« Mettez la Parole de Dieu en application, ne vous contentez pas de l’écouter.«
Les textes de ce jour nous parlent de notre rapport à la Parole de Dieu. Le texte du Deutéronome est un éloge de cette Parole qui est source de vie. La lettre de saint Jacques nous demande de ne pas nous contenter d’écouter cette Parole, mais de la mettre en application. Et l’évangile de Marc nous invite à nous attacher à la vérité de cette Parole plutôt que de la surcharger de nos interprétations humaines, plutôt que d’oublier la loi d’amour au profit de pratique de façades qui conduisent à tous ces extrémismes qui abîment, souillent, violent, meurtrissent tout être humain dans son humanité et finissent par en oublier que Dieu est Amour.
S’agissant des pharisiens, Jésus dénonce le détournement qu’ils ont opéré. Un détournement de la loi de Moïse qui est d’aimer Dieu et son prochain et de mettre ses actes en accord avec cet amour là. Mettez en pratique la Parole de Dieu. Elle sera votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples
La vraie valeur religieuse, c’est l’amour de Dieu et de tous les hommes. C’est bien l’amour de Dieu qui fait la loi. Or les pharisiens professent l’inverse ; pour eux, seules comptent les lois et les rites qu’ils se sont forgés et qu’ils se transmettent : sources de contraintes, de séparation et d’exclusion de la communion. Vous annulez la Parole de Dieu et vous la remplacer par vos inventions humaines, leur dit Jésus. Vos rites vous permettent de vous déclarer purs et de déclarer souillés ceux qui ne les pratiquent pas. Le péché des pharisiens, c’est d’ouvrir la porte au péché en tuant la responsabilité humaine et en la remplaçant par la pratique d’actes coupés de toute signification et de toute valeur.
A l’inverse, dans la seconde partie de ce passage de l’évangile, Jésus défend ses disciples. Il décrit, quelles sont les véritables souillures du corps et du désir de l’homme. Elles ont une cause, un lieu : c’est l’homme lui-même quand il pollue, quand il blesse, quand il meurtrit. Les souillures, dit Jésus, sortent de l’homme quand il n‘est pas aimant, veut dominer l’autre, veut prendre sa place, le réduire à soi : ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. C’est bien à l’intérieur de nous-mêmes que tout se joue : la souillure, elle est celle du cœur. Notre attitude doit être l’expression de la profondeur de notre être, nos actes doivent être accordés à notre cœur à l’écoute de la Parole de Dieu qui est ce chemin sûr qui apporte liberté intérieure, joie et paix. Notre cœur est, hélas, parfois, la source de notre indifférence et de notre péché, mais tout autant la source de notre générosité et de notre désir de communion.
Nous, les êtres humains nous sommes créés par Dieu pour être bons et vivre selon la Loi de Dieu : loi de l’amour de Dieu et de l’amour d’autrui, de tous les hommes; désirer faire alliance avec l’autre et ainsi d’être en alliance avec Dieu et ainsi accéder au vrai bonheur ; vivre une communion profonde ? Entendons ce que l’apôtre Jacques : Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter ; ce serait vous faire illusion. Devant Dieu, notre Père, un comportement pur et sans souillures, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse et de se garder sans tache au milieu du monde. C’est de vivre l’essentiel de ce que Dieu nous demande : tu aimeras Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même. La Tradition doit toujours être confrontée à cet amour divin ; gardons nous d’invoquer l’autorité de Dieu quand il ne s’agit que de pratiques humaines et vivons une réelle communion dans la foi même si nos façons de la vivre sont différentes, selon les sensibilités différentes de chacune et de chacun.
A saint Jacques-saint Christophe, nous avons la chance d’avoir une communauté qui se définit par sa diversité ethnique, par la diversité de nos pays d’origine, par la diversité de nos histoires personnelles, par notre diversité intergénérationnelle, ce qui entraine des pratiques, des sensibilités religieuses, des manières de comprendre et de vivre la foi, différentes. C’est à la fois la richesse et la difficulté de notre paroisse. L’important est de maintenir le dialogue et de rester en communion les uns avec les autres, sûrs que l’Esprit-Saint agit dans le cœur de chacune et de chacun de nous.
Demandons au Seigneur de ne jamais confondre l’extérieur de nos vies avec l’intérieur, là où se trouve l’essentiel ; Demandons-Lui la grâce de trouver dans sa Parole, la lumière qui unifie nos vies et leur donne valeur et force. Et que cette eucharistie exprime une vraie relation avec notre Dieu tout amour, donné en son Fils Jésus Christ.
Père Francis Corbière