Homélie du dimanche 9 juillet 2023 – Père Stanislas Stawicki
Cette homélie a été enregistrée pendant la messe anticipée (samedi 8 juillet 2023)
XIV Dimanche – Mt 11, 25-30
Dans l’Évangile de ce dimanche Jésus évoque quelques impératifs. Comme son nom l’indique, l’impératif est utilisé pour exprimer des impératifs ! Il sert à donner des ordres à la forme positive ou une défense à la forme négative.
Mais l’impératif peut également s’utiliser pour donner un conseil, faire une suggestion ou exprimer un souhait. Je m’arrête avec vous et pour vous sur deux impératifs de l’évangile de ce dimanche : Le premier : « Venez à moi », et le second : « Devenez mes disciples ».
« Venez à moi », d’abord ! Cet impératif s’adresse à tous ceux qui se sentent « fatigués et opprimés ». Chose intéressante ! Jésus ne dit pas à ceux qui peinent sous le poids du fardeau: faites ceci ou cela : partez à la montagne ou au bord de la mer, et vous obtiendrez le repos ! Il dit : « Venez à moi, et je vous procurerai le repos » !
Dans ce contexte, puisque l’été a déjà commencé, et avec lui le temps de repos tant recherché, il serait utile de nous demander : Qui a eu cette idée d’inventer les vacances ?
Eh bien, c’est une idée vieille comme le monde. Le mérite de ce repos attendu revient au Créateur, qui d’ailleurs, a eu le bonheur de le goûter lui-même : « Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite – nous lisons dans le Livre de la Genèse. Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite » (Gn 2,2).
C’est donc Dieu qui a inventé les vacances ! Plus, il leur a donné une grande dignité: « Et Dieu bénit le septième jour : il le sanctifia puisque, ce jour-là, il se reposa de toute l’œuvre de création qu’il avait faite » – nous lisons toujours dans le premier livre de la Bible (Gn 2, 3).
Certes, l’auteur biblique ne détaille pas les activités de loisir organisées là-haut par le Seigneur. Pourtant, le texte laisse clairement penser que le repos divin n’est pas une oisiveté autocentrée. Il s’agit de regarder l’œuvre accomplie, parce que les vacances sont d’abord cela : la récompense d’un travail accompli comme le fruit de la grâce du Créateur qui a voulu que l’homme participât, même imparfaitement et péniblement, à la création. Ainsi, comme le dimanche pour une semaine, les vacances pour une année, sont ordonnées à l’action de grâce et à la remise de nos vies à Dieu.
Dans le cours des événements, et nous le savons très bien, il n’est pas toujours facile de remettre au Seigneur tous les moments vécus et les tâches réalisées. Seul le changement de rythme ou de lieu permet d’orienter les préoccupations de la terre vers les réalités du ciel. Voilà pourquoi les vacances ont été inventées.
Passons maintenant au second impératif : « Devenez mes disciples » ! Ce qui veut dire: mettez-vous à mon école ; une école qui n’est pas sans une certaine discipline, bien sûr ! Cette discipline qui fait le disciple ! En effet, la construction de notre identité de disciple est un chemin ardu. Le disciple apprend, il n’enseigne pas ! C’est le labeur quotidien du disciple.
Et que ce que Jésus veut nous apprendre à son école ? Principalement la douceur et l’humilité : « Venez à moi, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur ». Voyez-vous ! On va à l’école de Jésus pour apprendre la douceur et l’humilité.
Saint Augustin dans une lettre adressée à un certain Dioscore qui l’accablait avec beaucoup de question au sujet des impératifs de la vie chrétienne, donne la réponse suivante : « Le premier impératif, c’est l’humilité; le second, l’humilité; le troisième, l’humilité. Toutes les fois que tu m’interrogeras, je te répondrai la même chose » (Lettres, 118, III, 22).
Chers frères et sœurs, la crise spirituelle que traverse le monde aujourd’hui, est due au fait que la plupart des hommes ont oublié qu’ils soient crées à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ils se prennent pour Dieu !
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Dieu nous a créés homme ou femme et aujourd’hui nous disons que chacun peut choisir d’être homme ou femme.
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Nous prétendons lutter contre les mutilations génitales mais en même temps nous promouvons le changement de sexe avec des mutilations plus nocives encore.
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Nous nous bâtons pour protéger la nature, mais en même temps nous détruisons le mariage et la vie.
Face à tout cela, il est urgent d’aller à l’école de Jésus, non pas par mépris de l’homme et de la création, mais pour découvrir la grandeur de l’homme crée à son image et sa ressemblance : « Venez à moi, devenez mes disciples, et vous trouverez le repos pour votre âme ». Âme, justement l’âme ! Vous trouverez le repos pour votre âme !
Mercredi dernier nous avons commémoré 75. anniversaire de la mort de Georges Bernanos (5 juillet 1948). Il est assurément un des écrivains catholiques les plus marquants du XXe siècle et un auteur important pour comprendre les dangers qui guettent les chrétiens aujourd’hui.
En effet, dans son roman « La France contre les robots » – livre qui constitue son testament politique – Bernanos dénonce la « civilisation des machines » qui mène une lutte contre la vie intérieure. La conséquence en est que les hommes ne ressentent plus leurs âmes.
« Les âmes – écrit Bernanos, on rougit presque d’écrire aujourd’hui ce mot sacré. L’homme n’a de contact avec son âme que par la vie intérieure, et dans la civilisation des machines la vie intérieure prend peu à peu un caractère anormal ».
Oui, l’âme est en chacun de nous comme la source de son identité, comme le creuset de sa personnalité et comme la signature de sa sacralité. C’est elle qui donne le sens de la vie et le goût de Dieu. Pour la rejoindre, il est essentiel de la respecter, de l’alimenter et de l’éduquer à l’école de Jésus.
Père Stanislas