« Une foi qui ne nous bouleverse pas, est une foi qui a besoin d’être bouleversée ! Dieu qui nous a fait sans nous, ne peut pas nous sauver sans nous. Il respecte notre liberté. Il réclame notre concours, notre coopération. »
Nativité du Seigneur Noël – Jn 1, 1-18
En cette fête de Noël nous sommes habituellement remplis de joie, et à juste titre! Comme l’affirme Saint Léon le Grand: « La tristesse n’est pas de mise en ce jour où naît la vie ».
On peut dire qu’avec la fête de Noël, Jésus vient nous révéler le style de Dieu. Et le style de notre Dieu, Dieu des chrétiens, ne consiste pas à venir nous aider en résolvant nos problèmes par la magie, en l’occurrence la magie de Noël. Il fait un choix complètement différent. Il commence par se faire un enfant, c’est-à-dire faible et vulnérable. Dans les célébrations de Noël, nous sommes donc tout d’abord invités à reconnaître Dieu présent dans toutes les situations où nous pensons qu’il est absent.
Permettez-moi de réfléchir avec vous et pour vous sur deux grandes leçons qui viennent de cette fête. La première: Noël – est la fête de la Foi. La seconde – Noël nous rappelle que Dieu ne cesse d’être avec nous.
Première leçon: Noël est une fête de la Foi! Le passage de l’Évangile que nous venons de lire, appelé « Le Prologue », ouvre l’Évangile selon Saint Jean. C’est un passage stupéfiant. Saint Augustin qui était un grand commentateur de l’Evangile de Jean, a dit que ce texte va au-delà des capacités humaines. C’est précisément en raison du contenu de ce « Prologue » que l’Evangéliste Jean est représenté par un aigle. En effet, Jean y apparait comme celui qui prend de la hauteur. C’est un spirituel! En tout cas, la lecture de ce « Prologue » devient poésie, adoration, contemplation, en nous invitant justement à la confession de la foi dans le Fils de Dieu qui s’est fait homme pour rendre à l’homme sa dignité filiale.
Cependant, ce même « Prologue » nous rappelle qu’une foi qui ne nous remet pas en question, est une foi sur laquelle nous devons nous questionner!
Une foi qui ne nous bouleverse pas, est une foi qui a besoin d’être bouleversée!
En bref, une foi doit nous faire grandir! Sinon, elle n’est sert à rien!
Mais une telle Foi advient seulement quand on permet à Dieu de naître et de renaître dans la crèche de mon cœur.
Cette expression appartient à un grand mystique et poète allemand – Angélus Silésius (1624-1677) converti du luthéranisme au catholicisme au XVII siècle. Dans son célèbre livre intitulé « Le Pèlerin chérubique » Silésius écrivait: « Ah, si ton cœur pouvait devenir une crèche ! Alors de nouveau, ici-bas, Dieu serait un enfant ». Oui, si seulement mon cœur pouvais devenir une crèche! De nouveau, Dieu serait un enfant! Cela veut dire que le vrai Noël arrive quand nos cœurs deviennent une crèche pour recevoir Dieu.
Il y a quelques années, le père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale – a prononcé à ce propos les mots quelque peu provocateurs. « Si à Noël, Jésus ne naît pas dans nos cœurs – disait-il, alors nous risquons un avortement spirituel ».
Passons maintenant à la deuxième leçon: Noël nous rappelle que Dieu ne cesse d’être avec nous.
Notre existence est un voyage, et dans ce voyage nous pouvons toujours compter sur l’amour passionné de Dieu pour nous. En effet, notre Dieu n’est pas un Dieu absent, séquestré dans un ciel très lointain! Il est un « Dieu-avec »! Plus précisément « avec nous »! Regardez! Celui qui vient à Noël s’appelle « Jésus », et du même coup, il s’appelle « Emmanuel ». Jésus, signifie « Dieu sauve »; Emmanuel, en revanche, signifie « Dieu avec nous ». Si nous mettons ces deux noms ensemble, cela nous donnera: « Dieu sauve avec nous »! C’est très beau, car Dieu qui nous a fait sans nous, ne peut pas nous sauver sans nous. Il respecte notre liberté. Il réclame notre concours, notre coopération.
Je termine par une petite, mais très profonde observation de Lev Tolstoï (1828-1910), monument de la littérature russe. Une observation qui peut nous aider à mieux vivre Noël. Il s’agit d’une observation sur la femme enceinte. « Le regard de la femme enceinte – remarque Tolstoï, est d’une étrange douceur; il est tourné vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur, car la réalité plus belle du monde est au-dedans d’elle ».
Oui, c’est ainsi sans doute que Marie, Joseph, les bergers de Bethleem ou les Rois Mages ont regardé et adoré l’Enfant Jésus. Essayons de les imiter en nous ménageant des moments de véritable recueillement pour accueillir Jésus dans nos cœurs. Sinon, nous risquons encore cette année un avortement spirituel !
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Vœux de Noël
Chers frères et sœurs, chers amis, chers visiteurs – au nom de notre équipe sacerdotale, je voudrais vous souhaiter Joyeux Noël en attirant votre attention sur deux petites choses.
Premièrement, remarquez que l’événement dont nous faisons mémoire en ce jour, la naissance de l’Enfant-Dieu, s’est déroulé dans la nuit. Depuis, pour les chrétiens, aucune nuit n’est pas vide. Elle a un sens. Nous devons l’apprivoiser car Dieu se révèle dans l’obscurité.
Deuxièmement, lors de la naissance de Jésus, Marie et Joseph sont en voyage. Autrement dit, l’Enfant-Jésus ne nait pas dans la maison de ses parents, mais en chemin. Depuis, être chrétien c’est être en chemin; en déplacement intérieur. Accepter de naître et de renaître. De grandir et d’avancer.
Voyez-vous ! Noël nous rappelle que Dieu se met à notre taille pour être à notre portée, car il est un Dieu avec nous: Emmanuel. Accueillons cette bonne nouvelle. Joyeux Noël à chacune et chacun de vous!
Père Stanislas Stawicki
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