« Marie entre corps et âme dans la vie de Dieu, au ciel : Le ciel, c’est quelqu’un. Le ciel c’est Dieu et les frères.»
Lectures : Assomption de la Vierge Marie
2019 – Homélie fête de l’Assomption
Pour cette fête de l’ Assomption, l’Église nous propose très justement ce passage de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth. En effet les premières phrases du Magnificat , le cantique de Marie, annoncent d’une certaine manière, le merveilleux destin de la mère du Sauveur : « Le Seigneur s’est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me diront bienheureuse ». C’est bien le sens de cette fête : nous célébrons aujourd’hui cette certitude de foi que Marie est bienheureuse éternellement, elle partage pleinement la plénitude de la vie de Dieu, sa vie d’amour pour toujours, sa vie éternelle. Ce que nous célébrons dans l’Assomption de Marie, c‘est la vie, en son achèvement, en son aboutissement, le couronnement de sa vie sur terre, la vie humaine saisie en Dieu,elle est unie à son Fils ressuscité; Marie entre corps et âme dans la vie de Dieu, au ciel : Le ciel, c’est quelqu’un. Le ciel c’est Dieu et les frères. Le ciel, n’est pas un lieu, une sorte de résidence secondaire dont nous pourrions rêver pour de grandes vacances, c’est une relation, une présence, une communion, une rencontre, un rendez-vous avec quelqu’un qui nous est cher et qui nous aime. A la suite du Christ, c’est l’entrée de l’humanité, dans la vie de Dieu, que Marie, toute donnée, toute consacrée à Dieu, inaugure.
Pour nous, célébrer aujourd’hui cette Assomption, c’est en quelque sorte, accueillir et célébrer à l’avance, notre mort comme un passage, comme une naissance, comme le couronnement de notre vie, comme de lumineuses et joyeuses retrouvailles. Nous croyons que le désir de Dieu de nous associer à sa vie, désir qui s ‘est déjà réalisé en Marie peut aussi se réaliser en chacun de nous.
Mais, comme Marie faisons en sorte de travailler avec l’Esprit Saint pour que l’amour de Dieu habite réellement nos vies, convertisse notre vie de chaque jour afin, nous aussi, de nous laisser , à la suite de Marie, saisir corps et âme par le Christ..
Ce que l’Église nous propose par l’image de Marie élevée à la gloire du ciel, c’est bien la femme fidèle en sa foi et associée au salut de tous, par l’Esprit Saint, dans la mise au monde de Jésus. « Elle a triomphé de la mort » ; or, c’est bien ce combat entre les puissances de ce monde, les forces du mal, et l’enfant menacé de mort dès sa naissance, que nous venons d’entendre dans les lectures de ce jour. Le livre de l’Apocalypse nous présente la femme couronnée d’étoiles qui enfante le Messie : « l’enfant mâle qui sera le berger de toutes les nations. » Le face à face entre la femme qui enfante et le dragon, symbole de Satan et de l’esprit du mal, représente le salut de l’humanité qui est assuré par la victoire de Dieu lequel « enlève l’enfant auprès de son trône». Cette vision est une vision d’espérance et de force : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu et le pouvoir de son Christ ! »
L’avenir des hommes n’est pas voué à la fatalité et aux forces du mal. Il y a une espérance de vie et de bonheur. Nous avons besoin d’entendre de nouveau ce message d’espérance aujourd’hui, nous qui sommes confrontés au défi d’un non sens et d’une violence mortifère que nos sociétés à la recherche d’un vrai bonheur et en quête de sens ne parviennent pas à juguler, à anéantir.
Et c’est ainsi que le Magnificat prend tout son sens ; il n’est pas l’exaltation de la richesse, de l’orgueil et de la puissance, il est l’émerveillement devant Celui qui relève le pauvre, regarde les humbles, nourrit les affamés et maintient envers et contre tout sa promesse d’alliance. Nous n’aurons jamais fini de comprendre cette victoire de Dieu sur les forces de mort et de destruction, car elle n’est ni une contre puissance ni l’écrasement du vaincu, mais l’invitation à ouvrir son cœur, un salut de l’esprit, pour partager en Dieu cette merveille de la communion à sa volonté, à ce qu’il est, à ce qu’il veut sauver.
C’est cette fidélité radicale que Dieu assume, qu’il couronne en cette fête de l’Assomption pour donner à Marie sa gloire, je veux dire la plénitude de son espérance.
La joie de la foi n’a de sens pour nous et les amis qui nous observent en tant que chrétiens que si nous faisons des choix de vie en chrétien, que si nous prenons des décisions qui orientent notre vie de chaque jour dans la fidélité à l’évangile et le service de nos frères et sœurs. Nous ne pouvons pas nous contenter de nous réjouir de la résurrection du Seigneur, de l’assomption de la Vierge Marie, nous devons nous laisser entraîner par le dynamisme de cette victoire sur la mort pour être des porteurs de vie dans notre entourage, porteurs de vie sous toutes ses formes, pour tous les âges et toutes les situations. Faire le choix de la vie, c’est nous élever et élever nos frères à ce niveau qui libère l’homme de toute culpabilité mortifère et des chemins sans issue. Le Seigneur a donné sa vie par amour des hommes, c’est l’amour de nos frères qui doit orienter nos choix essentiels. A sa suite, soyons, comme Marie pour Elisabeth, les visiteurs de nos frères, soyons les visiteurs de l’espérance, de l’évangile !
Vivons les choix de vie que nous avons à faire :–, Pour quelles causes suis-je prêt à vivre des renoncements ?– Comment, est-ce que dans ma vie j’ essaye d’assumer le service, la solidarité avec mes frères ?– est-ce que je proclame ma foi, est-ce que je suis un témoin du Christ par ma participation à l’eucharistie, ma vie de prière, ma vie en Eglise, la visite de mes frères ?– est-ce que ma vie familiale, professionnelle, ma vie tout simplement …est cohérente avec la foi que je proclame ?
La Vierge Marie s’est donnée sans hésitation, par amour et par obéissance, à Dieu ; Elle nous donne l’exemple. A sa suite, puissions-nous dire : nous sommes les serviteurs et les servantes du Seigneur, qu’il nous soit fait selon sa parole. Que Marie entende aujourd’hui notre prière et intercède pour nous.
Père Francis Corbière
Evangile et Homélie
Orgue :Au grand Orgue, Guy Didier
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