« La foi ne se mesure donc pas. Être croyant, ce n’est pas avoir la foi ou la posséder. Être croyant, c’est être, c’est devenir, c’est être en chemin. »
Lectures : Vingt-septieme dimanche du temps ordinaire
Tout l’évangile de saint Luc est une montée vers Jérusalem, lieu où va se jouer l’événement fondateur de la foi chrétienne : la mort-résurrection du Christ. Tout au long de la route, Jésus Christ nous apprend comment vivre comme chrétien ou plutôt comment être chrétien… Aujourd’hui, c’est peut-être l’évangile un des plus dur: la foi chrétienne ne revendique rien. Le croyant ne peut se targuer de ses bonnes œuvres; il n’est qu’un esclave inutile (traduction grecque de l’évangile). Le chrétien ne doit exiger aucune récompense : sa seule joie est de servir, parce que le croyant sait qu’il est aimé gratuitement par celui qu’il sert : Dieu… Ce Dieu que l’on rencontre à travers l’autre, les autres.
Pour beaucoup de nos sœurs et de nos frères, Dieu semble absent de nos vies et de notre quotidiennes. À chaque jour, on assiste à des tragédies, à des événements, où l’injustice cause tant de souffrances… Où est Dieu dans tout ça? Que fait-il? Ces questions sont souvent posées; elles sont le lot des croyants, mais les réponses ne sont pas évidentes. Même pour les saints. Nous savons aujourd’hui que même Mère Teresa a douté de Dieu, voyant la misère et la grande pauvreté des gens pour qui elle avait consacré sa vie.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, saint Luc nous montre que ce n’était pas plus facile de croire au début du christianisme : « Les disciples dirent au Seigneur : Augmente en nous la foi! », comme si la foi se mesurait. La réponse du Christ de l’évangile est déconcertante : « Le Seigneur répondit : La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : Déracine-toi et va te planter dans la mer; il vous obéirait ».
Il y a deux leçons dans ce verset : 1) La foi, il en faut très peu pour faire de grandes choses et pour preuve, la graine de moutarde est la plus petite de toutes les semences. 2) La mer est le symbole des forces du mal et de la mort; y planter un arbre, c’est faire surgir le bien du mal, la vie de la mort… C’est ce qu’il y a de plus grand à faire.
Déjà, dans l’Ancien Testament, au 6è siècle avant le Christ, on vivait difficilement cette absence de Dieu. Le prophète Habacuc dans la 1ère lecture, s’insurge que Dieu n’intervienne pas pour faire cesser l’injustice : « Combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler au secours, et tu n’entends pas, crier contre la violence, et tu ne délivres pas!…? Devant moi pillage et violence; dispute et discorde se déchaînent » (Hc 1,2-3). Malgré ses doutes, le prophète ne désespère pas.
La foi ne se mesure donc pas. Être croyant, ce n’est pas avoir la foi ou la posséder. Être croyant, c’est être, c’est devenir, c’est être en chemin. Cette question des apôtres laisse entendre que la foi, c’est quelque chose que l’on peut avoir ou perdre, augmenter ou diminuer. Car personne ne peut avoir Dieu ».
2. À une première lecture de l’évangile de ce dimanche, on pourrait se sentir humilié par ce récit. D’abord, Jésus semble nous accuser de ne pas avoir la foi, et ensuite, il a tout l’air de vouloir nous traiter plus bas encore que des domestiques. On pourrait se demander : Mais où est l’Amour de Jésus pour nous? Un théologien, Jean Debruynne répond : « Si Jésus reprend la parabole du domestique, c’est justement parce que les apôtres avec leur esprit matérialiste continuent de voir Jésus comme le patron et eux comme les domestiques.
Alors que pour Jésus, nous n’avons pas été embauchés pour être des domestiques. Ce n’est pas parce que nous sommes de bons serviteurs, que Dieu nous aime. Dieu nous aime parce qu’il est Amour et cela suffit. Ce ne sont pas nos mérites qui comptent… Seul compte l’Amour dont Dieu nous aime. N’allons pas imaginer que l’accomplissement de nos devoirs puisse ajouter à l’Amour de Dieu. Qui pourrait prétendre ajouter quelque chose à l’infini? Arrêtons donc de dire : J’ai la foi, j’en ai moins ou j’en ai plus. La foi ne se dose pas, elle se vit. Alors vivons! »
Sœurs et frères, L’évangile d’aujourd’hui porte un message important: Il nous faut apprendre, dans la vie, à ne pas nous sentir indispensable.
Oui : comme Jésus par rapport à son Père et notre Père, « Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir » (Lc 17,10). Cet évangile nous remet face à ce qui est le cœur même de notre foi : imiter Jésus comme serviteur, doux et humble de cœur. Imiter aussi Marie, humble servante. Oui, en me mettant au service du Père, je collabore au salut du monde, à ma place dans l’Église, en mettant mes énergies, mes talents, au service de Dieu et de mon prochain. C’est là qu’est vraiment ma récompense, rien que là il y a déjà une joie !
Et plus tard, après avoir accompli tout ce que nous avons à faire, nous pourrions, comme nous le promet Jesus dans l’evangile de ce dimanche: « Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour » (Lc 17,8b). N’est-ce pas le festin du ciel qui nous est promis? C’est la récompense ultime qui nous est donnée par Amour, par ce Dieu qui n’est qu’Amour.
Evangile et homélie (Père Christophe Hermanowicz)
Orgue :Au grand Orgue, Guy Didier
Oeuvres de A. Guilmant
Entrée : 3ieme sonate – 1er mouvement : « Preludio »
Offertoire : « Lamento »
Communion : 5ieme sonate – 5ieme mouvement : « Fugue »
Sortie : 4ieme sonate : « Final »
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