Homélie du dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur
Père Marcelin
Le Seigneur en a besoin : Il a besoin de nous pour poursuivre sa mission.
Nous commémorons en ce jour, l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, appelé le Dimanche des Rameaux et de la Passion parce que la foule qui l’accueille, le salue en agitant des branches, des palmiers, et étend les vêtements sous les pattes de l’ânon, pour lui faire un chemin royal. Et toute cette scène est déjà une annonce de la Passion, car dans quelques jours, Jésus sera arrêté et condamné. Il sera de nouveau déguisé en roi, avec un tapis rouge en guise de manteau, et une couronne qui lui transpercera la peau du crâne. Les textes de ce dimanche nous font contempler en Jésus le paradigme du serviteur du Père. Le récit du serviteur souffrant dans la première lecture nous fait comprendre qu’être disciple du Christ n’est pas synonyme de la fin de la souffrance. On ne se met pas à la suite du Christ parce qu’on fuit la souffrance, c’est le chemin par lequel est passé le maître, et le disciple marche à la suite du maître. C’est ce qu’affirme Saint Paul dans la deuxième lecture qui nous invite à comprendre que c’est la fidélité et l’abnégation dans le service malgré la souffrance, qui nous donne accès à la suite du maître, dans la maison du Père, pour y partager sa gloire. Le récit de la Passion de Matthieu quant à lui nous rappelle à quel point nous sommes des serviteurs infidèles. Judas livre le maître, Pierre le renie, la foule qui hier, l’a acclamé (hosanna au fils de David) aujourd’hui crie de toute ses forces : « qu’il soit crucifié ». Nous aussi comme cette foule le jour de notre batême, à travers la renonciation au péché, nous avons chanté Hosanna au fils de David, mais à chaque fois que nous avons, envers notre frère ou notre sœur, manifesté de la haine, la jalousie, la diffamation, la colère, l’indifférence, l’injustice, la calomnie, … nous disons : « qu’il soit crucifié ! », et c’est Jésus que nous crucifions ; car Il nous dit : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25,40. Oui chers frères et sœurs, l’ânon dont le Seigneur a besoin et dont il se sert pour entrer à Jérusalem afin d’accomplir sa mission est souvent perçu comme symbole d’humilité et de simplicité. Cependant lorsque nous voyons que nous sommes ceux dont il a besoin pour poursuivre sa mission, alors nous comprenons que cet ânon symbolise également notre caractère têtu, notre résistance à transmettre notre foi à nos enfants et petits-enfants, notre résistance à nous couper du péché. Voilà pourquoi il nous fait dire aujourd’hui : « Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque », accueillir le Seigneur pour la célébration de la Pâque, c’est accepter d’effectuer le passage du serviteur infidèle au serviteur fidèle et persévérant malgré la souffrance.
Père Marcelin