« Jésus nous révèle la semence de sainteté qui sommeille en chacun(e) de nous, celle qui consiste à la confiance qu’Il nous fait : une sainteté qui nous invite à partager avec celui qui a faim, à recueillir le malheureux.«
Lectures : Cinquième dimanche du temps ordinaire
En cette Journée Mondiale du Malade, le message de notre pape François commence par cette parole de Jésus : « Venez à Moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et je vous soulagerai ». Ces mots de Jésus expriment sa solidarité à tant de personnes souffrant dans leur corps et dans leur esprit. C’est une parole qui donnait l’espérance.
Ailleurs le pape François poursuit : ces sœurs et frères malades et fragilisés par l’âge, qui attirent le regard et le cœur de Jésus sont invités à trouver dans l’Église un lieu pour les réconforter : à l’Église d’être ce lieu qui veut être toujours davantage et toujours mieux l’auberge du bon Samaritain qu’est le Christ. La maison où ils peuvent trouver son amour miséricordieux: le regard chaleureux, l’accueil, le soulagement auprès de frères et sœurs guéris eux aussi dans leur fragilité par la miséricorde de Dieu et capables de les aider à porter leur croix .
.. Mes amis, certes, Jésus connaît nos fragilités, nos handicaps, nos faiblesses, mais chacune, chacun à sa manière, nous sommes ces personnes guéries dans notre fragilité par la miséricorde de Dieu. Et comme nous le rappelle l’Évangile de ce dimanche : baptisés, nous avons reçu une mission ; Jésus nous dit : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde »; aujourd’hui, maintenant , dans le présent de votre vie avec ses générosités et ses misères, vous êtes pour les autres.
Dans cette parole, que je trouve extraordinaire, Jésus nous révèle un troisième regard sur nous-mêmes… Un autre regard que celui que nous avons sur nous-mêmes (souvent dur et peu aimant). Et un autre regard que celui que les autres posent sur nous (si souvent blessant et mortifère). Avec Jésus, Dieu ne nous regarde pas à partir de nos fautes, de nos insuffisances ou de nos péchés. Il nous regarde à partir de nos faiblesses, de nos fragilités, de nos pauvretés : Oui, Je sais qui tu es, je te dis qu’au fond de toi, il y a un doux, un pauvre de cœur, un artisan de paix, un consolateur,un pur, un assoiffé de justice. Je le sais, c’est Moi qui t’ai créé. Si tu consens à ce que je te regarde autrement que tu ne te vois, autrement que ne te voient les autres, tu seras bienheureux. Oui, bienheureux sommes-nous si nous expérimentons ce regard de Dieu sur nous, révélé par son Fils.
Jésus nous révèle la semence de sainteté qui sommeille en chacun(e) de nous, celle de la confiance qu’Il nous fait : une sainteté, pas seulement en dévotion mais en actes, qui nous invite , comme nous le rappelle la première lecture d’Isaïe, à partager avec celui qui a faim, à recueillir le malheureux, à faire disparaître le joug qui rend qui rend certains hommes esclaves des autres, à ne pas nous dérober à notre semblable.
Être sel de la terre et lumière du monde ne consiste pas à faire des choses extraordinaires, mais à être habités par l’esprit des béatitudes, par ce qu’il y a de meilleur en nous, par ce que le Saint Esprit nous communique, afin que ce que nous vivons, ce que nous donnons à voir, apporte un peu de goût pour la vie, un peu de lumière dans l’obscurité de la vie. Et, cela , quels que soient nos manques et nos difficultés personnelles.
Cette attention à l’autre , dans les petites choses , nous fait être sel et lumière. Bien souvent nous n’en avons pas conscience, mais il nous arrive parfois, souvent longtemps après, que quelqu’un nous dise vous avez été pour moi un peu de sel, un peu de lumière , vous m’avez redonné goût à la vie, vous m’avez éclairé dans telle situation. Il ne s’agit pas bien sûr de nous en enorgueillir, mais d’en rendre grâce à Dieu qui prend le risque de nous confier son sel et sa lumière en nous faisant confiance.
S’il est vrai que le Seigneur est toute notre espérance, puisse-t-il mettre en nos cœurs le désir de refléter sa lumière sur tous les autres à commencer, en cette Journée Mondiale du Malade sur tous nos frères et sœurs malades et fragilisés, sans oublier ceux qui n’ont plus la capacité physique de venir prier avec nous dans notre église de Saint Jacques-Saint Christophe. Et que risquons d’oublier… Oui, n’oublions jamais que pour les personnes malades ou âgées dont la santé se dégrade et qui ne pouvant plus se déplacer risquent de se sentir souvent oubliées par les membres de la communauté, le premier des sacrements est la visite….
Je termine, maintenant, en m’adressant plus spécialement à vous qui allez recevoir le sacrement de l’Onction des Malades. Mais il est des temps où la vie est plus lourde à porter, des moments où l’on se découvre plus fragile ou plus vulnérable, dans sa santé et dans sa vie et où l’on cherche d’où pourrait venir le secours. Pour ces moments l’Église propose un trésor : le sacrement de l’onction des malades. Comme tout sacrement , ce sacrement est un signe qui rappelle si bien la manière délicate avec laquelle Jésus s’approchait de celles et de ceux qui souffrent. Ce sacrement a trop longtemps été compris à tort comme l’extrême onction, comme un dernier geste qu’il serait essentiel de poser pour être « en règle », comme un passeport pour bien mourir.
Or bien au contraire, il s’agit de dire au Christ : « ma vie est trop lourde à porter, aide-moi » ! Et de le lui dire dès que la vie devient trop lourde à porter…sans qu’il y ait forcément un « danger de mort » ! Dans ce sacrement qui est celui de la tendresse de Dieu, Jésus s’approche de nous et puisqu’il nous est trop difficile de continuer à marcher, Jésus nous prend dans ses bras, nous porte pour que nous reprenions force et courage, pour que nous retrouvions paix et sérénité.
En recevant ce cadeau, vous qui allez recevoir ce sacrement de l’Onction des Malades, vous devenez vraiment vous-même témoins de la tendresse de Dieu pour vous-mêmes et de sa présence fidèle dans la fragilité humaine. Car tout sacrement fait de nous des témoins ! Autrement dit, vous ne recevez pas l’onction que pour vous ou pour vous sentir mieux, mais aussi pour rendre compte de l’amour de Dieu pour chacun, pour être sel de la terre et lumière du monde.
….Rendons grâce pour les merveilles que le Seigneur fait en vous et pour vous
Père Francis Corbière
Evangile et Homélie
Onction des malades
Orgue :Au grand Orgue, Guy Didier
Les autres homélies du Père Francis Corbière
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