26ème dimanche – temps ordinaire
« Quiconque donne un verre d’eau à celui qui a soif ne restera pas sans récompense«
L’Evangile de ce jour nous montre les apôtres s’indignant parce que quelqu’un chasse les esprits mauvais au nom de Jésus alors qu’il ne fait pas partie du groupe des disciples : De quoi se mêle cet homme, il n’est pas des nôtres ; Il n’est pas de ceux qui nous suivent ! Nous avons entendu la réaction de Moïse et de Jésus : Ne les empêchez pas, ils rendent gloire à Dieu… La réponse de Jésus fait éclater l’étroitesse de ses disciples qui est souvent le réflexe de tout groupe humain : « Qui n’est pas contre nous est pour nous ». Jésus leur fait comprendre que personne n’est propriétaire du « nom » de Jésus, de sa Parole, de son action au milieu des Hommes, de sa puissance de vie. Nous-mêmes, n’avons-nous pas, parfois, des réactions de propriétaires de Dieu ! Nous accaparons Dieu et sa Parole, nous comprenons mal que quelqu’un puisse agir en son nom sans se ranger sous notre bannière, risquant alors, de nous comporter comme les propriétaires de l’Esprit Saint, les propriétaires du Royaume de Dieu, prétendant nous réserver ce qui n’est qu’un don gratuit, comme si, parce que Dieu nous avait fait la grâce de le connaître et de l’aimer, nous devenions les possesseurs exclusifs de ce don. « Quiconque, dit Jésus, (et donc pas simplement ceux et celles qui appartiennent à mon Eglise) Quiconque donne un verre d’eau à celui qui a soif ne restera pas sans récompense ». Bien entendu reconnaître que l’Esprit de Dieu habite le cœur des autres n’enlève rien à notre conviction profonde que Jésus est l’accomplissement de l’Homme.
C’est une invitation à vivre une foi authentique (je ne crois pas, d’abord, parce que la foi donne des valeurs, mais parce que je désire suivre le Christ-Jésus qui a donné sa vie par amour); Une telle foi, alors, nous arrache à nous-mêmes, de la jalousie et de la comparaison, pour la simple raison qu’au lieu de nous brancher sur nous-mêmes, elle nous oriente totalement sur la personne de Jésus. Elle met en nous les sentiments qui furent ceux du Christ Jésus et nous donne une plus grande liberté intérieure. Comme le Christ, nous nous réjouissons de ce qui ouvre les autres, eux aussi, à plus de vérité, de sainteté. La seule chose qui compte à nos yeux, c’est que l’Esprit de Dieu, l’Esprit de l’Evangile se répande. Et qu’importe par quels chemins, il viendra.
Efforçons-nous, donc, d’être ces témoins authentiques et fidèles du Dieu qui donne sa vie par amour, de sa Parole, de son action au milieu des hommes mais sans jamais oublier que le Dieu de Jésus-Christ est le Père de tous les hommes. N’est-il pas ce Dieu-Amour qui déborde les limites de nos appartenances religieuses, qui accorde la lumière de son Esprit, à toute personne de bonne volonté qui veut bien l’accueillir ! « Quiconque, nous dit saint Jean dans a 1ère lettre, aime est né de Dieu et connait Dieu ». Quiconque, ce mot englobe toute personne indépendamment de sa culture, de sa religion, de son athéisme. N’est-ce pas une immense espérance pour notre humanité !
Cette certitude de foi, que la grâce de Dieu va bien au de-là des frontières de nos religions est une condition indispensable pour tout dialogue et particulièrement le dialogue inter religieux. Un dialogue fructueux suppose toujours, non pas d’abandonner nos propres convictions, mais de nous efforcer d’entendre ce que dit l’autre qui ne pense pas comme nous ; plus encore, il suppose, que nous croyons que Dieu agit dans la vie de l’autre qui exprime un aspect de la vérité que nous avons tout intérêt à connaître et qui va enrichir notre propre manière de croire.
Réjouissons-nous, alors, de voir l’Esprit de Jésus, l’Esprit de l’évangile toucher bien des personnes qui ne sont pas chrétiennes. Réjouissons-nous de ce que la parole libératrice de l’évangile rejoigne des hommes et des femmes qui n’appartiennent pas à l’église. Réjouissons-nous de voir l’Esprit Saint agir dans le cœur de personnes qui sont peut-être loin de connaître le Christ.
Il en est, également ainsi, dans le domaine de la miséricorde, nous entendons parfois certains s’indigner de la miséricorde de Dieu, se demandant comment certaines personnes bien répréhensibles dans bien des secteurs de leur vie seront accueillis comme nous qui nous efforçons d’être fidèles tous les jours. La miséricorde de Dieu ne devrait-elle pas, toujours, être pour nous, source d’action de grâce. Comment ne pas nous réjouir de ce que : le cœur du christianisme est d’annoncer à chacun que son histoire personnelle avec Dieu n’est jamais terminée, quoi qu’il ait fait.
Notre mission, alors, n’est pas avant tout, de faire entrer dans l’église, même si nous le souhaitons ; mais elle consiste d’abord à laisser le Seigneur prendre toute sa place en nous pour que nous devenions ces témoins fidèles et authentiques de l’Evangile en sorte que celui-ci rayonne, à travers nous, par une foi pleinement vécue. Son but est que la tendresse, la beauté, la bonté de Dieu touche les cœurs de tous. Saint Jacques dans la deuxième lecture de ce dimanche ne souligne-t-il pas l’importance de ne pas vivre la foi sans les œuvres, l’importance de la solidarité avec les plus démunis. En cette journée mondiale des migrants, l’inauguration de la Maison Bakhita pour la formation et l’accompagnement des personnes migrantes, inaugurée par notre évêque : pour honorer la qualité relationnelle, le lien, la culture qui sont aussi des besoins vitaux, n’est-elle pas un beau témoignage ?
Alors, à nous de ne pas faire obstacle, de ne pas être source de scandale, occasion de chutes, d’atteintes graves à la vie, de ne pas faire tomber l’autre ni se faire tomber soi-même.
A nous de vivre notre appartenance avec le Christ, notre connivence avec Lui, en laissant transparaître par notre façon d’être, notre manière de vivre la véritable image du Dieu de Jésus-Christ qui appelle tout Homme à grandir en humanité, qui appelle tout Homme à la Vie.
Père Francis Corbière
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Homélie :
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