Homélie Père Francis Corbière-21/08/2016

Lectures : Is 66, 18-21/He 12, 5-7.11-13/Lc 13, 22-30

21ième dimanche Temps Ordinaire :« On viendra de l’orient et de l’occident prendre place au festin dans le royaume de Dieu » (Lc 13, 22-30)

  Le petit nombre des élus. S’il y a une expression qui a fait couler beaucoup d’encre, c’est bien celle-ci.et d’ailleurs, nous avons entendu dans la 1ère lecture, Isaïe annoncer l’intention de Dieu : Je viens rassembler les hommes de toutes nations et de toutes langues. En Dieu, un seul désir : celui de voir l’humanité entière parvenir jusqu’à la gloire, c’est-à-dire jusqu’à la réussite parfaite. Mais d’où vient donc cette fausse interprétation du petit nombre des élus ?   Vous avez sans doute remarqué que, dans notre évangile, Jésus ne répond pas à la question qui lui est posée : « Seigneur n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ?» Jésus ne dit rien sur le grand ou le petit nombre des sauvés, mais il renvoie chacun à sa propre responsabilité : «Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite». Ainsi Jésus nous invite non pas à discuter sur le plus ou moins grand nombre des élus, mais à regarder notre propre vie, notre propre manière de vivre en sorte d’être accueillis dans la maison du Père. Nous n’avons pas spontanément un cœur universel. Vis-à-vis de nos proches, nous percevons bien que la recherche de nous-mêmes perturbe bien des choses. Même nos amitiés sont souvent en référence à nous-mêmes, alors  à plus forte raison, à l’égard de celui qui nous est étranger, notre intérêt est tenté de garder ses droits.


Cette image de la maison que Jésus utilise est une image très fréquente dans la Bible. Il s’agit d’être introduit dans la maison, dans la salle du repas de noces comme le rappelle la parabole des demoiselles d’honneur dont les unes sont sages et les autres imprévoyantes. Quand l’époux arrive, les prévoyantes entrent «avec lui dans la salle des noces et l’on ferma la porte» dit l’évangile de Matthieu (25, 10).

Dans l’évangile d’aujourd’hui, lorsque le maître de maison a fermé la porte, si du dehors on frappe à la porte, le maître répond : «Je ne sais pas d’où vous êtes». Dans l’évangile des jeunes filles imprévoyantes, l’époux répond : «En vérité je vous le déclare, je ne vous connais pas».

Même si Luc en rapportant les paroles du maître de maison nous invite à penser qu’il s’agit du peuple d’Israël, le peuple élu dont Luc souligne l’infidélité, peuple qui se voit fermer la porte du Royaume, nous pouvons nous appliquer à nous-mêmes le récit et nous interroger : «Qu’est-ce que Jésus veut nous dire aujourd’hui quand il nous dit : «Je ne vous connais pas» ou «Je ne sais pas d’où vous êtes». Ces paroles sont bien rudes à entendre car dans la foi, nous croyons que Dieu nous connaît même mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes. Alors, quel sens pouvons-nous donner à cette parole dure de Jésus ?

Je tente avec vous une interprétation. Je pense que, si Dieu est l’amour même, il ne peut reconnaître et d’ailleurs «se» reconnaître que dans l’amour vrai vécu par chacun des humains créés à sa ressemblance. Nous sommes reconnus de Dieu par l’amour, si faible soit-il, que nous tentons de vivre. Il est clair que certains de nos actes, certaines de nos pensées ne sont pas habités par un authentique amour ; dans ces actes et ces pensées où l’amour est absent, Dieu ne peut pas se reconnaître et donc ne peut pas nous reconnaître. N’est-ce pas ainsi qu’il nous faut comprendre la parole de Jésus : «Je ne vous connais pas».
Il s’opère alors un tri, non pas opéré par Dieu, mais un tri dont nous sommes les acteurs. Le salut de Dieu est toujours offert, il n’est jamais imposé.

La parole de Jésus est donc une invitation à nous retrouver dans l’univers de Dieu. La parole de Jésus porte en elle une espérance. Si Dieu ne nous reconnait pas lorsque nous oublions d’aimer en vérité, c’est parce que Dieu sait que nous sommes meilleurs que ces actes et ces pensées sans amour. Dieu sait que nous sommes faits et que nous sommes capables d’aimer en vérité. Dieu espère que nous pouvons agir et penser en accord avec cet amour infini qu’il est lui-même et qu’alors il pourra nous «reconnaître» comme nous pourrons aussi reconnaître qui nous sommes en vérité.

Au fond on peut dire aussi : ce n’est pas que Dieu ne nous connaît pas dans ces moments sans amour, c’est que nous nous soustrayons à la présence de Son amour,  d’un amour qui interroge notre vie en même temps qu’il appelle à la vie. Car Dieu n’est pas un démagogue. Si toutes les rencontres de Jésus sont empreintes d’une immense tolérance et d’une grande compréhension, elles portent aussi toujours une forte exigence.

En parlant d’une porte étroite, Jésus nous rappelle qu’aimer en vérité est difficile ; c’est le fondement de tout l’enseignement de Jésus, c’est la route que Jésus a tracée devant nous. Jésus n’a pas caché à ses amis la difficulté du chemin sur lequel les invitait à le suivre. Lui-même comme le dit l’apôtre Paul en a fait l’expérience :  lui Jésus qui a été obéissant «jusqu’à la mort et la mort sur une croix» Ph 2, 8.

Au fond, la porte étroite est celle de la fidélité c’est-à-dire cette constance dans une permanente recherche de Dieu, dans un effort permanent pour ajuster notre vie à la Parole de Dieu. Rappelons-nous cette parole apparemment contradictoire avec notre évangile d’aujourd’hui : c’est dans saint Matthieu : «Frappez, la porte vous sera ouverte. Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s’ouvrira» 7, 7-8. Ce n’est pas une contradiction c’est seulement une invitation à une conversion du coeur : il s’agit d’arriver à la porte avec un coeur ouvert à l’amour de Dieu, une attitude de vérité de notre vie devant Dieu. Car ce sont ces dispositions de vérité qui nous ouvrent la porte de Son amour.

Dès lors, nous sommes renvoyés, une fois de plus, à notre décision libre.  Peu de sauvés ? Beaucoup de sauvés ? C’est une question fausse… !
Du côté de Dieu, il a tout fait, Lui, pour accueillir tout le monde et c’est bien la finale de l’Evangile « on viendra de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu ». Mais de notre côté à nous, à chacun de nous ici ce matin, que faisons nous pour entrer ?  Jésus a montré le sérieux de son amour pour nous. Le nôtre pour lui, est-il sérieux ?

Rendons grâces à Dieu de nous rappeler sans cesse où se situe le véritable accomplissement de notre vie.

                              Francis Corbière

Samedi Homélie :

 

Orgue :Au grand Orgue, Guy DIDIER

– Entrée : « Magnificat op.41 » (A Guilmant)
– Offertoire: « Ave Maria » (F. Liszt)
– Communion: « Communion » (Louis Vierne)
– Sortie: « Grand Choeur » (C. Franck)

Sur wikipedia :
Franz Litz

Alexandre Guilmant

Louis Vierne

César Franck

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