souvent en garde de nous conduire en hypocrites, c’est-à-dire « en esprits faux », qui prétendent aider leurs frères en dénonçant leur péché.  Il ne s’agit certes pas de renoncer à toute correction fraternelle, mais de fonder celle-ci sur un sérieux examen de conscience par rapport à ce que je porte en mon cœur comme intention, lorsque je veux aider mon frère à se débarrasser d’un penchant mauvais. Autrement dit, Jésus nous rappelle que l’unique motivation de toute parole de correction fraternelle doit être la charité qui vise le bien de l’autre et non le désir caché d’affermir sa supériorité ou peut-être même de faire oublier ses propres défauts en relevant ceux d’autrui. Saint Augustin aimait dire: « Si tu corriges, corrige par Amour. Aie au fond du cœur la racine de l’Amour: de cette racine, rien ne peut sortir de mauvais ».

C’est dans cette esprit que l’Eglise nous invitera, dans trois jours, le Mercredi des Cendres, à entrer dans le temps de Carême: 40 jours pour vivre davantage en chrétien sincèrement, simplement et sobrement.

On se demande souvent: « Que faire pendant le Carême » ? Le programme, nous le connaissons depuis toujours: prier, jeûner et partager. Mais chaque fois nous pouvons l’accomplir différemment. Pour cette année 2022, je voudrais vous présenter dix règles pour un bon Carême. Elles ont été publiées il y a 15 ans, en 2007, par le cardinal Godfried Danneels (1933-2019), archevêque de Malines-Bruxelles. Je les ai fait imprimées expressément dans la Feuille paroissiale pour qu’on puisse les lire ensemble. Regardez donc la toute première page de la FIP: « Dix conseils pour un bon Carême ».

  1.   Prie. Chaque matin, le Notre Père et chaque soir le Je vous salue Marie.
    1. Cherche dans l’Evangile de chaque dimanche de Carême (il y en a cinq), une petite phrase que tu pourras méditer toute la semaine.
    2. Chaque fois que tu achètes un objet dont tu n’as pas besoin pour vivre – un article de luxe – donne aussi quelque chose aux pauvres ou à une œuvre. Offre-leur un petit pourcentage. La surabondance demande à être partagée.
    3. Fais chaque jour quelque chose de bien pour quelqu’un. Avant qu’il ou elle ne te le demande.
    4. Lorsque quelqu’un te tient un propos désagréable, n’imagine pas que tu dois aussitôt lui rendre la pareille. Cela ne rétablit pas l’équilibre. En fait, tu tombes dans l’engrenage. Tais-toi plutôt une minute et la roue s’arrêtera.
    5. Si tu zappes depuis un quart d’heure sans succès, coupe la TV et prends un livre. Ou parle avec ceux qui habitent avec toi: il vaut mieux zapper entre humains. Cela marche sans télécommande.
    6. Durant le Carême quitte toujours la table avec une petite faim. Les diététiciens sont encore plus sévères: fais cela toute l’année. Une personne sur trois souffre d’obésité.
    7. « Par-donner » est le superlatif de donner.
    8. Tu as déjà si souvent promis d’appeler quelqu’un par téléphone ou de lui rendre visite. Fais-le finalement.
    9. Ne te laisse pas toujours prendre aux publicités qui affichent une réduction. Cela coûte en effet 30% moins cher. Mais ton armoire à vêtements bombe et déborde également de 30 %.

Je vous propose maintenant de prendre 3 minutes de silence pour en repérer, non seulement avec vos yeux, mais surtout avec votre cœur, intelligence et volonté, trois de ces règles (conseils) que vous voudriez mettre davantage en pratique pendant le Carême de cette année.

***

Conclusion: Les trois règles que vous avez choisies, ne signifient rien, si elles ne vous rapprochent pas de Dieu, des hommes et de vous-mêmes. Ou si elles vous rendent tristes. Le temps de Carême doit nous rendre plus légers, plus libres et plus joyeux dans notre marche à la suite du Christ. Il nous faudra fournir quelques efforts, certes, mais ce n’est pas grave, si nous vivons ces efforts avec l’application, dans la confiance, la persévérance et la joie.

Père Stanislas

Autres homélies du Père Stanislas

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Le Fils de l’homme est venu donner sa vie pour la multitude

Lectures du jour :

La soif de grandeur et de pouvoir est terrible. Elle est nourrie en nous depuis le plus jeune âge. Nous aspirons tous à devenir les chevaliers du roi Arthur ou des princesses emprisonnées dans une tour en attendant le prince charmant.

