Lætare : Dimanche de la joie – homélie

Homélie du Dimanche 19 mars 2023 – Père Stanislas Stawicki

Dimanche de la joie

La « mi-carême » dont vous ne trouverez aucune trace dans le calendrier liturgique, est désormais passée. C’était le 16 mars. Toutefois, le IV dimanche de Carême qui la suit est appelé le dimanche de Laetare, c’est-àdire de la joie. En effet, Laetare, en latin, est l’impératif du verbe « se réjouir ». L’appellation est issue du texte de l’antiphone de ce jour : Lætare Jerusalem ! « Réjouis-toi, Jérusalem, et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez. Soyez dans la joie et l’allégresse, vous qui étiez dans la tristesse ; alors vous exulterez, vous serez rassasiés de consolation » (Is 66, 10-11). Même le prêtre est vêtu autrement à cette occasion. Sa chasuble est rose, ce qui n’arrive que deux fois par an : au dimanche de Gaudete (mi-Avent) et justement au dimanche de Laetare. Le rose est ici une combinaison des ornements violets (ceux de la pénitence) et des ornements blancs (ceux des grandes fêtes). L’association de ces deux couleurs rappelle toutefois que la réjouissance est temporaire et que le Carême n’est pas encore clos. Mais revenons à la joie. Le rire est bon pour la santé et l’humour nous permet de prendre du recul sur ce que nous vivons. « Le rire est le propre de l’homme », dit Bergson ; il démonte la peur ou l’anxiété. Il permet de ne pas se prendre au sérieux. Un peu d’humour nourrit l’amour. Mais si l’humour glisse vers l’ironie et devient une arme contre autrui, on retrouve alors le mépris ou la vengeance. En effet, l’ironie rit de l’autre, l’humour est capable de rire de soi. C’est pourquoi la Bible invite à ne pas prendre le chemin des « railleurs » (Ps 1, 1), c’est-à-dire à ne pas siéger avec ceux qui ricanent. Sur ces fondements, un chrétien sérieux peut non seulement envisager d’être heureux, mais aussi le manifester autour de lui, y compris pendant le Carême. Saint Françoise de Sales conseille : « Devant tes frères, fais-toi un devoir d’être toujours gai et content, quelles que soient les humeurs de ton cœur, car souvent les autres en portent de plus lourdes que toi et surtout, il ne convient pas qu’un serviteur de Dieu se montre triste et sombre de visage ». Et saint Benoît d’ajouter à l’occasion de la mi-carême : « Chacun offrira spontanément à Dieu, dans la joie venant de l’Esprit Saint, quelque pratique supplémentaire et il attendra la Sainte Pâque avec l’allégresse du désir spirituel ».

Père Stanislas