Conférence de Carême par le Père Stanislas Stawicki
Thème de ce cycle de conférences : « Avec le Pape Benoît XVI à l’école des saints français »
Texte de la conférence :
Le rôle des saints dans la vie chrétienne
selon le pape Benoît XVI
Introduction
Bienvenue pour cette deuxième édition des « Conférences de Carême » à Saint Jacques – Saint Christophe de la Villette. Permettez-moi d’abord de dire un petit mot au sujet de cette initiative. Historiquement parlant, cette initiative, typiquement française, vient d’un laïc, professeur de la Sorbonne, le bienheureux Fréderic Ozanam (1813-1853) que vous pouvez saluer dans la crypte de l’église Saint Joseph des Carmes, à l’Institut Catholique de Paris. C’est bien là que vous trouverez sa tombe. En 1835, il suggéra à Mgr de Quélen, archevêque de Paris, d’organiser pendant les cinq dimanches de Carême, durant l’office des Vêpres, les enseignement pour raviver la foi et rallumer la charité parmi les catholiques. C’est ainsi que sont nées « Les Conférences de Notre-Dame ». Le tout premier conférencier fut le Père Henri-Dominique Lacordaire, dominicain et grand prédicateur français.
En implantant l’an dernier « Les Conférences de Carême à Saint Jacques – Saint Christophe de la Villette », nous avons visé le même objectif : raviver la foi et rallumer la charité parmi nos paroissiens pendant le temps fort de Carême.
Le récent décès du Pape Benoît XVI nous a suggéré de replonger ensemble dans son héritage. Voilà pourquoi les conférences de cette année seront données par quelques membres du Conseil Pastoral Paroissial, autour du thème général: « Avec le pape Benoît XVI à l’école des saints français ». Il s’agit des catéchèses que le Pape Ratzinger a données en 2009 autour des saints de l’Eglise universelle et dont quelques saints français. Lesquels ? Saint Bernard de Clairvaux ; sainte Jeanne d’Arc ; saint François de Sales ; et sainte Thérèse de Lisieux.
Mais avant d’entrer dans la présentation de ces saints, je commence en vous parlant du « rôle des saints dans la vie chrétienne selon le pape Benoît XVI ».
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Vous vous rappelez certainement, le jour de la mort de Benoît XVI, le 31 décembre dernier, les grands de ce monde ont honoré le pape « théologien ». Le mot « théologien » a été repris en boucle pour désigner Benoît XVI, dans une litanie qui se contentait de modifier l’adjectif: théologien réputé , théologien immense, théologien éminent, grand théologien, brillant théologien, etc.
Plus, en raison d’une œuvre intellectuelle immense que Benoît XVI a laissé derrière lui, des voix se sont élevées pour faire de lui un docteur de l’Église. Une proclamation plutôt rare et symbolique dans la tradition de l’Église catholique. En effet, il y a actuellement en tout 36 docteurs de l’Église dont quatre femmes (Thérèse d’Avila, Catherine de Sienne, Thérèse de Lisieux et Hildegarde de Bingen). Ils sont tous saints et considérés comme des témoins remarquables de la doctrine que ce soit par leur œuvre ou par leur influence dans le monde.
Mais je reviens au mot « théologien ». La plupart de ceux qui définissaient Benoît XVI « théologien », se garde de définir ce mot car ce mot n’engage à rien, s’il désigne seulement un homme qui a fait de Dieu son objet d’étude. Il peut même suggérer qu’un grand théologien ne fait pas un grand pape, parce qu’un intellectuel n’est pas forcément un pasteur.
En effet, on peut étudier Dieu, comme on étudie la grammaire allemande, le béton armé ou la reproduction des escargots ? Toutefois, cela n’a pas grand-chose à voir avec l’activité du théologien Joseph Ratzinger, puis du pape Benoît XVI, pour qui Dieu ne saurait être un simple objet d’étude, puisqu’il est avant tout une personne à contempler. Oui, le pape théologien Benoît XVI pouvait parler de Dieu, parce qu’il parlait à Dieu.
C’est d’ailleurs ainsi que l’histoire définie saint Dominique Guzman, fondateur des dominicains : « Il ne parlait que de Dieu et à Dieu » – disait-on de saint Dominique. Lorsqu’il prêchait, il parlait de Dieu ; et lorsqu’il priait, il parlait à Dieu (avec Dieu) ».
