Homélie du Dimanche 29 janvier 2023 Père Stanislas Stawicki, curé de la paroisse.
IV Dimanche – Mt 5, 1-12a
L’Evangile de ce dimanche commence par cette phrase célèbre : « Heureux les pauvres de cœur ». Cette affirmation est souvent mal comprise, voire même citée avec une certaine ironie comme une chose, que l’on ne peut faire croire, qu’aux naïfs ! Friedrich Nietzsche, en se référant à cette phrase de Jésus, caricature le christianisme comme « la religion du ressentiment des pauvres », c’est-à-dire de ceux qui ne pouvant pas s’imposer dans ce monde-ci, se convainquent que le bonheur les attend dans un autre monde, en l’occurrence dans le royaume des cieux.
Mais qu’est-ce que ce fameux royaume des cieux ? Les évangiles nous disent que:
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C’est la richesse qui ne passe pas ;
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La richesse que les voleurs ne peuvent voler et que la rouille ne peut pas consumer.
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C’est la richesse qu’on ne laisse pas à d’autres le jour de la mort, mais qu’on emporte avec soi.
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C’est le « trésor caché », la « perle précieuse » qu’il vaut la peine de tout donner pour l’avoir.
En d’autres termes, le royaume des cieux, c’est Dieu lui-même. Il s’agit donc de « chercher et trouver Dieu en toutes choses », et surtout dans notre vie ordinaire, car c’est bien cette recherche qui unifie notre vie chrétienne.
Vendredi dernier (20 janvier) alors qu’il recevait les participants d’un cours de liturgie à Rome, le pape François a parlé « des homélies trop longues et trop ennuyeuses », et il a demandé aux prêtres de circonscrire leurs homélies à dix minutes, pas plus ! (J’en ai encore 6).
Il a suggéré également, qu’en préparant une homélie, on se pose les questions suivantes : Quelle bonne nouvelle de salut contiennent les textes bibliques proposés par la liturgie ? Qu’est-ce qui a besoin d’être sauvé en moi, en chacun de nous? Quelles capacités Dieu vient-il guérir, libérer, stimuler, enrichir, susciter en moi, en nous ? Peut-être vient-il sauver :
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la mémoire de l’oubli,
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la générosité de la convoitise,
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la parole du bavardage,
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la confiance de la peur,
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la vérité du mensonge,
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la fraternité de la jalousie,
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la volonté de la résignation,
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l’hospitalité de la crainte de l’étrange, ainsi de suite…
Eh bien, je pense chers frères et sœurs, qu’en ce dimanche où nous entendons le texte des Béatitudes, Dieu vient sauver notre bonheur ! En effet, le mot clé des béatitudes c’est le bonheur.
Mais, « tous les hommes cherchent le bonheur, même ceux qui vont se pendre » – rétorque Pascal. Oui, la plupart le recherchent dans la consommation, l’accumulation de biens. D’autres, dans le pouvoir et l’influence exercés sur leurs semblables. Quelques-uns encore désirent l’obtenir par l’accroissement de leur savoir et de leurs connaissances ; il y en a qui le cherchent dans le développement personnel et la zen attitude auquel ils aspirent. Qui possède veut posséder plus. Qui consomme, consommer davantage. Qui domine, dominer plus. Celui qui sait, veut savoir toujours plus. Et en définitive, « les hommes meurent et ils ne sont pas heureux » – conclue amèrement Albert Camus.
Eh bien, le bonheur que propose Jésus avec les béatitudes se démarque des conceptions ordinaires que s’en font les hommes. Car pour l’Évangile, le bonheur n’est pas un programme ; c’est une personne. Saint Augustin parle du bonheur en ces termes : « Dieu n’est pas seulement amour. Dieu n’est pas seulement miséricorde. Dieu est aussi bonheur. Le bonheur est l’un des noms de Dieu ».
Oui, la première vérité à saisir dans les Béatitudes est que le bonheur vient de Dieu. C’est Lui la source de notre bonheur.
Oui, les béatitudes sont un chemin vers Dieu qui veut partager son bonheur avec nous. Elles brossent le profil du Christ, et par conséquent le profil du chrétien. C’est la carte d’identité des chrétiens que Jésus béatifie lui-même sur la montagne.
Oui, sur la montagne des Béatitudes Jésus procède à la toute première béatification de l’histoire :
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heureux les pauvres de cœur,
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heureux les doux,
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heureux les miséricordieux,
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heureux les artisans de paix.
Demandons à Jésus de nous donner l’humilité et le courage de suivre ces chemins du bonheur que lui-même nous a tracés avec sa propre vie.
Père Stanislas