XXième congrès Miséricorde Divine : homélie Mgr Jachiet

XXième congrès de la Miséricorde Divine

Lectures : 27 dimanche temps ordinaire : Gn2,18-24/He2,9-11/Mc10,2-16

« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mc 10,  2-12)

Frères et sœurs, alors que pendant 24 heures on médite sur la Miséricorde Divine, on prie le Seigneur, on invoque Sainte Faustine. Et bien, demandons-nous comment les écritures nous parlent de la Miséricorde. Et plus spécifiquement posons-nous cette question : « dans la vie de Jésus, dans la vie de Jésus, dans son ministère, quelles ont été les personnes qui ont, en premier, bénéficié de son ministère, qui ont fait l’objet de toute sa sollicitude, de toute son attention ? » Il faut aller voir l’évangile. C’est intéressant de lire un évangile à la suite. Alors les catégories de personnes vraiment qui ont eu droit, je dirais, à être les « chouchous » du seigneur Jésus. Ce sont les paralytiques, les épileptiques, les lépreux, les fiévreux, l’hémorroïsse, des infirmes, des mourants des aveugles, des atrophiés, des boiteux, des estropiés, … Voyez les malades, les personnes avec un handicap tous ceux qui souffrent dans leur chair, et bien, le Seigneur s’est dirigé vers eux en tout premier. Mais on peut ajouter aussi un grand nombre de possédés, un grand nombre de pêcheurs publics Aussi des personnes en situation d’adultère, de prostitution et des situations aussi de détresse : être veuf, avoir perdu son enfant. Au fond, qu’est-ce que le Seigneur recherche ?

Et bien tous ceux qui, dans leur corps, dans leur âme, dans leurs esprits sont blessés, sont atteints, traversent la souffrance. Voilà c’est vers eux que Jésus est allé. Alors on peut comprendre ce que Jésus a dit à ses disciples. « Le médecin n’est pas celui qui vient vers les bien-portants mais vers les malades ». Jésus est parti à la rencontre de l’homme souffrant, de l’homme malade que ce soit dans son corps, dans son âme ou dans son esprit. Jésus est venu plonger dans la souffrance de l’homme qu’elle soit une souffrance physique, morale ou spirituelle. Alors demandons-nous, toujours en s’éclairant de la parole de Dieu « Mais alors qu’est-ce que Jésus est venu faire de cette souffrance ? Puisqu’il était comme aimanté par la souffrance des hommes. Qu’est-ce qu’il est venu faire ?

Première chose qu’on voudrait dire, non ! On voudrait bien se débarrasser de la souffrance tout de même.  Qui est une situation si difficile, si lourde. Parfois on dit « Mais Seigneur, tu es venu nous en débarrasser de cette souffrance ? Tu es venu la supprimer ? Amen, la souffrance humaine existe toujours même après la venue du Seigneur, même après les centaines et les milliers de miracles qu’il a accompli, des guérisons. L’homme continue à souffrir et Jésus nous l’a annoncé, nous a dit :  viendront des jours effectivement des jours de souffrance. Quant à la détresse humaine de toutes sortes, il a dit à ses disciples « des pauvres vous en aurez toujours avec vous ». Donc il n’est pas venu supprimer tout ça. Alors au moins « Seigneur Jésus toi qui est le fils de Dieu, toi qui sais, toi qui sondes les desseins du père, eh bien, puisque tu ne supprimes pas la souffrance, Seigneur, viens au moins nous l’expliquer ! C’est tout de même un scandale que de penser qu’il y a des innocents qui souffrent, viens au moins nous dire pourquoi ? Dieu qui est bon, qui a créé l’homme dans un dessein de bonté, de bienveillance, permet tant de scandales. Et voilà que Jésus dans tout son enseignement, dans ses explications ne nous a pas laissé d’explication à la souffrance. Jésus n’est pas venu nous donner une explication rationnelle et lorsque les disciples l’interrogent par exemple devant l’aveugle né, ils viennent vers Jésus. « mais dis-nous, s’il est aveugle né, c’est forcément il y a des gens qui ont pêché puisque la souffrance c’est forcément une conséquence du péché. Alors dis-nous parce que c’est lui qui a péché ou que ce sont ses parents ? Mais Jésus leur dit « mais vous n’avez rien compris. Ni lui ni ses parents vous vous trompez et ceux qui ont reçu la tour de Siloé sur la tête n’étaient pas des plus grands pécheurs que les autres. Apprenez à cesser de lier tout le temps les malheurs qui arrivent avec une sorte de punition qui viendrait de Dieu parce qu’avant on aurait mal fait. Voilà donc Jésus est tout de même venu nous libérer de cette tentation de vouloir toujours accuser lorsque l’on souffre. Maintenant est ce que Jésus est venu comme nous donner une manière parfaite de vivre la souffrance, de nous la rendre acceptable tolérable. Qui fasse en quelque chose que bien les choses soient acceptées. Non, lui-même ne l’a pas accepté ! Lui-même devant la souffrance des hommes a été ému jusqu’aux entrailles, jusqu’au plus profond son humanité, lui-même a pleuré devant la mort de son ami Lazare et la souffrance de ses proches. Lui-même nous a invité à rechercher sans cesse la justice et à chercher à faire tout ce que nous pouvons pour atténuer les souffrances des hommes.