Voici, à ce propos, les paroles lumineuses du pape Benoît XVI dites en 2011 : « Le monde d’aujourd’hui a besoin de personnes qui parlent à Dieu, pour pouvoir parler de Dieu ». Bref, Benoît XVI a beaucoup développé et encouragé ce que la spiritualité appelle la « théologie des saints » ou si vous voulez la « science des saints ». Je m’explique.
La théologie des saints
Précisons tout d’abord que c’est un théologien suisse, le Père Hans Urs von Balthasar (1905-1988) qui avait pris au sein de l’Eglise catholique l’orientation de développer la réflexion théologique à l’école des saints. Il tâchait de montrer comment la vie et les écrits des saints peuvent nous conduire à un approfondissement de l’intelligence de la foi.
Un autre théologien, cette fois-ci un carme français, qui a beaucoup travaillait cette théologie des saints, c’est le Père François-Marie Léthel. D’après lui la « théologie des saints » ou « la science des saints » ou encore « une science d’amour » (scientia amoris) a le mérite d’être à la fois « scientifique et populaire ». Telle est en effet la complémentarité qui existe entre la théologie savante des Pères et des Docteurs de l’Eglise comme Augustin, Thomas d’Aquin, Bernard de Clervaux ou Bonaventure, et la théologie « populaire » de nombreux mystiques et pasteurs : tels Catherine de Sienne, Louis-Marie Grignion de Montfort Vincent de Paul ou Thérèse de l’Enfant Jésus. D’après lui, « la théologie des saints en même temps éclaire l’intelligence, enflamme le cœur, et construit l’Eglise ».
Les derniers Papes, et notamment Jean Paul II et Benoît XVI, ont également beaucoup soutenu cette théologie des saints. On dit que Jean Paul II qui a décidé de « démocratiser la sainteté » (la rendre accessible à tous), a béatifié et canonisé autant de personnes que dans les cinq siècles précédents. En effet, en 27 années de son pontificat, il a proclamé 1.341 nouveaux bienheureux, et 482 nouveaux saints en les présentant non seulement comme des exemples de perfection chrétienne, mais aussi comme des théologiens, c’est-à-dire les connaisseurs de Dieu. Il parlait alors de la « théologie vécue par les saints » ; ou encore : une « théologie à genoux ». Ainsi, dans son encyclique Fides et ratio (Foi et raison), Jean-Paul II indique Catherine de Sienne et de Thérèse de Lisieux comme des représentantes de la « théologie vécue des saints ».
C’était pareil avec le pape Benoît XVI. Lui aussi ne cesse de développer cette théologie des saints. « Les saints – disait-il, nous aident à redécouvrir inséparablement la « grande raison » et le « grand amour » ; à ne pas succomber à la tentation du relativisme caractérisée par une « petite raison » et un « amour faible ». Benoît XVI nous montre en effet que « la science de la foi » et « la science de l’amour » vont toujours ensemble et se complètent.
Les sept conseils pour être un peu plus saint chaque jour !
En partant des homélies, des audiences et des discours du Pape Benoît XVI, nous pouvons condenser des petites pistes très concrètes qu’il nous donne à suivre dans notre vie de tous les jours pour nous rapprocher davantage du Christ, et par là devenir un peu plus saint chaque jour. En effet, loin de l’image du théologien déconnecté des réalités de la vie, Benoît XVI avait une perception très nette des difficultés rencontrées quotidiennement pour rencontrer le Christ.
Ainsi, dans une homélie de l’Avent en 2009, il constate : « Nous faisons tous l’expérience, dans notre existence quotidienne, d’avoir peu de temps pour le Seigneur et peu de temps également pour nous. On finit par être absorbé par ce qu’il faut « faire ». Qui n’a pas vécu des périodes où la quantité de choses à faire nous submerge et où nous n’avons plus le temps ni la disponibilité d’esprit pour l’essentiel » ? – demande le Pape Ratzinger.
Pour Benoît XVI, c’est la rencontre avec le Christ qui donne à la vie une nouvelle perspective. Et cette nouvelle perspective, c’est de devenir saint en fréquentant régulièrement le Christ ; en se laissant « contaminer » par son amour. C’est ainsi que nous pouvons avancer sur le chemin de la sainteté : « Dès que vous devenez l’ami du Christ, tout commence à changer dans votre vie – disait le Pape pendant une homélie prononcée le 17 septembre 2010 en Angleterre. Quand vous commencez à mieux le connaître, vous vous apercevez que vous voulez que votre vie reflète un peu de sa bonté infinie ».
