“Dans toutes vos œuvres de charité n’oubliez pas que vous les faites avec le Seigneur et pour le Seigneur”
Lectures : Seizième dimanche temps ordinaire
Bien aimés de Dieu, la liturgie de la parole de ce jour nous interpelle sur une attitude très importante: l’accueil. Au temps d’Abraham l’on devait l’hospitalité à tous les voyageurs et aux étrangers de passage parce qu’ils étaient loin de chez eux et parce qu’ils ne représentaient pas de danger particulier. Aussi parce qu’avec les étrangers l’on pouvait s’informer de ce qui se passait ailleurs. Ils étaient malgré eux des messagers, des porteurs de bonnes ou mauvaises nouvelles. Même si le récit de l’hospitalité réservée par Abraham aux trois visiteurs qui se présentent à lui extrapole les marques d’attention envers ces inconnus, il est fidèle aux us et coutumes de l’époque. Son empressement à accueillir ces étrangers de passage et les soins dont il les entoure s’explique par le caractère particulier de cette rencontre. Les visiteurs ne sont pas de simples voyageurs de passage. Il s’agit du Seigneur Lui-même qui visite Abraham. Le Seigneur apparut donc à Abraham; et il n’est pas seul. Ils sont trois hommes qui se tiennent debout près de lui. C’est dire que le Seigneur ne voyage pas seul. Les deux autres personnages pourraient si nécessaire témoigner de la véracité de la nouvelle dont il est le messager. Et la Nouvelle que le Seigneur et ses messagers annoncent concerne Abraham et Sara : « au temps fixé pour la naissance, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. »
Bien aimés de Dieu, l’auto-suffisance de nos sociétés et la rapidité avec laquelle les informations circulent aujourd’hui changent notre regard sur ceux qui viennent d’ailleurs, considérés non plus comme des porteurs de nouvelles mais, le plus souvent, comme des intrus : des fardeaux pour l’économie et des menaces pour la paix sociale. Cela ne veut pas dire, pour autant, que nos sociétés soient moins accueillantes aujourd’hui que par le passé. Le monde change. On parle désormais de globalisation, de mondialisation et l’Eglise parle de la grande famille humaine rassemblant les peuples et nations de la terre. Même les différences culturelles ou religieuses ne sont plus aussi étrangères les unes aux autres. Il y a une meilleure connaissance du génie propre à chaque culture. Et dans ce nouveau contexte, l’accueil obéit à d’autres règles inspirées par le devoir de tendre la main aux frères dans le besoin. Aujourd’hui, les associations d’aide aux migrants, en bousculant parfois la prudence des Etats, essayent de faire avancer les droits des enfants, des femmes, des hommes qui, pour survivre, sont poussés à l’exil. Ces millions de déplacés ne sont plus porteurs de bonnes nouvelles mais le plus souvent des victimes de la violence et des inégalités nationales et internationales. Aujourd’hui, peut-être plus que jamais, il ne s’agit plus d’accueillir l’étranger mais le frère que la situation matérielle, sociale, idéologique ou religieuse a obligé à s’approcher de nous. L’étranger s’est fait notre prochain : celui que l’Évangile nous apprend à accueillir et à aimer comme un frère. Le prochain n’est pas uniquement celui de qui je m’approche. Notre prochain est aussi celui qui a besoin d’être accueilli. Celui qui vient jusqu’à nous pour devenir ainsi notre prochain.
Nous avons, donc, à inventer et à pratiquer une hospitalité relevant les défis tel que le rapprochement des cultures, des peuples et nations. L’expérience de l’Eglise qui depuis deux mille ans porte aux peuples et nations l’Évangile du salut éclaire la recherche des hommes de bonne volonté qui travaillent à l’avènement d’une humanité toujours plus fraternelle.
En plus du devoir qui incombe à chacun de porter le souci du prochain, il y a la dimension spirituelle que nous rappelle en ce jour l’Évangile. La remarque de Marthe qui se plaint d’être seule à faire le service attire notre attention sur l’autre dimension de l’accueil qui, s’il se réduit aux simples règles sociales appliquées dans ce domaine, laisse dans l’insatisfaction les personnes concernées. Et c’est ce que Marthe ressent. Les multiples occupations du service ne comblent pas ses attentes. Il lui manque ce que Marie, sa sœur, trouve à l’écoute de Jésus. C’est de ce manque qu’elle se plaint en s’adressant à Jésus : « Cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? » Marthe a tout fait pour bien recevoir Jésus sans prendre le temps d’accueillir celui qui les visite. Lui qui non seulement porte une Bonne Nouvelle pour ses hôtes mais qui est cette Bonne Nouvelle.
Marthe accueille donc le visiteur sans prendre le temps d’écouter le message dont il est porteur. En se comportant ainsi, Marthe, au dire même de Jésus, se prive de la meilleure part. Dans tout ce que nous faisons, dans les plus belles œuvres de charité, n’oublions jamais, nous dit l’Évangile de ce jour, de le faire avec le Seigneur et pour le Seigneur. Il est la Bonne Nouvelle qui comble nos attentes. Il est notre vie et notre salut. Il vient jusqu’à nous et s’invite chez nous.
Homélies :
Rodrigue Chabi
Homélie
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