La sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure ». Oui, elle est même la seule aventure. « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint »
Lectures de ce jour :
Homélie
L’Église catholique célèbre en ce premier novembre la fête de la Toussaint. Dans l’esprit de beaucoup, cette fête renvoie spontanément au souvenir des défunts que l’on commémore en réalité le lendemain. Eh bien, la Toussaint n’est pas que cela. Elle est d’abord une invitation à faire « mémoire du futur » – comme disait saint Augustin. Oui, c’est une invitation à faire mémoire de notre futur, car Dieu nous appelle tous à la sainteté: « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lévitique 19, 2).
Voyez-vous! Dieu veut que nous partagions sa propre sainteté. Que nous en vivions. La sainteté ne vient donc pas de nous. On ne peut pas s’abonner à la sainteté, tout comme les gens s’abonnent à des magazines ou aux salles de cinémas. La sainteté est avant tout un don.
Vous savez certainement que les Pères Christophe et Rodrigue qui ont travaillé au service de cette paroisse, ainsi que le Père Pierre et moi-même, nous appartenons à la Congrégation des Pallottins, fondée à Rome (et non pas en Pologne), par un certain Vincent Pallotti (Italien – Romain, et non pas Polonais).
Or, parmi les tout premiers compagnons de saint Vincent Pallotti (ils ne sont que douze le jour de sa mort), il y a aussi un prêtre Français, et plus exactement un Breton, un vicomte: Paul Alexandre de Geslin de Kersolon. Eh bien, il existe une très belle réflexion de Pallotti au sujet de la sainteté qui nous a été rapportée exactement par Paul De Geslin.
En jour, ils se promenait tous les deux au jardin du couvent de Via Gulia à Rome, et Paul de Geslin en profitant de cette promenade pose à Pallotti une question au sujet de la véritable sainteté. La voici: « En quoi consiste la sainteté, mon père, si elle n’est ni dans le don des miracles, ni dans les actes surprenants ?
– La sainteté, mon fils est un don de Dieu – réponds Pallotti, et vient directement de la grâce, sans laquelle nul ne peut être sauvé. Les grâces sont incessantes et nous y sommes plongés, pour ainsi dire, comme le poisson dans la mer. Notre grand mal consiste en l’une ou l’autre de ces trois choses: ou nous ne la demandons point; ou nous ne la voyons point; ou nous n’en profitons point. Tandis qu’au contraire: demander à Dieu sa grâce; être attentif à celles qu’il nous accorde; se montrer fidèles à celles qu’on reçoit, c’est dans l’habitude de ces trois pratiques, et en nulle autre chose que consiste la véritable sainteté».
Voyez-vous! Les saints « de la porte d’à côté » que j’ai évoqué au début de cette eucharistie (nos parents, un tel collègue de travail, un tel cousin ou voisin…), ce sont justement toutes ces personnes qui s’efforcent, avec la grâce de Dieu, d’appliquer l’Évangile dans leur vie normale de tous les jours. Nous devons leur être reconnaissants, mais surtout être reconnaissants à Dieu qui nous les a donnés, qui les a mis près de nous, comme des exemples vivants et contagieux.
Georges Bernanos – qui a beaucoup réfléchit et écrit sur la sainteté – aimait dire que « La sainteté chrétienne est une aventure ». Et il ajoutait: « Elle est même la seule aventure ». Ecoutez: « Notre Eglise est l’Eglise des saints – écrit Bernanos. Qui s’approche d’elle avec méfiance – ne verra que des portes closes, des barrières et des guichets; une espèce de gendarmerie spirituelle. Mais notre Eglise est l’Eglise des saints. Pour être un saint, quel évêque ne donnerait son anneau, sa mitre, sa crosse? Quel cardinal sa pourpre? Quel pontife sa robe blanche, ses camériers et ses suisses?
Qui ne voudrait avoir la force de courir cette admirable aventure? Car la sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure ». Oui, elle est même la seule aventure. « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lévitique 19, 2).
Et encore une petite chose.
Chaque année, en cette belle fête de la Toussaint, la liturgie nous propose le passage de l’Évangile de Matthieu dans lequel Jésus proclame les béatitudes. Le mot clé de ces béatitudes, c’est le bonheur. En effet, déjà au V siècle saint Augustin a observé que « Dieu n’est pas seulement amour. Dieu n’est pas seulement miséricorde. Dieu est aussi bonheur. Le bonheur est le nom de Dieu » – écrit Augustin.
Oui, chers frères et sœurs! Dieu veut que nous soyons heureux, et il nous dit en cette fête: Soyez heureux, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis heureux».
Bonne Fête de la Toussaint à chacune et chacun! Que les vivants comme les morts connaissent le bonheur, car le bonheur est le nom de Dieu, et Dieu est notre adresse définitive.
Père Stanislas
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