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Aimer les uns les autres, comme je vous ai aimés 

Lectures du jour :

V Dimanche de Pâques – Jn 13, 31-35

En recevant un cadeau, nous pensons déjà à la manière d’en remercier pour ne pas nous sentir dépréciés ou ingrats. Nous voulons récompenser. Le don crée un devoir de gratitude, c’est-à-dire de la réciprocité ! C’est bien sur ce mode d’agir que nous avons construit des normes de l’éducation civique. Autrement dit, nous avons canonisé la réciprocité au détriment d’une valeur profondément évangélique, à savoir la gratuité.

 

« Je vous donne un commandement nouveau – nous dit Jésus dans l’Évangile de ce dimanche, celui de vous aimer les uns les autres, comme je vous ai aimés ».

 

Je me suis souvent demandé en quoi consiste la nouveauté de ce commandement que Jésus nous donne ? A-t-il la saveur de la réciprocité ou de la gratuité ?

Eh bien, la nouveauté de ce commandement ce n’est pas le commandement d’aimer. Jésus ne l’invente pas. Ce commandement d’amour existe bel et bien dans l’enseignement des rabbins de son temps. Mais ce qui est nouveau, c’est d’aimer comme lui. En d’autres mots, Jésus nous demande d’aimer d’une manière qui soit capable d’aller au-delà de la réciprocité. Ce qui n’est pas du tout facile, puisque nous avons habituellement tendance à aimer selon les critères de double comptabilité : nous aimons avec l’espoir d’être remboursés. Nous donnons avec l’intention plus ou moins manifeste de recevoir au moins autant. Et nous appelons cela la politesse ou le respect.

Oui, nous avons fait de la réciprocité une valeur culturelle, alors que ce n’est certainement pas la manière dont le Christ nous demande d’aimer. C’est vrai, Jésus nous dit : « aimez-vous les uns les autres », mais il ajoute « comme je vous ai aimés ».

Si Jésus n’avait pas ajouté ce « comme », nous aurions pu chercher chez l’autre le critère de l’amour : je t’aime, puisque tu m’aimes. L’amour devient alors une sorte de spirale de la compétition et de la comparaison. Oui, humainement parlant, l’amour a été réduit à cela.

 

Mais revenons à notre question. Le commandement nouveau que Jésus nous donne, a-t-il pour vous la saveur (le goût) de la réciprocité ou de la gratuité ?

Je sais que cela dérange, mais pour répondre à cette question, nous devons considérer l’Évangile dans son ensemble et voir comment il nous a, lui-même, aimés.

Eh bien, si nous regardons certaines images de l’Évangile, nous nous rendons compte que la façon d’aimer de Jésus est une gratuité par excellence. Je vous en donne trois exemples.

D’abord la parabole du semeur (Mt 13, 3-9). Nous la connaissons bien. D’ailleurs Jésus lui-même la commente longuement. Le semeur ne jette pas la semence uniquement là où il espère en tirer un gain. Il sème largement et généreusement dans toute sorte de terre.

Deuxième exemple la parabole des ouvriers de la dernière heure (Mt 20, 1-16).  Ceux qui sont venu travaillé dans l’après-midi,  ont reçus autant que ceux qui ont travaillé toute la journée. Quel scandale !

Et finalement, rappelons-nous le geste de Marie de Béthanie qui, dans la maison de Simon verse un parfum précieux sur la tête de Jésus (Mc 14, 39). Ce geste gratuit et total, Judas Iscariote ne le comprend pas et pleure l’argent qu’il aurait pu voler.

C’est vrai, en regardant ce geste avec des critères purement humains, c’était un peu fou d’agir ainsi. D’un point de vue utilitaire, cela représentait du gaspillage!

Et cependant, nous devenons véritablement chrétiens, des chrétiens adultes, lorsque nous apprenons à aimer comme Jésus. En d’autres termes, la réciprocité peut faire de nous de bons citoyens, mais elle ne fait certainement pas de nous de bons chrétiens.

