Une approche comparative du banquet Pascal selon le catéchisme de l’église catholique et la vision du banquet nuptial des jeunes mariés dans la tradition juive nous apporte des éclairages intéressants.
Selon le catéchisme de l’église catholique, le banquet Pascal peut être perçu comme un repas rituel, une communion sainte, et le moment-lieu de la rencontre avec L’Autre, visage du Christ.
« La messe est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang du Seigneur. Mais la célébration du sacrifice eucharistique est toute orientée vers l’union intime des fidèles au Christ par la communion. Communier, c’est recevoir le Christ lui-même qui s’est offert pour nous.
L’autel, autour duquel l’Église est rassemblée dans la célébration de l’Eucharistie, représente les deux aspects d’un même mystère : l’autel du sacrifice et la table du Seigneur, et ceci d’autant plus que l’autel chrétien est le symbole du Christ lui-même, présent au milieu de l’assemblée de ses fidèles, à la fois comme la victime offerte pour notre réconciliation et comme aliment céleste qui se donne à nous. » Qu’est-ce en effet l’autel du Christ sinon l’image du Corps du Christ ? » – dit S. Ambroise (…) La liturgie exprime cette unité du sacrifice et de la communion dans de nombreuses prières. Ainsi, l’Église de Rome prie dans son anaphore : « Nous T’en supplions, Dieu Tout-Puissant : que [cette offrande] soit portée par ton ange en présence de ta gloire, sur ton autel céleste, afin qu’en recevant ici, par notre communion à cet autel, le corps et le sang de ton Fils, nous soyons comblés de ta grâce et de tes bénédictions. »
Dans son ouvrage « Le livre brûlé » p291-292, le rabbin Marc Alain Ouaknin, évoque sur le repas du mariage juif « le repas est considéré dans la tradition juive comme un rite de renouvellement. En effet « manger », c’est accomplir l’acte fondamental de renouvellement de la vie. En absorbant et en assimilant la matière extérieure, le corps procède à une opération de « conversion d’énergie où les éléments organiques usés sont remplacés par des éléments nouveaux, grâce auxquels il assure son propre renouvellement. Dans le judaïsme manger est un acte rituel fondamental. A cette signification rituelle de l’acte de manger, le repas pris en commun ajoute la dimension d’un rite social. Lorsque des personnes se réunissent pour manger ensemble, il se crée entre eux une communauté spécifique, où chacune, tout en conservant son individualité propre, partage avec les autres une même expérience fondamentale, celle du renouvellement de la vie. »
Plus loin il précise, les « nouveaux visages » des convives doivent être perçus par les mariés comme leur propre visage… Le nouveau venu, l’être-à –venir, n’est pas une personne en plus, sans plus, mais une personne qui compte, qui est comptée, par qui le compte (le Miniane) se fait. Le poids de la personne doit, selon Rav Yéhouda, être marqué symboliquement, mais effectivement dans le temps du projet de la semaine inaugurale… La présence a un sens parce qu’elle se révèle… Les nouveaux visages signifient qu’il doit être envisagé dans la relation à Autrui, l’apparition d’un Autre, autre radicalement.»
Sepher Beréchit, sur le site chiourim, nous explique « C’est pourquoi, l’une des conséquences directes de cette exigence oblige à ce que chaque jour, apparaissent des « Panim ‘Hadachot » – littéralement des « nouveaux visages » qui n’ont pas encore pris part aux réjouissances des jeunes mariés et qui, par leur présence (même celle d’un inconnu !), permettront l’élaboration accomplie de ce modèle de l’humanité que représente un minyane de 10 personnes. »
Voir dans le « nouveau visage » du banquet Pascal, un Autre qui accomplit le modèle de l’humanité. Ne peut-on voir dans le catéchisme de l’église catholique une approche, différente, et pourtant si proche.
Ceux qui reçoivent l’Eucharistie sont unis plus étroitement au Christ. Par là même, le Christ les unit à tous les fidèles en un seul corps : l’Église. La communion renouvelle, fortifie, approfondit cette incorporation à l’Église déjà réalisée par le Baptême.
C’est également, ce que nous dit le pape, François quand il nous invite :
« Jésus, aide-nous à aimer Dieu comme un Père et notre prochain comme un frère. »
« Dans la famille, on apprend à aimer et à reconnaître la dignité de chaque personne, spécialement de celle qui est plus faible. »
« Le chrétien est quelqu’un qui sait s’abaisser pour que le Seigneur grandisse, dans son cœur et dans le cœur des autres. »
Demandons à Dieu ne nous aider à voir dans le visage de l’Autre, son visage.
Sources :
http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P3X.HTM,
Le livre brûlé, Marc Alain Ouaknin, ed. Points, 291-292