Homélie de Noël

“En naissant pauvre parmi les pauvres, Jésus se présente à nous en montrant que ni les titres, ni les honneurs, ni les offices, ni les distinctions, ni les relations ne sont importants aux yeux du Père, mais le témoignage d’un amour vrai envers son prochain.”

« Généalogie de Jésus, Christ, fils de David » (Mt 1, 18-25)

Lectures de ce dimanche

HOMÉLIE DE NOËL

Frères et Sœurs, aujourd’hui nous célébrons la fête de Noël. Comme chaque année, nous nous retrouvons en famille ou entre bande de copains pour s’échanger les nouvelles et les vœux de nouvel An. Ce sens de retrouvaille familial ou amical semble nous faire perdre le vrai sens de Noël. Mais pour nous chrétiens, Noël, c’est bien plus que cela. Car elle n’est pas seulement cette fête qui entre dans nos traditions ou nos mœurs. Noël est avant tout, pour nous chrétiens, la célébration « de la naissance d’un Dieu devenu homme ». Ce Dieu, en la personne de « Jésus-Christ » est le messie, le sauveur du monde. Par son Incarnation, Jésus a pris chair de la Vierge Marie comme le dit notre Crédo. Il devient donc un de nous. De lui, nous pouvons apprendre à devenir des hommes et des femmes capables de contempler le vrai visage de Dieu Père. Car Il n’est pas seulement entré dans le monde pour changer le court des temps mais de témoigner de la proximité de Dieu auprès des hommes. Cette proximité est bien celle qui procure la paix, la joie, l’amour comme le dit la 1ère lecture. Ici, le prophète Isaïe rappelle l’espérance des hommes meurtris par l’oppression de la violence. C’est au cœur de cette violence que la Bonne Nouvelle du salut leur est annoncé. Dieu décide de venir dans notre monde. Cette attente messianique réalisée en la personne de Jésus Christ est l’accomplissement parfait de la Parole de Dieu Père. Désormais, Dieu fait partir de son peuple. C’est Lui Dieu, en la personne de Jésus qui a décidé de naître parmi nous. En s’incarnant dans le sein de la Vierge Marie et en la prenant pour Mère, Dieu établit une relation avec le genre humain. Par Marie, Jésus devient homme parmi les hommes et Dieu, Fils parmi les personnes de la Trinité, puisque c’est Lui Jésus qui révèle le vrai visage du Père éternel. Aussi par Jésus, Marie devient Mère de Dieu et Mère de l’Homme. À ce sujet, saint Athanase disait « Il s’est fait homme pour que nous devenons Dieu, Il s’est rendu visible en son corps pour que nous nous fassions une idée du Père invisible; Il a supporté les outrages des hommes afin que nous ayons part à l’immortalité » (De inc. Verbi 54). Ici, Athanase fait découler la nécessité de l’incarnation et de la mort du Christ de la volonté rédemptrice de Dieu. Nous n’aurions pas été sauvés, si Dieu lui-même ne s’était pas fait homme, et si le Christ n’avait pas été Dieu. Donc le Verbe de Dieu, c’est-à-dire Jésus Christ, en prenant la nature humaine, a déifié l’humanité; Il a vaincu la mort non seulement pour Lui-même, mais pour nous tous.

En fait, le Verbe de Dieu donne à l’humanité d’agir divinement mais le même Verbe de Dieu s’approprie tous les évènements de l’humanité, ainsi que sa génération selon la chair. Il est donc le sujet de deux générations, l’une éternelle de Dieu le Père et l’autre charnelle de la Vierge Marie. Il devient ainsi plus compatissant envers le genre humain. Les évènements que nous vivions actuellement : la Pandémie et la crise migratoire, l’accentuation de la pauvreté … ne sont pas extérieurs à Lui. Ces évènements, nous pouvons le dire, existaient bien avant Lui et même de son temps. Mais Il prend le risque de nous redire encore une fois : « en quoi consiste la vraie religion ? » Cette question nous rappelle l’invitation du prophète Moïse dans la livre du Deutéronome 14, 28-29 « Au bout de trois ans, tu sortiras toute la dîme de tes produits pendant la troisième année, et tu la déposeras dans tes portes. Alors viendront le Lévite, qui n’a ni part ni héritage avec toi, l’étranger, l’orphelin et la veuve, qui seront dans tes portes, et ils mangeront et se rassasieront, afin que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans les travaux que tu entreprendras de tes mains ». Cette recommandation du Seigneur est assortie d’une promesse de bénédiction. C’est ici qu’il faudrait remercier tous ces bénévoles, qui sans cesse arpentent nos rues pour apporter le sourire à ces personnes laissées pour compte. C’est cela la magie de Noël, la Bonne Nouvelle du salut annoncée à tous. Cette invitation de Jésus à travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, un monde solidaire, un monde d’amour. Ce qui est important, c’est le changement de cœurs, le changement de regards sur ce monde, sur cette paroisse, avec un regard de Dieu qui est beaucoup plus doux et humble, plus compatissant et plus aimant. Si la fête de Noël nous fait comprendre cela, alors le changement tant attendu adviendra.

Prions chers Frères et Sœurs en pensant à ce Jésus venu dans la condition la plus démunie. En naissant pauvre parmi les pauvres, Il voulait se présenter à nous en montrant que ni les titres, ni les honneurs, ni les offices, ni les distinctions, ni les relations ne sont importants aux yeux du Père, mais le témoignage d’un amour vrai envers son prochain.

Alors « Viens Seigneur Jésus, Viens nous apprendre la vraie mesure de toutes choses, Viens nous sauver »

 

Pierre DIBI

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