Le cri de Job est celui de la souffrance innocente. Il blasphème et il adore, il en appelle à Dieu contre Dieu. Il refuse les explications toutes faites du mal et de la souffrance que lui opposent ses amis.
La souffrance reste une énigme et la mort aussi. Il n’y a pas de réponse. Il y a une Présence mystérieuse au cœur du mal, que Job a pressenti. Saint Paul a compris quand, à la suite de Jésus, il veut devenir « le serviteur de tous » et se faire « tout à tous ». Nous avons besoin de témoins qui révèlent la présence agissante de Dieu au sein du malheur et de l’injustice.
Job réclamait une explication à la souffrance. Sur ce point, Jésus ne répond pas. La souffrance n’est pas de l’ordre de l’explicable, elle est de l’ordre du mystère. Selon le beau mot de Paul Claudel, il n’est pas venu « supprimer le mal, encore moins l’expliquer ; il est venu le remplir de sa présence ».
Dans l’évangile, on voit Jésus guérir les malades, chasser les démons. Pourtant, le lendemain, il part ailleurs, dans le désert pour prier et il ne retourne pas auprès de ceux qui viennent chercher la guérison. C’est étrange, il dit seulement : « Je proclame l’évangile, c’est pour cela que je suis sorti. » Pourquoi, Jésus ne guérit-il pas toute maladie, ne chasse-t-il pas tout le mal qui est dans le monde ? A défaut d’expliquer, il pourrait au moins agir ?
Jésus nous dit qu’il est là pour « proclamer l’évangile ». Paul nous dit la même chose dans la seconde lecture et, il le dit par 3 fois : il est là pour annoncer l’Evangile. Paul reprend à son compte la charge du Jésus de l’évangile de Marc. Paul nous dit que la mission du Christ est devenue la nôtre.
Nous ne devons jamais oublier que la nature et la création nous ont été confiées et que c’est à nous qu’il est donné le pouvoir de guérir et de soulager la souffrance. La vie est un don qui est dans nos mains. C’est à nous de visiter les malades, de ne pas les rejeter, de ne pas les oublier. C’est ce que de nombreux saints ont faits durant leur vie. Dieu vient au cœur de la souffrance humaine pour la partager, la porter avec nous, la vivre jusqu’à la mort, nous libérer de ce péché et de cette mort qui nous enferme dans l’esclavage de nos corps.
Mais, il nous demande aussi d’avoir foi en lui et de participer activement à ce combat. Il est facile de comparer les budgets que nous consacrons à la guerre et à l’armement, avec les budgets pour la médecine ou l’éducation. On trouve plus facilement de l’argent pour tuer que pour guérir. Est-ce la faute de Dieu ? Quand un malade n’est pas visité, même par sa propre famille, une personne âgée se trouve seule, est-ce la faute de Dieu ?
Dieu est avec nous pour affronter le mal, la souffrance et la maladie, il nous apporte la paix, l’espérance du salut, la foi que la vie est plus forte que la mort. Mais, Dieu ne prend pas toute notre place, que l’on soit malade ou bien portant. Le sacrement des malades est là pour apporter l’Esprit Saint à celui qui souffre pour l’aider à vivre ce qu’il vit. Mais comme tout sacrement, il a aussi besoin de notre participation active, celle de notre foi et celle de notre prochain.
En méditant cet Evangile, nous voyons aussi clairement comment Jésus divisait ses journées. D’un côté, il se consacrait à la prière, et, de l’autre, à sa mission de prédication par la parole et par les actes. La contemplation et l’action. Prière et travail. Être avec Dieu et être avec les hommes.
Saint François nous présente les choses ainsi : « Il faut travailler fidèlement et avec dévouement, sans éteindre l’esprit de la sainte prière et de la dévotion que les autres choses temporelles doivent servir ».
Nous devrions peut-être nous organiser un peu plus. Nous discipliner, en “domestiquant” le temps. Ce qui est important doit trouver sa place. Mais ce qui est nécessaire encore plus.
d’après diverses sources
Les autres homélies du P. Christophe Hermanowicz
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