Et pour devenir un ami du Christ (un ami de Dieu), Benoît XVI préconise quelques pistes – tout à fait accessibles et faciles à suivre – à mettre en place. Je les ai regroupé en 7 conseils (« sept » – c’est le chiffre de la perfection): Sept conseils de Benoît XVI pour être un peu plus saint chaque jour. Les voici !
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DEUX FOIS PAR JOUR, AVOIR UN BREF CONTACT AVEC DIEU
Toute relation meurt si elle n’est pas entretenue. C’est vrai en couple, en famille, en amitié, mais aussi avec le Seigneur. C’est pourquoi Benoît XVI disait : « Il ne faut pas commencer ni finir une journée sans avoir au moins un bref contact avec Dieu ». Un simple « contact »! Pas nécessairement une prière, mais une pensée, un élan du cœur, un mot de louange ou de gratitude, au début et à la fin de la journée.
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TOUS LES JOURS, TROUVER UNE OCCASION DE SE RÉJOUIR
« L’aspiration à la joie est imprimée dans le cœur de l’homme », a affirmé Benoît XVI à l’occasion de la 27e Journée mondiale de la Jeunesse en 2012. Non pas les satisfactions immédiates et passagères, mais « la joie profonde, parfaite et durable qui puisse donner du « goût » à l’existence ». Pour y goûter, encore faut-il identifier les joies simples que le Seigneur nous offre. Voici comment Benoît XVI les énumère : la joie de vivre, la joie face à la beauté de la nature, la joie du travail bien fait, la joie du service, la joie de l’amour sincère et pur. « Et si nous y sommes attentifs, il y a de nombreux autres motifs de nous réjouir: les bons moments de la vie en famille, l’amitié partagée, la découverte de ses capacités personnelles et ses propres réussites, les compliments reçus des autres, la capacité de s’exprimer et de se sentir compris, le sentiment d’être utile à d’autres ».
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TOUS LES JOURS, NOTER UN SIGNE DE DIEU
Lors d’una audience en septembre 2009, Benoît XVI parlait d’un journal intime dans lequel on noterait les signes que Dieu nous adresse, et ceci pour prendre conscience combien Dieu est attentif à chacune de ses créatures et combien Il nous aime. « Chaque événement de la journée est un signe de l’attention que Dieu a pour chacun de nous. Combien de fois Dieu nous fait percevoir un signe de son amour ! Tenir un journal intérieur de cet amour serait un devoir beau et salutaire pour notre vie ».
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CONTEMPLER DES ŒUVRES D’ART
Musicien et mélomane, Benoît XVI a fait l’expérience du beau qui mène à Dieu. Il confie, lors d’une audience générale en août 2011, combien un concert de Jean-Sébastien Bach, à Munich, l’avait touché. Je le cite : « Au terme du dernier morceau, l’une des Cantate, je ressentis, non pas de façon raisonnée, mais au plus profond de mon cœur, que ce que j’avais écouté m’avait transmis la vérité, la vérité du suprême compositeur, et me poussait à rendre grâce à Dieu ». La « voie de la beauté » – disait-il, est une des voies qui peut conduire à Dieu et nous aider à le rencontrer.
Il existe d’ailleurs des expressions artistiques qui sont de véritables chemins vers Dieu et qui aident à croître dans notre relation avec Lui dans la prière. Il s’agit des œuvres qui naissent de la foi et qui expriment la foi » – affirme Benoît XVI. A nous de lever les yeux vers les cathédrales qui attirent notre regard et notre esprit vers le haut, ou d’écouter un morceau de musique sacrée à travers lequel notre âme s’adresse plus facilement à Dieu.
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CUEILLIR LES CÔTÉS AMUSANTS DE LA VIE
Dans un entretien assez personnel en vue de préparer son voyage apostolique en Bavière en septembre 2006, Benoît XVI a souligné l’importance de ne pas se prendre trop au sérieux et de savoir goûter les petites joies de la vie : « Je ne suis pas un de ceux qui ont toujours une histoire drôle à raconter – confesse-t-il. Mais je trouve qu’il est très important de savoir cueillir les côtés amusants de la vie et sa dimension joyeuse et de ne pas tout prendre de façon tragique ». Et de conclure : « Un écrivain a dit que les anges pouvaient voler parce qu’ils ne se prennent pas trop au sérieux.
