Dieu est puissance de vie et non puissance de mort. Il rétablit l’homme dans sa nature première qui est d’être créé à l’image de Dieu. La mort n’a plus d’emprise sur le baptisé.
L’évangile de ce 13ème dimanche du Temps ordinaire nous propose deux miracles de Jésus. De façon inhabituelle, un récit, celui de la femme qui avait des pertes de sang, est inséré à l’intérieur du miracle de la résurrection de la fille de Jaïre. Pourquoi cette insertion ? Quel est le miracle le plus important ? Comment lire les deux récits ensemble ?
A priori, ressusciter un mort semble bien plus important que guérir des pertes de sang. Pourtant, Marc, en mettant au centre le récit de la guérison de cette femme aux pertes de sang, cherche à nous dire quelque chose de la mort et de la résurrection.
Cet évangile nous parle des deux morts.
La fillette a 12 ans. La femme subit des pertes de sang depuis 12 ans. On ne nous dit jamais l’âge des gens dans l’évangile, encore moins depuis combien de temps ils sont malades. Le chiffre 12, qui réunit ces deux femmes, est symbolique de la multitude (12 tribus, 12 apôtres, 12 mois de l’année).
La jeune fille est malade et elle va mourir. Cette jeune fille est connue, elle est la fille de Jaïre. Elle est d’une bonne famille, son père est chef de la synagogue. Sa maladie et sa mort bouleversent beaucoup de personnes. Elle est jeune et c’est un drame.
La femme de l’évangile, elle, est anonyme. Personne ne s’occupe d’elle. Elle est perdue dans la foule et personne ne doit la toucher car elle est impure. Les pertes de sang signifient que la vie fuit d’elle, qu’elle est rejetée de toute vie sociale et publique car celui qui la touche ou la reçoit devient impur à son tour. Cette femme est morte depuis 12 ans. Elle a tout perdu et a besoin d’être sauvée comme la jeune fille de Jaïre, pourtant cela ne bouleverse personne, ce n’est pas un drame, c’est la vie de tous les jours de la maladie chronique.
Cet évangile nous parle aussi des deux résurrections.
Celle qui ne peut être touchée, touche le manteau de Jésus. Il n’y a aucune parole, aucun geste de Jésus, mais elle est guérie. Personne n’a rien remarqué, si ce n’est Jésus. Et, Jésus se contente de constater la guérison.
Pour la jeune fille, il y a des témoins, la famille et les apôtres. Jésus lui prend la main et lui parle. Cette résurrection bouleverse les témoins. Elle s’inscrit dans le cadre des résurrections qu’avaient fait Elie et Elisée.
Les deux récits n’en font qu’un et nous rappellent que Dieu n’a pas fait la mort et qu’il est puissance de vie.
La résurrection du Christ va au-delà de la résurrection du corps, elle permet d’accéder à la vie éternelle. La fille de Jaïre, comme Lazare, vont voir leur corps mourir une seconde fois. Mais, la résurrection du Christ va plus loin, elle est vie éternelle et englobe toute la vie qu’elle soit corporelle ou sociale. La résurrection touche plus profondément l’homme que son propre corps. La vie et la résurrection s’étendent à tout ce qui fait et constitue un homme ou une femme. Sa vie sociale et spirituelle, comme sa vie corporelle.
Dieu est puissance de vie et non puissance de mort. Il rétablit l’homme dans sa nature première qui est d’être créé à l’image de Dieu. La mort n’a plus d’emprise sur le baptisé.
Aujourd’hui, accueillons dans nos vies cette puissance de Dieu qui est à l’œuvre en nous depuis notre baptême, quel que soit notre condition sociale, notre âge ou nos origines. La vie est donnée par Dieu à tous par amour en plénitude, c’est aussi le sens la lettre de saint Paul sur le partage. Nous avons tout reçu de Dieu et nous avons tous, à la suite du Christ, à partager avec les autres : le salut, la foi, nos biens, notre temps.
Homélie inspiré du texte du père D. Stampers
C. Hermanowicz
Laudate Dominum
Orgue : Guy Didier
Chant : Jacqueline Richard, Béatrice Valétudie, Michel Musa