« Plus il y a de désespérance autour de nous, plus il nous faut offrir »
Dans un climat de morosité ambiante causée par la covid, d’inquiétudes multiples, de terrorisme barbare, dans une société rendue incapable de penser la transcendance et la destinée ultime de l’homme, proposant même parfois des moments de plaisir au triste parfum de désespérance, du genre de cette publicité affichée sur les bus et dans le métro : « Découvrez le meilleur site de rencontres extra-conjugales » !! , la fête de la Toussaint est un rayon de lumière et un beau signe d’espérance !
Nous fêtons la foule innombrable de ceux qui ont suivi l’Agneau immolé. Ils ont cru à l’amour dont le Père les a comblés et ils sont allés jusqu’au bout de l’amour, pauvrement, humblement, comme nous, tombant et se relevant, à travers les épreuves de la vie ; mais ils ont gardé la foi et la confiance en Dieu, sûrs, comme nous le rappelle saint Jean dans la deuxième lecture, « qu’enfants de Dieu, nous le sommes ».
Ils ont entendu pour eux-mêmes ce que nous rappelle le pape François dans son exhortation à la sainteté : « N’aie pas peur de viser plus haut, de te laisser aimer et libérer par Dieu. N’aie pas peur de te laisser guider par l’Esprit saint. N’aie pas peur de la sainteté : la sainteté, c’est la rencontre de la faiblesse avec la force de la grâce.. Elle ne t’enlèvera pas les forces, ni la vie, ni la joie. C’est tout le contraire, car tu arriveras à être ce que le Père a pensé quand il t’a créé et tu seras fidèle à ton propre être. Dépendre du Père nous libère des esclavages et nous invite à reconnaître notre propre dignité ».
Alors que fanatisme n’est qu’un « bannissement de Dieu, une dramatique absence de Dieu au sein même d’un discours pieux, qui a tout de la religion, excepté l’essentiel : l’amour de Dieu », amour de Dieu qui chez tout fanatique reste introuvable. Comme le dit le théologien Adrien Candiard, le fanatique ne cesse de parler de Dieu, avec excès, mais sait fort bien s’en passer. Il prend ses désirs les plus scabreux et les plus destructeurs pour la volonté de Dieu, et il reste imperméable au salut qui n’est pas autre chose que l’accueil de l’amour de Dieu. Les saints, eux, tout au contraire, qui ne sont pas des gens parfaits, ont simplement accepté que le Seigneur puisse les sauver et libérer leur cœur. Ils ont cru à l’amour et au bonheur malgré tout. Ils ont cru en la capacité transformante de l’amour de Dieu et se sont livrés au Christ. Ils ont cru que chacun a sa place dans le cœur de Dieu. Ils ont laissé Dieu désarmer leurs idolâtries, assouplir leurs rigidités, saper leur suffisance et leur rappeler qu’avec Lui, Dieu, il n’est jamais question que d’amour.
Certes, nous le savons bien, il n’est pas facile d’accepter, dans la confiance, cet amour inconditionnel de Dieu. Sans doute faut-il toute une vie pour le laisser peu à peu entrer dans chaque pièce de notre être, y compris les chambres bien fermées dans lesquelles nous-mêmes ne pénétrons qu’avec angoisse.
Les saints ont vraiment reconnu que l’Evangile des Béatitudes vient rejoindre tout être humain et lui dire sa grandeur et sa vocation au bonheur. Chaque phrase des Béatitudes révèle un trait de la personnalité de Jésus et nous invite à lui ressembler, aussi cabossés par la vie que nous soyons, quelles que soient les contraintes, les difficultés économiques et sociales dans lesquelles nous nous trouvions, les peurs qui nous assaillent, et à nous souvenir des actions de Dieu dans notre vie, à poursuivre la route avec Lui car nous sommes tous appelés à la sainteté. Bienheureux, alors, sommes-nous ; oui, le bonheur ne s’obtient qu’en vivant une conversion radicale et donc en suivant le chemin de l’amour véritable, tel que le Christ nous l’a tracé. Lui qui nous a montré que l’amour s’abaisse, se donne, refuse la contrainte et la violence, rend vulnérable et compatissant, a un grand sens de la justice, fait miséricorde, est profondément chaste : c’est-à-dire aime l’autre pour l’autre et non pas pour soi même, œuvre pour la paix, espère tout et supporte tout. Pour nous chrétiens, le vrai bonheur passe par la croix comme révélation du plus grand amour, de l’amour jusqu’au bout.
Nous les Chrétiens, nous sommes appelés à méditer les béatitudes et à en vivre pour annoncer à tous quel est le vrai bonheur. Plus le monde semble s’égarer dans des radicalismes dévoyés : fausses radicalités, plus les gens sont dans la détresse et la souffrance, plus il y a de désespérance autour de nous, plus il nous faut offrir, chacun et chacune, non comme des chrétiens médiocres, mais en vivant pleinement les béatitudes, non pas de l’eau tiède mais la vitalité d’une eau vive jaillissant en vie éternelle; et plus il nous faut être pauvres de cœur, doux, compatissants, assoiffés de justice, miséricordieux, chastes et purs , artisans de paix et prendre notre part de souffrance.
Puissions-nous, aujourd’hui, dans ce désir de sainteté que nous nous efforçons de vivre, sans violence, ni provocation, à la suite de Jésus l’Homme des béatitudes, être le signe de la présence agissante et miséricordieuse de l’Esprit Saint parmi les hommes, tout spécialement au cœur de notre société tourmentée.
Et avec tous les saints, confiants en leur intercession, rendons grâce à Dieu !
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