2ème dimanche de Pâques ou de la divine Miséricorde – Année C
« La Paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
En ce dimanche de la divine miséricorde, unis à nos frères pallottins qui la célèbrent, à Osny, la fête de la miséricorde, nous sommes encore tout à la joie de Pâques, mais ce dimanche est aussi le dimanche de Thomas, surnommé le « jumeau » si souvent présenté comme l’incrédule. Ne sommes-nous pas, parfois, aussi, son jumeau dans le doute et la foi ? Lequel d’entre nous n’a-t-il pas un jour ou l’autre pensé ou exprimé : moi, je croirais bien s’il n’y avait pas toutes ces guerres, ces cruautés, ces injustices ou j’aurais moins de mal à croire si je pouvais palper, saisir la bonté de Dieu et pas tout le temps son silence devant la souffrance de tant d’êtres humains.
Après la mort de Jésus, les disciples apeurés sont enfermés dans le cénacle et voici que le Crucifié-Ressuscité les rejoint : Il leur apporte sa paix. Il leur donne l’Esprit Saint. Il offre à tous le pardon des péchés.
Huit jours après, la communauté de l’Eglise que constituent les apôtres donne à Thomas, qui est présent son témoignage en lui disant : « nous avons vu le Seigneur » ; Thomas, se méfie des nouvelles qui circulent. Beaucoup peuvent être des fake news. Il ne se laisse pas prendre à de belles paroles. Il a besoin de preuves avant de donner son adhésion : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non je n’y croirai pas ». Son interrogation est non seulement normale mais légitime. Dieu ne nous demande pas de ne pas chercher à comprendre pour suivre le Christ. Bien au contraire, il nous demande de chercher toute notre vie, chacun selon ses moyens, à approfondir sa foi. Cependant Il nous demande de dépasser nos raisonnements dans cette confiance si précieuse qui vient du cœur : « voir » avec le cœur.
Et voici que Jésus, Lui-même est au milieu d’eux, Il leur donne la paix et Il invite Thomas à toucher les traces de sa souffrance : « Avance ton doigt, vois mes mains, mets ta main dans mon côté ». En montrant ses plaies, Jésus témoigne qu’il est bien le Crucifié-Ressuscité, Celui qui a porté les souffrances des Hommes jusqu’au bout par amour. Et Il ajoute comme un appel plutôt qu’un reproche : « Cesse d’être incrédule sois croyant ». Thomas se découvre, alors, reconnu par Jésus et aimé tel qu’il est. Alors qu’il était perdu, il s’est reconnu trouvé. A l’initiative du ressuscité qui lui parle et vient le chercher dans sa nuit, il répond par une réponse personnelle. Celui qui lui pardonne et lui redonne la paix est digne de confiance. La peur fait place à la confiance…… la confiance en ce Jésus crucifié qu’il a aimé, en la parole de son maître qui avait annoncé sa résurrection. Thomas pousse alors ce cri d’amour : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Cette miséricorde qui lui est faite, il accepte de l’accueillir et c’est cela qui le fait passer du doute à la foi, de la mort à la vie. La réponse de Thomas est extraordinaire, il avait dit : « je ne croirai que si je vois », maintenant il voit et croit avec les yeux du cœur. Il devient croyant. Il ne croit pas seulement sur le dire des autres, sa réponse est personnelle.
Et pour nous, aussi, il est certes important que chacune, chacun puisse proclamer avec toute la communauté que Jésus est Seigneur, mais encore faut-il que nous puissions dire personnellement pourquoi il est mon Seigneur ! Si je dis que le Ressuscité est mon Sauveur, je dois pouvoir me dire à moi, de quoi il me sauve, moi.
J’ajouterai encore un dernier point : aujourd’hui, la résurrection du Christ n’a pas magiquement supprimé les souffrances des hommes. Cette parole de Jésus à Thomas d’aller toucher ses plaies, n’est-ce pas à nous ses jumeaux qu’elle est dite ? A nous de l’entendre et de la mettre en pratique : Si nous voulons toucher les plaies qui continuent à faire saigner et mourir les êtres humains, si nous voulons aller au contact des misères et des détresses, si nous croyons que le Crucifié-Ressuscité a vaincu le monde, allons poser les gestes qui donnent à voir que les blessures du Crucifié-Ressuscité sont les signes d’un amour inconditionnel et jusqu’au bout de Dieu pour notre humanité : Tout ce que tu feras aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que tu le feras ».
Heureux sommes nous , si comme Thomas, confiants en la fidélité de Dieu, sur sa parole, nous osons faire du Ressuscité, le Seigneur et le Dieu de notre vie, le Dieu de miséricorde : « Mon Seigneur et mon Dieu » qui a les mains ouvertes et tendues vers toutes les plaies des hommes et qui nous envoie témoigner de notre confiance en Lui, en allant à notre tour, nous aussi toucher les plaies des hommes : rendre vivant par l’amour ce que le manque d’amour fait mourir.
Père Francis
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