5IEME DIMANCHE DE CAREME 2021 : Porter du fruit

« C’est quand il meurt qu’il porte beaucoup de fruits »

Lecture du jour :

Bien-aimés de Dieu, nous commençons avec cette eucharistie la 5è semaine qui nous conduit au dimanche des Rameaux. Voici donc cinq semaines que nous avons entrepris de vivre avec le Christ ce temps de désert afin de mieux le connaitre pour mieux l’aimer. Ce cinquième dimanche, nous révèle deux attitudes fondamentales de Jésus qui nous donne à voir de plus près sa nature humaine et sa divinité. 

En effet, l’évangile que nous venons d’écouter nous montre Jésus en profonde intimité, en profonde confiance en son Père en qui il est glorifié. Le dialogue est profond et nous voyons à quel point Jésus entretient une relation privilégiée avec son Père, une relation qui répond à sa filiation et à sa fidélité. Il se fait obéissant, c’est-à-dire, il se met à l’écoute de son père, celui qui l’a envoyé dans ce monde accomplir et manifester son dessein d’amour pour tout homme.

Son attitude de disponibilité et d’accueil interroge et interpelle. C’est ce grand désir de Dieu dans la vie de tout homme que les grecs reflètent lorsqu’ils vont eux aussi à Jérusalem pour adorer Dieu. Oui, chers frères et sœurs, quel que soit notre niveau intellectuel, quel que soit notre degré de connaissance ou notre rang social, nous sommes toujours invités à rechercher et adorer Dieu. Dans l’évangile de ce jour, St Jean nous présente les grecs comme l’icône de l’humanité en recherche de son maitre et créateur. Et cela s’exprime bien clairement par leur propos qu’ils adressent à Philippe « Nous voudrions voir Jésus ». Alors chers frères et sœurs, nous aussi qui sommes là aujourd’hui quelle est notre soif de Dieu ? Sommes-nous réellement habités par ce désir profond de voir Jésus ? Notre vie aspire-t-elle vers l’adoration de Dieu ou c’est plutôt nous-mêmes notre propre adoration que nous recherchons ? Dans l’évangile, c’est à Philipe que les grecs dans leur quête de Dieu s’adressent. Aujourd’hui, bien aimés de Dieu, Philippe c’est toi, c’est ton voisin, c’est chacun de nous dans sa relation au Christ et aux autres. C’est au nom de sa relation personnelle avec Jésus et le prochain que Philippe se tourne d’abord vers André et tous deux vont voir Jésus pour satisfaire la demande des grecs. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que c’est ma vie chrétienne (celle que je tisse avec le Christ et tous ceux qui croient en Lui), c’est cela qui conduit au Seigneur ceux qui ont faim et soif de Dieu. Tant d’hommes et de femmes ont besoin de Dieu dans leur vie, ils sont à la recherche d’un sens pour leur existence ; d’autres ont souvent même besoin de Dieu dans telle ou telle situation de leur vie. C’est de notre devoir de baptisés et de chrétiens de les conduire à Jésus qui inscrit Lui-même au cœur de tout homme la parole qui sauve et relève. 

La deuxième attitude du Christ qui nous introduit dans son intimité, c’est son bouleversement intérieur. Saint Jean nous présente avec force et délicatesse Jésus aux prises avec sa condition d’homme donc vulnérable, capable de se troubler : Le Christ lui-même le reconnait, il presse que la fin s’approche et pire qu’elle risque d’être atroce. Il dit « maintenant mon âme est bouleversée ». Cependant Jésus fait confiance car c’est pour cette heure qu’il est venu au monde et c’est par cette heure qu’il va manifester tout l’amour incommensurable de Dieu le père. Tout ce que nous avons vécu durant ces cinq semaines à la suite du Christ, nous mène tout doucement à ce moment très important, à cette « heure » décisive et salutaire pour nous. C’est l’heure de la Rédemption, l’heure de la glorification du Christ ; l’heure de la manifestation suprême de son intimité avec son père et du don total de lui-même pour la vie du monde. Ce moment achève et accomplit tout ce que la Loi et les prophètes ont dit. Le chemin que prend Jésus à travers ce sacrifice suprême de sa personne ouvre les portes de la vie à tous ceux qui croient en lui. Par sa glorification sur la croix, Jésus est la réalisation de l’Alliance nouvelle. Par lui tous les hommes, juifs ou païens, esclaves ou hommes libres pour peu qu’ils croient peuvent désormais accéder au salut. « Jésus est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel ». Cependant, quand on a dit tout cela, chers frères et sœurs, ce n’est pas fini : si pour nous sauver Jésus à tout accompli, pour être sauvé nous avons besoin de conversion. Car le salut que le Christ nous apporte requiert de chaque croyant un renoncement. Celui d’accepter de mourir à lui-même pour avoir part à la vie à la manière de la graine qui pour porter du fruit doit accepter d’être enfouie en terre : « si le grain de blé ne tombe pas en terre pour y mourir, il reste seul. C’est quand il meurt qu’il porte beaucoup de fruits. En fait, quand on croit au Christ, le renoncement à soi devient pour nous le secret de la fécondité spirituelle. En effet, c’est en acceptant de perdre sa vie que l’on gagne, c’est en mourant à soi que l’on vit pour Dieu et pour les autres. Le grain de blé meurt pour ne pas rester seul, mais pour devenir épi. La mort est ce passage, pour Jésus et pour nous. « Celui qui aime la vie la perd » (Jn 12, 25) ; Jésus nous donne l’exemple de courage en allant jusqu’au bout du don de soi. Sans peur il engage le combat contre l’injustice sous toutes ses formes ; il prend le parti des pauvres et des rejetés de la société contre les puissants de son temps. En somme partout où la dignité de l’homme est niée, opprimée il est là pour aider l’homme à se retrouver, à se remettre débout. Son attitude nous démontre que nous ne devons pas avoir peur de prendre les croix qui jalonnent nos vies car, c’est en les assumant que nous accédons à la liberté véritable et à la vie.

Bien-aimés tout au long de cette semaine qui nous mène à la semaine sainte, prenons l’engagement de prier pour notre monde et évitons par nos gestes et nos attitudes des comportements qui ne conduisent pas au Christ. Enfin, demandons au Seigneur la grâce d’une véritable conversion du cœur, pour que triomphe, dans nos vies, le désir de suivre son Fils Jésus en son humilité, pour les siècles des siècles. Amen

P. Rodrigue

Autres homélies du Père Rodrigue Chabi 

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Évangile du jour :

Évangile  de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 12, 20 – 33)

En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus.

Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »

En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.