La vie chrétienne est un chemin qui nous mène droit vers la maison du Père

V dimanche de Pâques – Jn 14, 1-12

Chers frères er sœurs,

la vie nous appelle sans cesse à dire au revoir, à nous détacher et à tourner la page. Mais dans chacun de ces passages, nous ne sommes jamais seuls, même si le tentateur essaiera toujours de nous persuader que nous sommes abandonnés et orphelins.

C’était le cas des apôtres dont nous parle l’évangile de ce dimanche. En effet, lorsque nous nous sentons égarés, abandonnés – le sentiment d’être perdus nous accompagne également. L’absence de l’autre fait disparaître les repères. L’autre est une direction. Son absence nous jette dans le désarroi : que dois-je faire maintenant ?

Ainsi, l’apôtre Thomas cherche un chemin parce qu’il se sent perdu. Philippe veut voir le père, parce qu’il se sent orphelin. Il a besoin de retrouver son origine, ses racines, son histoire. Chercher le père, c’est chercher qui je suis, d’où je viens. Le père est celui qui nous donne un héritage et nous permet de construire un avenir. C’est peut-être pour cela que Jésus prononce dans ce passage évangélique les mots que tout fils aimerait entendre de son père: « Tu feras de plus grandes choses que moi ».

Chers frères et sœurs,

tout homme qu’il soit croyant ou non, désire avant tout deux choses : « la connaissance de la vérité » et la « conservation de son être », c’est-à-dire la vie. Eh bien, le Christ annonce que lui-même est en même temps le chemin et le terme : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».

Remarquez que cette phrase nous révèle que la vie chrétienne est un chemin avant d’être une doctrine ! Oui, Jésus est le chemin qui nous mène droit vers la maison de son Père et notre Père : « Dans la maison de mon Père – dit-il, il y a de nombreuses demeures ».

Dites-moi, y a-t-il une image plus rassurante que celle de la maison ? La maison est le lieu de l’intimité et des relations. Et Jésus parle d’une maison où il y a de l’espace ; une maison où l’on peut être accueilli.

Nous savons que la maison a toujours été une représentation de nous-mêmes. Lorsque nous sommes enfants, l’une des premières choses que nous commençons à dessiner est justement la maison. L’enfant se représente indirectement à travers la maison. Voilà pourquoi Jésus nous rassure : « Je pars pour vous préparer une place. Je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi ». Oui, la vie qu’est le Christ est accueillante. C’est une vie pour les autres.

Et encore une petite chose.

Dimanche prochain nous partons à Alençon dans les cadres du pèlerinage paroissial à l’occasion du Jubilé des 150 ans de la naissance et du baptême de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. Le 3 mai 1944, le Pape Pie XII proclamait la même sainte Thérèse patronne secondaire de la France, à l’égal de sainte Jeanne d’Arc. Mercredi dernier nous avons commémoré 79 anniversaire de cette proclamation.

En prenant conscience de cet acte, moi qui suis un étranger et qui aime beaucoup la Petite Thérèse, je me suis posé la question suivante : Comment aider Thérèse à réaliser cette mission d’être copatronne de la France ? Je vous propose deux petites pistes.

D’abord, demander à Jésus de continuer à se servir de Thérèse. Je m’explique. Thérèse a fait des merveilles en France au XX siècle : elle a soutenu des œuvres de charité, elle a converti le cœur des pécheurs, elle a inspiré des missionnaires et des grands artistes, elle a éclairé la conscience d’hommes politiques…, et elle n’a certainement pas décidé de se reposer au XXI siècle ! Mais pour cela, elle veut nous faire participer à sa mission. Autrement dit, pour que Thérèse exerce sa mission de copatronne de la France, nous devrions suivre son conseil en répétant souvent une de ses prières: « Père miséricordieux, au nom de notre Doux Jésus, de la Vierge Marie et des Saints, je vous demande d’embraser Thérèse de votre Esprit d’Amour et de lui accorder la grâce de vous faire beaucoup aimer en France ».

La seconde piste consiste à apaiser la soif de Jésus. Je m’explique. Le cri de Jésus sur la Croix : « J’ai soif », retentissait continuellement dans le cœur de la Petite Thérèse et allumait en elle une ardeur très vive. « Je voulais donner à boire à mon Bien-aimé et je me sentais moi-même dévorée de la soif des âmes » – écrit-elle dans « L’Histoire d’une âme ». Alors, elle décide de ne vivre que pour ça !

Autrement dit, à la racine de la fécondité de Thérèse et de sa mission il y a la contemplation de la soif de Jésus. Eh bien, je pense que sa mission de copatronne de la France s’éclaire à cette lumière. Son objectif n’est pas d’abord d’apporter aux Français un mieux-être temporel, mais d’offrir à Jésus la consolation de trouver en France des hommes et des femmes qui s’intéressent à Dieu ; qui s’occupent de Dieu. « Occupe-toi de mes affaires – disait Jésus à sainte Thérèse d’Avila, et je m’occuperai des tiennes ».

Oui, la Petite Thérèse veut nous dire à nous aussi : « Si vous voulez que Jésus fasse des merveilles en France, occupez-vous de Lui, en accueillant son Amour infini. Il se chargera alors de vos affaires et de celles de la France ». 

Prions Dieu de continuer à se servir de Thérèse pour qu’elle réalise sa mission de copatronne de la France ; offrons à sa Miséricorde les plaies ouvertes de ce pays et occupons-nous surtout de Lui, en accueillant son Amour infini. Le reste – selon la conviction de Thérèse, nous sera donné par surcroît !

Père Stanislas