Comme beaucoup de paraboles de Jésus, la parabole du pharisien et du publicain est une caricature. Non pas une caricature au sens péjoratif qu’on donne généralement au mot, mais du grand art, parce que la caricature est l’art de celui qui d’un trait de crayon, sait dire la vérité d’un personnage ou d’une situation. Le petit chef d’œuvre de Jésus, aujourd’hui, met en scène deux personnages typiques de la société de son temps : un pharisien et un publicain.
Pour bien saisir la saveur du portrait que Jésus en fait, il faut se rappeler que les pharisiens étaient des gens d’une grande rectitude morale, et non des hypocrites, comme on a tendance à le croire aujourd’hui. Ils étaient même très bien considérés à l’époque. Celui que décrit Jésus est même un super-pharisien par ses jeûnes et sa générosité. Il faut également se rappeler que les publicains étaient réellement de sales types ; non seulement collaborateurs de l’occupant romain, mais également voleurs, oppresseurs des petits, sans pitié pour les pauvres gens qu’ils n’hésitaient pas à faire vendre comme esclaves quand ils ne pouvaient pas payer les impôts qu’on leur réclamait. Ils avaient acheté leur fonction, souvent très cher, et ensuite, parce qu’ils fixaient arbitrairement l’assiette de l’impôt, ils se débrouillaient pour faire rapidement fortune sur le dos des gens. Continuer la lecture de Le publicain était devenu juste, plutôt que le pharisien→
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et il mange avec eux » ! Loin de nous offusquer, nous, qui nous sentons parfois perdus, divisés en nous-mêmes, nous qui avons conscience de nos faiblesses et de celles notre monde, ne devrions-nous pas plutôt nous sentir réconfortés par cette attitude de Jésus, de ce qu’il nous dit de Dieu dans ces paraboles et de ce à quoi cela nous invite ;
Ce que Jésus nous dit de Dieu :Tout d’abord le prix que nous avons à ses yeux : Il est ce Berger qui court à la recherche de l’unique brebis égarée, pour qui chacun est précieux, unique à ses yeux, aimé infiniment, a une telle valeur que cela vaut la peine de tout laisser pour aller le secourir. Il est ce Dieu vulnérable touché par la prière de Moïse : »Ils se sont faits un veau d’or,…le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple » c’est saint Paul confessant l’immense miséricorde de Dieu à son égard : « Moi je suis le premier des pécheurs, mais il m’a été fait miséricorde »; et chez Luc, Dieu qui est touché au cœur ne pouvant se consoler de la perte de ce qui lui touche le plus au monde, qui a peur pour nous quand il voit que le chemin que nous prenons est un chemin de mort, Dieu qui ne se console pas de nous voir perdu et qui ne peut être heureux s’il manque un seul de ses enfants qu’il aime , son cœur de Père est blessé de ce qui nous blesse, nous appelant désespérément, espérant toujours que nous entendrons son appel, nul n’est trop loin pour Dieu… Il est là sur le chemin tous les jours, Dieune se lassant pas de nous chercher : le berger cherche sa brebis « jusqu’à »…, la femme cherche sa pièce : « jusqu’à »… espérant un retour, un retournement de son enfant : retour sur un chemin de vérité que nous avions quitté ..Un Dieu fou de générosité d’amour : n’est-ce pas fou d’abandonner tout le troupeau à la recherche d’une brebis égarée, ? N’est-ce pas fou après s’être laissé dépossédé, comme n’existant plus, d’ouvrir ses bras à l’ingrat pour le rétablir dans sa dignité. Comment ne pas être saisis par cette attention de Dieu pour chacun de nous et chercher à l’aimer à notre tour ? Un Dieu dieu optimiste qui croit toujours en nous (les trois paraboles se terminent bien). Dieu part à ma recherche, Il m’invite sans cesse à ouvrir mon cœur à la lumière de sa vérité. Il me dit que je serai toujours pour Lui un enfant bien aimé et que je trouverai toujours auprès de Lui ce qui m’est nécessaire pour repartir et continuer ma route. Ce qui devrait remplir mon cœur de paix et de joie.Un Dieu qui se réjouit quand nous retournons vers Lui et retrouvons le chemin de notre vraie bonheur en nous invitant à le partager. C’est la joie du berger : « Tout joyeux, il prend sa brebis sur ses épaules »pour la ramener à la maison ; c’est la joie de la ménagère : « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce que j’avais perdue » ! Le père au fils aîné : « Il fallait se réjouir, ton frère qui était mort est revenu à la vie ; il était perdu, il est retrouvé ». Nous faisons cette expérience de joie quand se réalise une réconciliation ou retrouvons quelqu’un dont nous avons été longtemps séparés.. A plus forte raison Dieu se réjouit-il, non pas seulement ni d’abord pour Lui, mais pour nous, parce que, retrouvés par Dieu, nous nous retrouvons nous-mêmes dans la vérité et la profondeur de notre vie , dans le meilleur de nous-mêmes.
