Dimanche des missions

30ème dimanche du temps ordinaire : Année B

Confiance, lève-toi ; Il t’appelle

Lectures du jour : 

Ce récit de l’aveugle Bartimée proposé ce dimanche de la Mission, nous touche et interroge notre vie de chrétiens.

Ils sont nombreux ces mendiants dans nos rues, sans domicile dont nous accueillerons quelques-uns à Hiver Solidaire, bien souvent au-delà d’un peu d’argent et de nourriture ils demandent à être reconnus. Ici, dans l’Evangile, l’aveugle Bartimée crie, il mendie un amour infini que Dieu seul peut donner : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ». Nous aussi, nous avons le droit de crier vers Dieu quand ça va mal, de lui dire notre détresse de nous révolter parfois. Nous confions-nous à Dieu dans la certitude que notre cri touche son cœur ?

Bartimée n’a pas accès à Jésus. Il a devant lui des gens qui veulent le faire taire, qui lui font barrage. L’Eglise et nous-mêmes, n’empêchons-nous pas parfois ceux qui cherchent Dieu d’approcher de Jésus-Christ ? Dans la crise de l’Eglise aujourd’hui, douloureusement le rapport Sauvé sur la pédocriminalité nous le rappelle. Mais nous aussi personnellement, pécheurs, il peut nous arriver, hélas, de donner un contre témoignage.

En réponse aux cris de Bartimée, Jésus dit à ses disciples : « Appelez-le ». Transmettre l’appel de Dieu, qui veut le vrai bonheur de ses enfants, n’est-il pas, pour nous un aspect essentiel de notre responsabilité de chrétiens ? Non pas par prosélytisme, en voulant plaquer notre foi, mais comme nous le rappelle notre pape François par attractivité.

Les disciples disent à Bartimée : « Confiance, lève-toi ; Il t’appelle ». La foi est bien l’accueil d’un appel. Ces trois mots résument parfaitement toute démarche missionnaire. Sans confiance aucune avancée possible. Lève-toi, c’est à nous de prendre en main notre vie pour repartir, pour une résurrection. Il t’appelle : cette présence aimante de notre Père. Cette démarche ne nous concerne-t-elle pas personnellement dans notre décision d’aller à Dieu, qui est sans cesse à redire, sans cesse à refaire ?

L’aveugle Bartimée prend des risques, assis, hors du chemin de la vie, il bondit et laisse tomber son manteau, son unique protection, la seule chose que l’on ne pouvait lui prendre en gage. Sans rien, il court vers Jésus qui lui demande d’expliciter sa demande :

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? Rabbouni, que je retrouve la vue » Jésus sait bien ce que désire cet homme, mais il l’invite à une démarche personnelle. Dieu ne peut pas et ne veut pas nous donner ce que nous ne demandons pas. Pour chacune et chacun de nous, demandons-nous quel est notre désir profond ? Il peut prendre de multiples formes : il peut être une soif de comprendre, de donner du sens à notre vie, un désir d’une vie spirituelle qui ne se laisse pas enfermer dans le matériel, un désir d’être reconnu d’aimer et d’être aimé, un désir d’un salut que nous ne parvenons pas à nommer.

Autre point, le dernier…Dans cette prière audacieuse de Bartimée, qui se remet en route sur le chemin de la Vie à la suite de Jésus; Jésus reconnait assurément la véritable foi : « Va, ta foi t’a sauvé ». La foi est bien l’accueil d’un appel pour un nouveau regard qui illumine notre cœur et nous guérit de notre aveuglement, de notre cécité : Elle nous rend capable de suivre Jésus sur la route de Pâque où il nous précède et nous conduit comme lumière de notre vie.

En ce jour où nous prions pour la mission universelle, nous est rappelé que l’Eglise est appelée au rassemblement de toute l’humanité. Non pas une Eglise qui fait barrage, mais une Eglise attractive qui, en réponse à l’amour infini de Dieu qui veut le bonheur de l’homme, transmet l’appel à vivre de cette foi qui traverse l’obscurité de nos vies pour l’illuminer par la lumière de l’amour de Dieu Père. Alors, levons-nous, mettons-nous en route pour suivre Jésus, Chemin, Vérité et Vie, et devenir avec Lui à sa suite les serviteurs de la Vie. La foi chrétienne ne fait pas de nous des spectateurs. Aidons-nous les uns les autres à nous tourner vers le Seigneur qui dans son amour ne cesse de nous appeler, à nous lever : lève-toi et à le suivre. Aveugles, nous-mêmes, si souvent, nos yeux nous sont rendus, pour que, authentiques disciples missionnaires, nous puissions repérer tous les aveugles sur notre route et leur permettre, en retrouvant la vue, de désirer, librement en retrouvant la vue à leur tour, se laisser illuminer par la lumière du Dieu Amour, du Dieu de la Vie.

Père Francis Corbière

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Homélie :