Jésus nous invite à rompre avec cette logique pour ne pas imiter Judas Iscariote, le bon citoyen qui fait les calculs pour éviter le gaspillage, mais qui reste fondamentalement un voleur et un traître. En effet, bien souvent, ceux qui se font les défenseurs de l’égalité et de la réciprocité, cachent quelque chose et font tout pour que leur désordre n’apparaisse.

 

Et encore une petite chose.

« Je vous donne un commandement nouveau: c’est de vous aimer les uns les autres, comme je vous ai aimés ».

On peut se demande : tout cela n’est-il pas un peu trop beau? Nous savons par expérience que cela ne va pas de soi d’aimer notre entourage: il y a des gens avec qui « cela va tout seul » – comme on dit; il y en a d’autres avec qui c’est bien difficile, sans parler de ceux pour lesquels nous éprouvons une véritable allergie ! Ou pire encore, ceux qui ont agi envers nous d’une manière impardonnable.

Jésus n’ignore certainement pas tout cela quand il nous donne ce commandement, mais il ne confond pas amour et sensibilité. Rappelons-nous le contexte dans lequel ce commandement nouveau nous est donné. Cela se passe pendant son dernier repas avec ses disciples. Jésus commence par leur laver les pieds. Il lave les pieds de tous : de celui qui va rester debout au pied de sa croix (Jean), mais aussi de celui qui va le renier (Pierre), et de celui qui va le trahir (Judas).

Voyez-vous! Jésus aime. Tout court! Et la clé de cet amour est dans l’humble service accompli envers tous. Autrement dit, le plus important, ce n’est pas la qualité de nos discours ou de nos connaissances, pas non plus la beauté de nos cérémonies. Ce qui compte, c’est la qualité de notre service.

Père Stanislas

Autres homélies du Père Stanislas

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Sainte Marie

Deux paroles illuminent, pour nous les chrétiens, le seuil de chaque année: Marie, Mère de Dieu et la Paix.

Pourquoi Marie? Parce que par son « oui » à la volonté de Dieu, elle nous montre le chemin de confiance et de disponibilité face à la nouvelle année qui commence. En effet, nous ne savons pas ce que cette nouvelle année nous apportera, mais Marie nous invite à regarder tout dans la confiance, car nous sommes dans les mains de Dieu.

Pourquoi la Paix ? Parce que Celui qui nous est donné comme cadeau à Noël : « Emmanuel », Dieu avec nous, est le Prince de la Paix. Depuis 55 ans l’Eglise prie en ce jour pour la Paix. C’est le Pape Paul VI qui instituât la Journée Mondiale de la Paix. Dans son Message pour l’année 2022, le Pape François parle des trois outils pour construire une paix durable: le dialogue entre générations, éducation et travail.

« Je voudrais proposer trois voies pour construire une paix durable – écrit le Pape. Tout d’abord, le dialogue entre les générations comme base pour la réalisation de projets communs. Deuxièmement, l’éducation en tant que facteur de liberté, de responsabilité et de développement. Enfin, le travail pour une pleine réalisation de la dignité humaine. Ces trois éléments sont essentiels pour l’élaboration d’un pacte social, sans lequel tout projet de paix est inconsistant ». Continuer la lecture de Sainte Marie

3ème Dimanche de Pâques 2021 – B : « À vous d’en être les témoins »

« La Paix soit avec vous ! »

Lectures du jour : 

Je retiens quelques points de ce passage :