Avec le temps, en apparence, les fantasmes disparaissent. Mais en réalité, ils restent enfouis sous les cendres et guident secrètement nos choix et nos sentiments. L’éducation que nous recevons ne nous aide pas toujours à les maîtriser. En grandissant, notre vision des autres devient parfois encore plus confuse: les autres nous apparaissent comme des adversaires, des rivaux ou des concurrents.

La soif de grandeur et de pouvoir est terrible, car elle ne cesse de s’autoalimenter. Même les disciples de Jésus, hier comme aujourd’hui, n’en sont pas libres. Nous le voyons très bien dans l’Évangile de ce dimanche: « Maître, donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire » – demandent Jacques et Jean, les fils de Zébédée.

Pourquoi ce sont Jacques et Jean qui revendiquent ce privilège, et non pas les autres apôtres?

– peut-être, parce qu’ils ont été les premiers à être appelés par Jésus?

– peut-être, parce qu’ils affichent une possible parenté avec Jésus?

– ou simplement à cause de leur caractère spontané et un peu brusque. En effet, ce n’est pas par hasard qu’ils ont été appelés par Jésus lui-même: « fils du tonnerre ».

Et quelle est la réponse de Jésus?

Très simple: « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous: car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir ».

Frères et sœurs, notre soif trouve la paix quand elle n’est plus une soif de pouvoir, mais une soif de service. Chrétiens, nous sommes donc appelés à imiter le Seigneur dans son don total, dans sa volonté d’être serviteur. En effet, la vie n’a de sens que lorsqu’elle est consacrée à quelqu’un ou à quelque chose. Par contre, la vie devient une obsession lorsque l’on se concentre uniquement sur sa propre soif. « Seul celui qui vit pour les autres, vit de manière responsable, c’est-à-dire vit vraiment » – disait Dietrich Bonhoeffer, grand théologien et pasteur protestant, qui a combattu le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale.

Et encore une petite chose. Il est surprenant de constater que Jésus ne semble pas être heurté par la requête des Jacques et Jean. Il leur répond simplement: « Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Et c’est vrai! Nous demandons souvent à Dieu ce qui nous plait, et Lui, il nous donne ce qu’il nous faut! Dans ce contexte, je voudrais vous lire un texte anonyme d’une personne handicapée gravé sur une tablette de bronze dans un institut de réadaptation à New- York:

« J’avais demandé à Dieu
la force pour atteindre le succès;
il m’a rendu faible,
afin que j’apprenne humblement à obéir.

J’avais demandé la santé,
pour faire de grandes choses;
il m’a donné l’infirmité,
pour que je fasse des choses meilleures.

J’avais demandé la richesse,
pour que je puisse être heureux;
il m’a donné la pauvreté,
pour que je puisse être sage.

J’avais demandé le pouvoir,
pour être apprécié des hommes;
il m’a donné la faiblesse,
afin que j’éprouve le besoin de Dieu.

J’avais demandé un compagnon,
afin de ne pas vivre seul;
il m’a donné un cœur,
afin que je puisse aimer tous mes frères.

J’avais demandé des choses
qui puissent réjouir ma vie;
j’ai reçu la vie,
afin que je puisse me réjouir de toutes choses.

Je n’ai rien eu de ce que j’avais demandé,
mais j’ai reçu tout ce que j’avais espéré.
Presque en dépit de moi-même,
mes prières informulées ont été exaucées.

Je suis, parmi tous les hommes,
le plus richement comblé ».

Père Stanislas

Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu

« Il nous importe de rester en contact avec nos défunts pour implorer la grâce de Dieu afin que leurs âmes trouvent miséricorde et paix. »

Lectures : Trente et unième dimanche du temps ordinaire.

Le mois de Novembre est généralement un mois consacré à la prière pour nos fidèles défunts. Car ils ont vécu avec nous, ils ont partagé nos joies et peines et ils font partie de notre histoire. Maintenant ils sont inscrits dans le passé mais nous ne perdons pas leur souvenir. Notre célébration de ce jour est un acte de foi dans l’amour sans limites de Dieu, dans le Christ ressuscité des morts et dans l’Esprit Saint « qui donne la vie », tels sont les mots qui nous appellent à regarder Dieu comme le Père Tout-puissant et plein de miséricorde. Les textes de ce jour nous invitent à tourner notre regard vers l’infinie miséricorde de Dieu envers les pécheurs que nous sommes. Il veut nous aider à sortir de cette situation de péché dans laquelle nous nous enfonçons. Nous sommes tous appelés à nous convertir. Cette bonne nouvelle est pour nous le point de départ d’une grande espérance. Continuer la lecture de Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu