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Pentecôte : tous furent remplis d’Esprit Saint

“L’Esprit ne vient pas dans notre force, mais dans notre faiblesse, lorsque nous sommes capables de dire : Viens Esprit Saint.”

Pentecôte – Jean 15,26-16,12-15

Je ne sais pas si vous vous êtes déjà rendu compte qu’aucun récit évangélique ne parle directement de la Pentecôte chrétienne. Seul saint Luc, comme pour la fête de l’Ascension, dans le livre des Actes des Apôtres, nous raconte ce qui s’est passé ce jour là. D’après son récit, il a fallu 50 jours pour que les disciples de Jésus comprennent la signification de la Pâques et se laissent libérer de toutes sortes d’enfermements. Notez le bien: il a fallu 50 jours d’une thérapie très intense donnée par Jésus lui-même pour libérer ses disciples de la peur!

Nous aussi, nous sommes souvent enfermés dans nos peurs et dans nos préjugés :

la peur de l’autre,

la peur de blesser ou d’être blessé,

parfois la peur de la solitude ou de l’intimité,

la peur d’être critiqué ou la peur d’échouer,

la peur de notre propre faiblesse, et ainsi de suite.

Bien souvent ces peurs ancrées dans la fragilité et les blessures de nos vies, nous paralysent et nous bloquent en nous empêchant d’accueillir nos difficultés dans la vie relationnelle. Pire encore: ayant une image négative de nous-mêmes, nous cachons notre pauvreté, en nous promenons avec des masques ré-ajustables selon les circonstances.

Il y a quelques années, j’ai lu un petit ouvrage intitulé « Au risque de l’intimité ». Son auteur énumère 4 types de masques qui nous protègent de nos peurs, et avec lesquels nous aimons nous promener: le conciliant, le critiqueur, l’ordinateur et le distrait.

  • Le conciliant : c’est une personne tampon qui cherche à éviter tout affrontement et accepte n’importe quoi pour être en paix. Il a toujours peur de déranger alors il veut plaire à tout le monde.
  • Le critiqueur : c’est celui qui veut rester toujours en position de force. Les autres ne lui servent qu’à répondre à son besoin d’être important. Il attaque toujours en premier car, d’après lui, la meilleure défense c’est l’attaque.
  • L’ordinateur : c’est un type « programmé ». Il cache tous ses sentiments. D’après lui les émotions sont dangereuses. Il vaut mieux de ne pas les manifester. Ce qui importe, c’est de vivre intelligemment et d’agir par raison.
  • Et enfin, le distrait. Lui aussi, il a peur des émotions et de considérer la réalité en face. Alors, il se distrait ou il distrait les autres pour se faire aimer. Ce qu’il dit n’a pas souvent beaucoup de sens, mais cela fait rire. Il est donc très apprécié et recherché pour les fêtes et les soirées d’amis.

Les masques sont là, mes frères et sœurs! Ils nous protègent, et il serait illusoire qu’ils tombent à nos premiers désirs de changement dans nos comportements. N’oublions pas qu’il a fallu 50 jours d’une présence et d’une thérapie très intense donnée par Jésus lui-même, pour libérer ses disciples de leurs masques. Il a fallu la Pentecôte, la force d’en haut, pour que ces hommes et ces femmes soient libérés de leurs peurs et de leur besoin de paraître.

Et encore une petite chose.

On dit que « l’Esprit Saint est un Dieu inconnu ; un grand inconnu de la Sainte Trinité ». Oui, Dieu le Père – on voit à peu près qui il est, car on a l’image de la paternité sur la terre ; Dieu le Fils, Jésus – on peut se le représenter assez aisément, car il a pris notre chair, s’est fait homme et a habité parmi nous. Mais le Saint-Esprit ? On a du mal à se le représenter, à se faire une idée de qui il est.

Le Pape François en parlant un jour de l’Esprit Saint, a raconté cette petite anecdote personnelle. « Une fois – disait-il, lorsque j’étais curé d’une paroisse, durant la messe pour les enfants, le jour de la Pentecôte, j’ai demandé: Qui sait qui est l’Esprit-Saint ? Tous les enfants ont levé la main… L’un d’eux a répondu: « L’Esprit Saint est un paralytique ».

Il avait entendu « Paraclet », du grec « Paraklêtos, ce qui signifie défenseur ou avocat, le nom que saint Jean donne à l’Esprit Saint dans l’évangile de cette fête, et il avait compris « paralytique ». Oui, si nous restons si souvent malades, paralysés et infirmes dans notre vie spirituelle, dans notre marche vers Dieu et dans notre service de l’Eglise – c’est parce que nous confondons le PARACLITO avec le PARALITICO.

Demandons donc aujourd’hui la grâce de nous ouvrir plus souvent à la force d’en haut, tout en sachant que l’Esprit Saint ne nous est pas donné parce que nous sommes forts, bien sages et capables de réussir notre vie tout seuls. L’Esprit ne vient pas dans notre force, mais dans notre faiblesse, lorsque nous sommes capables de dire : Viens Esprit Saint. Lave ce qui est souillé ! Guéris ce qui est blessé ! Rends droit ce qui est faussé ! Réchauffe ce qui est froid !

Oui, chers frères et sœurs, reléguer l’Esprit Saint aux oubliettes de notre existence, c’est se priver de la source qui renouvelle et transforme nos manières de vivre et d’aimer.

Père Stanislas

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