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PRENDRE DES TEMPS DE SILENCE
Malgré l’agitation (la frénésie) de la vie, Benoît XVI invite à prendre régulièrement des temps de silence, une voie royale pour rencontrer Dieu, un espace pour laisser parler la joie et la souffrance ; un temps essentiel pour discerner ce qui est important de ce qui est inutile ou accessoire. « Il n’y a pas lieu de s’étonner que, dans les différentes traditions religieuses, la solitude et le silence soient des espaces privilégiés pour aider les personnes non seulement à se retrouver elles-mêmes mais aussi à retrouver la Vérité qui donne sens à toutes choses » – constate Benoît XVI dans son Message pour la 46e journée mondiale des communications sociales en mai 2012. « Si Dieu parle à l’homme aussi dans le silence, de même l’homme découvre dans le silence la possibilité de parler avec Dieu et de Dieu. »
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INVOQUER DAVANTAGE LES SAINTS
Pour devenir un peu plus saint chaque jour, il faut également invoquer les saints. En effet, Benoît XVI avait une grande dévotion et une grande confiance envers les saints, « ces hommes et ces femmes qui par leur foi, par leur charité, par leur vie ont été des phares pour de si nombreuses générations, et qui le sont aussi pour nous » – assurait-il.
Le rôle des saints dans la vie chrétienne
Arrêtons-nous maintenant, un peu plus, sur ce dernier conseil du Pape Benoît XVI par lequel il nous invite à invoquer davantage les saints. Eh bien, dans ses homélies, audiences et discours, Benoît XVI décrit le rôle des saints dans la vie chrétienne de façon suivante :
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les témoins de la foi
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les étoiles dans le firmament de l’histoire
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les phares pour de si nombreuses générations
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les compagnons de route sur le chemin de la vie chrétienne
Ainsi, en 2011, dans sa Lettre apostolique « Porta fidei » – « La porte de la foi », par laquelle le Pape Benoît XVI proclame « l’Année de la foi » (elle s’était ouverte le 11 octobre 2012, à l’occasion de cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II), il présente les saints comme les témoins de la foi. Je vous lie un extrait du n°13 de cette Lettre apostolique:
« Par la foi, de nombreux chrétiens ont promu une action en faveur de la justice pour rendre concrète la parole du Seigneur venu annoncer la libération de l’oppression et une année de grâce pour tous. Par la foi, au cours des siècles, des hommes et des femmes de tous les âges, dont le nom est inscrit au Livre de vie, ont confessé la beauté de suivre le Seigneur Jésus là où ils étaient appelés à donner le témoignage de leur être chrétiens : dans la famille, dans la profession, dans la vie publique, dans l’exercice des charismes et des ministères auxquels ils furent appelés. Par la foi, nous vivons nous aussi: par la reconnaissance vivante du Seigneur Jésus, présent dans notre existence et dans l’histoire ».
Je vous cite maintenant un long passage de son discours fait à Castel Gandolfo, mercredi le 25 août 2010 au sujet de compagnons de route sur le chemin de la vie chrétienne :
« Dans la vie de chacun de nous, il y a des personnes très chères, que nous sentons particulièrement proches, certaines sont déjà dans les bras de Dieu, d’autres parcourent encore avec nous le chemin de la vie: ce sont nos parents, notre famille, les éducateurs; ce sont des personnes auxquelles nous avons fait du bien, ou dont nous avons reçu du bien; ce sont des personnes sur lesquelles nous savons pouvoir compter. Il est important, cependant, d’avoir également des compagnons de route sur le chemin de notre vie chrétienne: je pense au directeur spirituel, au confesseur, à des personnes avec lesquelles on peut partager sa propre expérience de foi ; mais je pense également à la Vierge Marie et aux saints. Chacun devrait avoir un saint qui lui soit familier, pour le sentir proche à travers la prière et l’intercession, mais également pour l’imiter. Je voudrais donc vous inviter à faire davantage connaissance avec les saints, à commencer par celui dont vous portez le nom, en lisant sa vie, ses écrits. Soyez certains qu’ils deviendront de bons guides pour aimer encore davantage le Seigneur et des soutiens sûrs pour votre croissance humaine et chrétienne ».
Je termine en vous citant quelques extraits de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI au terme de son parcours sur les saints. C’était le mercredi 13 avril 2011. Dans cette dernière catéchèse il cherche à répondre à trois questions suivantes :
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Que veut dire être saint ?