  • Jésus commence par saluer ses amis « La paix soit avec vous ! ». Il affirme ainsi et il nous redit ce matin à chacun, que toute référence à Dieu ne peut se vivre que dans une perspective de paix, et jamais dans l’utilisation de la violence lorsque nous nous réclamons de Dieu.
  • Les disciples sont déconcertés devant la manifestation de Jésus ressuscité. Alors Jésus montre ses mains et ses pieds qui portent la marque des clous ; c’est bien lui, Jésus, qui a été crucifié. D’ailleurs, curieusement, après la résurrection, Jésus n’est jamais reconnu à son apparence. Ni Marie-Madeleine, ni les pèlerins d’Emmaüs ne l’avaient tout d’abord reconnu. C’est le nom de Marie, c’est le pain partagé, dans ce passage ce sont les plaies de ses mains et ses pieds et qui permettent aux disciples de reconnaitre que Jésus est bien vivant. Oui, c’est à des signes que nous pouvons reconnaitre la présence du Seigneur. Chacun, nous aussi nous avons toujours à chercher dans notre vie les signes de Sa présence.
  • « Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension de l’Ecriture ». Cette parole implique me semble-il, deux choses :
  • D’abord que comprendre l’écriture est un don que Dieu nous fait. Nous avons besoin que l’Esprit de Jésus, l’Esprit Saint nous ouvre à l’intelligence de l’Ecriture. Je me souviens d’une catéchumène qui disait : « je ne savais pas lire la Bible, et maintenant, j’ai découvert que Dieu me parle à travers l’Ecriture ».
  • L’autre chose c’est la place de cette Parole dans notre vie. C’est elle, la Parole, qui nous permet de découvrir peu à peu qui nous sommes, d’entrevoir à travers les évènements du monde, au-delà des apparences, malgré les drames et les souffrances, le grand projet d’amour de Dieu pour l’humanité. Cette Parole elle prend toute sa place au cœur de la Messe comme maintenant, ou dans le silence d’une prière personnelle, ou lorsque nous partageons la parole à quelques uns, ou lorsque nous écoutons un enseignement ou lisons un commentaire…

Oui, demandons au Seigneur de nous aider à comprendre le sens de ta Parole. Nous croyons que Sa Parole est une parole de vie pour nous comme pour l’humanité et que c’est elle, au souffle de l’Esprit Saint, nous donne de grandir dans notre existence et de construire un monde selon le cœur de Dieu.

La Parole ne fournit pas de recette, elle ne répond pas directement à nos questions. Elle les déplace, apportant un regard nouveau sur ce que nous sommes en train de vivre ; c’est une lumière sur notre route, qui l’éclaire. C’est à chacune, à chacun de nous de prendre le chemin, son propre chemin, qu’il jugera le meilleur ou le moins mauvais, pour être fidèle à cette parole.

  • Cette parole est fondamentale dans notre vie, mais elle n’éclairera notre vie, elle ne transformera notre vie, que si nous lui faisons confiance, que si nous faisons confiance à Celui qui en est la source, le Christ-Jésus, Parole Vivante de Dieu. Par Lui Jésus la Parole Vivante, il nous rendra capables alors d’une vraie relation d’enfant de Dieu et de frère et sœurs entre nous.
  • Enfin l’évangile nous livre un dernier message. Le Ressuscité demande à ses amis d’être les témoins de ce qu’ils ont vécu : « C’est vous qui en êtes témoins ». La phrase n’est pas au futur mais au présent. Ce n’est pas un souhait, mais un constat. Nous ne choisissons pas d’être témoins, nous sommes témoins, que nous le voulions ou non, à travers nos façons de vivre, de regarder le monde, de parler de Dieu ! Ce que nous sommes, témoigne en positif ou en négatif, du message de Jésus-Christ. Sans nous culpabiliser, il n’est pas inutile de nous interroger personnellement, et en tant que communauté chrétienne, sur notre manière de témoigner, et sur la valeur de notre témoignage.

Cette phrase, Jésus l’adresse aujourd’hui, à chacune et chacun d’entre nous, et à notre communauté. Alors rendons grâces à Dieu pour sa Présence et pour cette Parole Vivante qui est comme une lumière sur notre chemin de vie et de sainteté !

Père Francis Corbière

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