« Ce ne sont pas les yeux de notre corps qui ne voient pas mais les yeux de notre cœur. »
Au cours de leur marche dans le désert vers la Terre Promise qu’ils trouvent trop dure, les hébreux sont remplis d’amertume, tentés de préférer l’esclavage de l’Égypte à la liberté promise par le Dieu de Moïse. Tous étaient tombés dans l’amertume , le manque de confiance en Dieu, et en eux c’était comme si des serpents les mordaient et les faisaient mourir. En élevant les yeux vers le serpent de bronze dressé par Moïse, ils retrouvaient confiance : le Seigneur les protégeait de la mort et ils pouvaient continuer la route vers la Terre Promise. Jean fait le rapprochement avec la croix du Christ : la Croix nous rappelle nos refus, nos fragilités face au péché, à la maladie, à la mort; mais plus encore la Croix est symbole de vie : carJésus donnant sa vie sur la croix témoigne de l’amour infini du Père pour nous.
Je reprends 3 points de l’évangile :
– « Dieu le Père a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé ». Pendant des siècles, les chrétiens ont vécu dans la peur du jugement de Dieu. Pratiquement, c’était le péché qui encourait le jugement et la colère de Dieu. Rappelons nous le chant « minuit chrétien » qui dit et de son Père effacer le courroux. Cela a fait fuir bien des personnes, malheureusement. Mais il faut reconnaître qu’il y a bien souvent, en nous, une image d’un Dieu qui nous regarde de haut, comme d’un perchoir de tribunal. Ce fameux jugement que nous redoutons, c’est peut-être nous-mêmes qui l’exerçons, car parfois, c’est plus facile de nous enfermer dans nos : « je ne compte plus pour personne, je ne sers plus à rien, je ne suis pas capable, m’a vie est ratée,… » plutôt que de croire en la tendresse de Dieu qui nous voit grands dans notre dignité. Notre vision vient d’un manque de foi dans un Dieu qui n’est qu’amour, qui sait mieux que nous ce dont nous avons besoin. Or c’est vraiment cette image que Dieu nous donne à voir, à entendre, à sentir dans les Ecritures. Un Dieu « riche en miséricorde » qui croit en nous. Le Pape François le rappelait à Ur en Irak : «Dans le monde d’aujourd’hui, qui oublie souvent le Très-Haut ou en présente une image déformée, les croyants sont appelés à témoigner de sa bonté, à montrer sa paternité à travers leur fraternité», oui, avant même nos erreurs, c’est nous qui sommes présents dans le cœur de Dieu. Il veut nous inonder de sa vie et de ses dons, Il veut nous ouvrir les yeux, dessiller notre regard. Pour que les dons de Dieu puissent couler de Lui jusqu’à nous, il est nécessaire que nous Lui ouvrions notre cœur. Les dons de Dieu ont absolument besoin de trouver en nous l’accueil, le désir. Dieu a besoin de notre confiance. Dieu ne nous juge pas.
– « Dieu le Père a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique : afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle ». Pour permettre à Dieu de nous donner sa vie et de nous inonder de ses dons, demandons Lui de Lui faire confiance. Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur la parole et la personne de Jésus, Lumière du monde, pour nous aider sur ce chemin…..Vous catéchumènes, n’avez-vous pas rencontrés véritablement Jésus parce que vous avez trouvé en Lui une Lumière dans votre vie, quelqu’un qui entendait vos attentes et vos cris ? En regardant la croix de Jésus élevé sur le monde chacun de nous, nous pouvons choisir de vivre dans la lumière de Dieu qui nous place, avec l’espérance que cet amour nous donne, dans la vérité de notre vie. Cette rencontre avec Jésus ouvre notre vie sur la vie éternelle de Dieu, avec Dieu, qu’il nous donne de partager chaque jour, à chaque instant.
– « Celui qui fait la vérité vient à la lumière ».Nous préférons bien souvent les ténèbres à la lumière .Si nous voulons être vrais avec nous-mêmes reconnaissons que bien souvent, nous sommes souvent aveugles sur nos propres motivations, nous fermons les yeux sur nos faiblesses, nous confondons l’essentiel et le superficiel. Nous sommes aussi bien souvent aveugles devant la misère, l’injustice, les violences de ce monde. A la lumière de cet amour infini, nous sommes placés dans la vérité de notre vie, et c’est cet amour seul qui peut éclairer nos ténèbres, notre péché, nous donner de prendre conscience du mal que nous faisons et nous rend capables de discerner ce qui est vrai de ce qui est mensonge. En refusant d’accueillir le salut mis en lumière par le Christ Jésus, nous portons bien souvent sur nous-mêmes un jugement dur et définitif . En refusant l’infini de l’amour divin, nous regardons notre vie à la mesure de ce que nous voyons, ressentons, envisageons. Et c’est souvent bien petit. Nous avons besoin de la lumière du Christ pour voir la réalité sur nous-mêmes, sur notre destinée, sur le monde.
Alors ce matin, nous croyants, chacun, chacune, et vous chers catéchumènes, enracinés dans l’amour du Père pour son Fils, recevons l’Esprit pour témoigner à notre monde, par notre vie, que la Lumière de l’Amour est venue pour le sauver.
Père Francis Corbière