Ce à quoi nous invitent tous ces textes aujourd’hui : à reconnaître ce que nous sommes : des pécheurs. Mais nous reconnaître simplement comme des pécheurs devant Dieu serait passé finalement à côté de ce que nous sommes, de ce à quoi nous sommes appelés. Bien sûr, il est important de reconnaître notre faiblesse, notre incapacité à nous accorder à Dieu, notre péché. Qu’en est-il, d’ailleurs, pour nous, sur ce point ! Prenons-nous vraiment le temps de considérer, de regarder notre vie, en vérité, sans tricher ! Vivons-nous parfois le sacrement de réconciliation !…….Mais nous ne sommes pas que pécheurs, nous sommes des pécheurs pardonnés, nous sommes des enfants perdus que leur père a retrouvés, notre faiblesse est remplie de l’espérance de Dieu et de la force de son Esprit. Alors, comment ne pas repartir avec courage quand notre pauvreté est remplie de toute la générosité de Dieu Dieu…Acceptons d’être aimés sans raison et que notre amour pour Dieu soit non pas un amour de reconnaissance, mais la réponse qui jaillit du trop plein d’un amour qui nous comble.
……..Ne peut-on pas dire que la miséricorde de Dieu, c’est son amour qui ne se console pas de nous voir nous égarer dans des impasses , touché par ce qui est perdu et blessé; ce désir de nous chercher, dans le respect de notre totale liberté au cœur même de notre détresse,pour que nous tendions les bras vers ce Dieu qui nous aime. Il n’est jamais trop tard pour espérer, pour se laisser prendre dans les bras de Dieu et ramener à la vie ;
Laissons-nous façonner par notre Dieu tout miséricordieux pour devenir un peu comme Lui, à son image, à notre tour, porteurs de pardon, d’espérance, de confiance, de joie.
La fête de l’Ascension nous dit que Jésus ressuscité est maintenant pleinement en Dieu son Père, Il nous précède dans la gloire, présent en tous les points de l’univers ; nous pouvons vivre dans l’espérance de vivre un jour ce face à face pour un bonheur éternel. Mais en même temps, cette fête de l’Ascension peut nous paraître un peu déconcertante, déroutante car c’est au moment où les disciples pensent que la présence de Jésus, qu’ils reconnaissent vainqueur de la mort, ressuscité, vivant, serait la façon la plus efficace pour annoncer la bonne nouvelle de la puissance de l’amour de Dieu, voilà que Jésus s’en va.
Or, comprenons-bien, Jésus ne nous quitte pas pour autant, ne nous délaisse pas il ne s’agit pas d’un déplacement spatial, d’un éloignement , Il s’agit d’une nouvelle présence plus intime. Ce n’est plus une présence sensible que nous pouvons reconnaître avec nos yeux, nos oreilles, nos mains, mais une présence invisible, spirituelle, comme une présence d’amour qui nous réconforte, nous guide et nous soutient, avec cette espérance que Dieu nous redonne souffle et vigueur pour vivre plus libre et plus fraternel ; nous faisons cette expérience : je sais que celui pour qui je compte et qui compte pour moi est présent dans mon cœur, au plus secret de mon cœur ; Continuer la lecture de Ascension : Tandis qu’il les bénissait, il était emporté au ciel→
Messes : du mardi au vendredi 12h15 ; samedi 18h30 ; dimanche 10h30
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