« Qui est appelé à être saint ? On est souvent porté encore à penser que la sainteté est une destination réservée à de rares élus. Saint Paul, en revanche, parle de nous tous. En effet, la sainteté, la plénitude de la vie chrétienne ne consiste pas à accomplir des entreprises extraordinaires, mais à s’unir au Christ, à vivre ses mystères, à faire nôtres ses attitudes, ses pensées, ses comportements. La mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l’Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne ».
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Comment pouvons-nous parcourir la voie de la sainteté ?
« Comment pouvons-nous répondre à cet appel de la sainteté? Puis-je le faire avec mes propres forces ? La réponse est claire : une vie sainte n’est pas principalement le fruit de notre effort, de nos actions, car c’est Dieu, le trois fois Saint (cf. Is 6, 3) qui nous rend saints ; c’est l’action de l’Esprit Saint qui nous anime de l’intérieur ; c’est la vie même du Christ ressuscité qui nous est communiquée et qui nous transforme. La sainteté a donc sa racine ultime dans la grâce baptismale, dans le fait d’être greffés sur le Mystère pascal du Christ, avec lequel nous est communiqué son Esprit, sa vie de Ressuscité ».
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Quelle est l’âme de la sainteté ?
« Le Concile Vatican II précise que « Dieu est charité et celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui » (cf. 1 Jn 4, 16). La charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le prochain à cause de lui est par conséquent le don premier et le plus nécessaire. Voilà pourquoi saint Augustin, en commentant le quatrième chapitre de la Première Lettre de saint Jean, peut affirmer une chose courageuse : « Aime et fais ce que tu veux ». Et il poursuit : « Si tu te tais, tais-toi par amour ; si tu parles, parle par amour ; si tu corriges, corrige par amour ; si tu pardonnes, pardonne par amour ; qu’en toi se trouve la racine de l’amour, car de cette racine ne peut rien procéder d’autre que le bien » (7, 8 : PL 35). Celui qui est guidé par l’amour, qui vit la charité pleinement est guidé par Dieu, car Dieu est amour. C’est ce qui donne sa valeur à cette grande parole : « Aime et fais ce que tu veux ». Au cours de l’Année liturgique, l’Eglise nous invite à faire mémoire d’une foule de saints, c’est-à-dire de ceux qui ont vécu pleinement la charité, qui ont su aimer et suivre le Christ dans leur vie quotidienne. Ils nous disent qu’il est possible pour tous de parcourir cette voie. A toute époque de l’histoire de l’Eglise, à toute latitude de la géographie du monde, les saints appartiennent à tous les âges et à tous les états de vie, ils ont le visage concret de chaque peuple, langue et nation. Et ils sont de types très divers ».
Conclusion
Je termine par le témoignage très personnelle du Pape Benoît XVI au sujet du rôle des saints dans sa vie. « Je dois dire qu’en ce qui concerne ma foi personnelle, de nombreux saints, pas tous, sont de véritables étoiles dans le firmament de l’histoire. Et je voudrais ajouter que pour moi, il n’y a pas que certains grands saints que j’aime et que je connais bien qui « indiquent la voie », mais aussi les saints simples, c’est-à-dire les personnes bonnes que je vois dans ma vie, qui ne seront jamais canonisées. Ce sont des personnes normales, pour ainsi dire, sans héroïsme visible, mais dans leur bonté quotidienne, je vois la vérité de la foi. Cette bonté, qu’elles ont mûrie dans la foi de l’Eglise, est pour moi la plus sûre apologie du christianisme et le signe qui montre où se trouve la vérité ».
« Chers amis – conclue le Pape Benoît XVI sa catéchèse, et moi avec lui ma conférence, nous sommes tous appelés à la sainteté. Elle est la mesure même de la vie chrétienne. N’ayons pas peur de tendre vers le haut, vers les sommets de Dieu; n’ayons pas peur que Dieu nous demande trop, mais laissons-nous guider dans chacune de nos actions quotidiennes par sa Parole, même si nous nous sentons pauvres, inadéquats, pêcheurs… C’est Lui qui nous transformera selon son amour ». Merci.
Prenons maintenant deux minutes de silence en invoquant chacun son saint patron et les saints que nous considérons comme les étoiles dans le firmament de notre propre histoire et les compagnons de route sur le chemin de la notre vie chrétienne. Après quoi, nous allons chanter les Vêpres.