Alors Seigneur Jésus dis-nous, si tu ne viens pas supprimer la souffrance, si tu ne viens pas l’expliquer si tu ne viens pas changer cette terrible réalité de nos existences humaines pourquoi es-tu venu à la rencontre de l’homme qui souffre ?

Pourquoi as-tu ainsi reçu toute cette souffrance avec ta compassion avec ton cœur ouvert ? Pourquoi ainsi es-tu allé sans cesse au bord des hommes et au chevet des hommes qui souffrent. Alors demandons-nous pourquoi effectivement pourquoi Jésus lui-même a porté cette souffrance ? Pourquoi lui-même est passé à travers tout cela. Est-ce que ça a changé quelque chose ?

Et là, nous pouvons nous poser quand même la question de ce que c’est cette Miséricorde du Seigneur. Quelle est cette forme d’amour particulière qui se penche sur la misère de l’homme. Car c’est ça la miséricorde, c’est le cœur « cordis » qui se penche sur la misère. Nous avons dans la deuxième lecture dans l’épître aux Hébreux comme un petit résumé de ce que Jésus est venu faire. On nous dit qu’il est passé par l’expérience de la passion et de la mort. Mais on nous dit que s’il a fait cela, c’est au profit de tous.

Alors quel est le profit de tous que Jésus est venu donner, en traversant cette souffrance qui l’a conduit pour être et devenir ainsi de façon achevée la source de notre salut. Eh bien, on peut dire que lui, Jésus, a vécu une souffrance qui n’est pas perdue, une souffrance dont nous sommes bénéficiaires. Car j’ai envie de dire c’est lui le fils de Dieu qui a subi et vécu et assumé la seule souffrance qui est pleinement utile. Qui est parfaitement gratuite qui est totalement pleine d’amour et sans remords parce que cette souffrance-là, elle nous tourne vers son père. Cette souffrance-là elle nous ouvre à une miséricorde qui est pour nous. Qu’est-ce que Jésus vient faire ? Qu’est-ce que Jésus, en ayant donné sa vie sur la croix, en ayant laissé son cœur s’ouvrir, transpercé par ce soldat romain avec sa lance, dont coulaient l’eau et le sang, qui ont été symbolisés dans la vision de sœur Faustine. Et bien qu’est-ce que ce don vient faire dans nos vies où il y a toujours la souffrance physique, qu’il y a toujours la souffrance morale et il y a toujours de la souffrance spirituelle. Au fond, Jésus vient dans nos vies comme il l’a fait dans sa vie publique.

Il vient auprès de nous, Il vient se tenir à nos côtés, Il vient nous toucher vraiment de l’intérieur. Il vient nous soutenir dans nos combats. Il vient nous montrer l’espérance pour pas que nous la perdions. Et tout cela Il le fait bien sûr en esprit mais il le fait aussi à travers chacun des membres de son corps que nous formons. Chacun des siens qu’il envoie exercer sa prévenance, sa miséricorde, sa sollicitude, sa charité. Oui Jésus agit à nos côtés. Il prend soin, il exerce la compassion, le partage, l’écoute, la prière, tout ce dont finalement nous sommes chargés envers nos frères. Mais voyez, tout cela c’est une vraie présence, c’est un vrai don.

Mais on peut se demander « qu’est-ce que ça change ? Qu’est-ce que Dieu fait de ce que nous souffrons, même aidés par nos frères, même aidés par notre foi, même aidés par la présence du Seigneur ? Qu’est-ce que Dieu peut faire de quelque chose qui nous semble si stérile, qui ne conduit à rien et qui nous semble comme en pure perte. Car si la souffrance de Jésus nous acquiert le salut, la nôtre qu’est ce qu’elle peut faire ?

Là encore, il faut écouter les paroles de Jésus. Parce que Jésus annonce la mort de son ami Lazare à ses disciples. Eh bien, ils sont tous tristes de ne pas avoir été là et Jésus dit « la gloire de Dieu va se manifester. »

Qu’est-ce qu’il nous dit par là ? Il dit « je n’ai pas apporté d’explications à la souffrance et la mort mais je vous annonce et je vous montre que Dieu peut manifester sa gloire à travers la souffrance, la détresse des hommes. Dieu peut manifester sa gloire. Pour cela, il faut que l’homme s’ouvre à son Seigneur. Pour que Dieu puisse manifester sa gloire au cœur de la souffrance, il n’y a rien d’automatique. Il n’y a aucune souffrance qui soit bonne en elle-même mais il faut que quelque chose se passe. Il faut que l’Esprit Saint soit donné. Il faut que les cœurs s’ouvrent, il faut que se réalise quelque chose qui dépasse totalement nos capacités, une ouverture à la Grâce de Dieu qui vient d’en haut. La prière qui unit les cœurs, un cœur qui apprend à s’unir à celui de Jésus. Jésus qui a tant aimé les hommes, qui a tant souffert pour nous et qui en a reçu disait Sainte Marguerite-Marie qu’ingratitudes.  Pour cela, et bien il faut que des chrétiens, des cœurs humains s’unissent, portent les uns les autres leurs intentions de prière, portent les uns les autres les souffrances, s’unissent dans ce chemin de peine en sachant que le Seigneur les accompagne. Alors, au cœur de tous ces moments de détresse, il y a une plongée qui s’opère, et là encore qui nous dépasse complètement. Une plongée dans un don de Dieu, ça peut être la capacité de pardonner que nous n’avions pas, ça peut être la capacité de poser un regard de bonté, ça peut être la capacité d’accueillir la miséricorde à laquelle nous étions fermés. A ce moment-là une fissure se fait dans notre cœur et dans cette fissure un peu de la lumière du Seigneur se glisse et vient opérer un miracle. Un miracle parfois tout à fait invisible mais un miracle important. Parce que là, au nom de son Père, Jésus est venu apporter la lumière de sa Miséricorde.

Alors frère et sœurs, retenons la leçon de l’évangile que nous venons de lire. Je n »ai pas commenté dans son entièreté, mais nous devons retenir la fin. Pour entrer dans le royaume, nous devons ressembler à un enfant. De quoi est capable un enfant ? De saisir la main de son père et de s’y accrocher en sachant qu’il ne craint rien et de dire, et de lui dire « j’ai confiance Jésus, j’ai confiance en toi ». Voilà la condition, l’acte de liberté nécessaire pour que le miracle s’opère, pour que nous puissions, les uns les autres, accueillir la miséricorde de Dieu. Et qu’elle opère dans ce grand corps de l’humanité appelé à vivre pour toujours auprès de lui. « Oui, Jésus, j’ai confiance en toi ». De ton cœur transpercé jaillissent toutes les grâces dont j’ai besoin. Tu deviens la source de la Miséricorde, tu deviens la mesure de toute miséricorde. Et là, avec ce don qui jaillit de toi, dans ce grand corps que nous formons ensemble, eh bien tu peux conduire et sauver chacun des enfants blessés du Père. Amen.

Première Lecture (ACI)

Deuxième Lecture (Miséricorde)

Homélie Mgr Denis Jachiet

Prière Universelle (ACI/Miséricorde)

Quelques Photos :

Orgue :Au grand Orgue, Guy Didier

– Entrée:
– Méditation :
– Offertoire:
– Communion:
– Sortie:

Sur wikipedia :

Les autres homélies du Père Rodrigue Chabi

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