« Laisse-moi faire de ce tombeau le lieu de ma miséricorde et de mon amour ! Laisse-moi être le Vivant en toi, relever ta vie ! »
Dans l’évangile que nous venons d’entendre, ce n’est pas une scène grandiose avec un Christ triomphant, revêtu de lumière qui nous est rapporté. Nous pouvons nous réjouir de cette discrétion, car elle ressemble bien à ce que nous vivons en ce moment.
Nous voyons Marie Madeleine qui part « au tombeau de bon matin. » (…) « C’était encore les ténèbres. » Elle voit que la pierre du tombeau a été roulée, elle constate un tombeau vide et bien rangé et reste avec ses hésitations et ses doutes. Elle constate qu’on a enlevé le Seigneur du tombeau et elle ajoute : nous ne savons pas où on l’a mis. C’est l’aveu du non savoir, de la non foi, et elle va l’annoncer à Simon-Pierre et à l’autre disciple. Or ce dernier ne fait pas que constater comme Madeleine et Pierre, le tombeau vide : il a vu un tombeau vide et il a cru : il vit et il crut. Lui voit avec les yeux de la foi. Son amour lui fait voir ce dont les linges ne sont pas une preuve mais un signe.
Ce disciple il voit, avec le cœur, en véritable croyant.
Chacun, chacune, si nous sommes ici, ce matin, devant le tombeau vide, c’est parce que Jésus est ressuscité. Et comme l’autre disciple, nous le croyons ! Voilà ce qui fait qu’aujourd’hui, comme depuis plus de 2000 ans, des hommes et des femmes mettent leur vie dans les pas du Christ. Comme ces trois adultes: Flora, Gabin, Marie, qui ont été baptisés ce matin à 6h30 lors de la célébration de la Vigile pascale.
Oui, Jésus est ressuscité et il nous invite, chacune et chacun à vivre en Ressuscité ! Ce matin, Jésus nous dit : peu m’importe que je sois ressuscité il y a deux mille ans, si je ne le suis pas pour toi aujourd’hui, si je ne ressuscite pas, au plus profond de toi même.
En ce tombeau encore fermé où trop souvent ton âme se complaît laisse-moi ressusciter ! Laisse-moi faire de ce tombeau le lieu de ma miséricorde et de mon amour ! Laisse-moi être le Vivant en toi, relever ta vie ! Ouvre les yeux, ceux de la foi, car y-a-t-il plus grande richesse que ma présence de Ressuscité en toi, en nous, toujours actuelle, toujours agissante, capable de faire rouler la pierre du tombeau, de tous les tombeaux qui meurtrissent nos vies, exaspérés par ce contexte de pandémie, dans une société marquée par la fragilité et tant d’inconnus aujourd’hui, capable de repousser les murs de nos refus d’aimer, d’ouvrir une brèche au bout de nos impasses, de nous relever quand notre péché, nos égarements nous plaquent au sol, capables de nous redonner l’espérance quand nous sommes fatigués, déçus, tristes, découragés, par tant de choses douloureuses que nous voyons, ou quand les préoccupations de tous les jours nous écrasent et nous replient sur nous-mêmes.
Mais nous ne pouvons pas nous limiter à reconnaître que Jésus est vivant pour nous ; nous sommes appelés à attester aux autres qu’il est la vie du monde et la paix pour tous les hommes. Notre foi en l’Amour infini de Dieu plus fort que toute mort et que tout mal, ne nous invite-t-elle pas à témoigner de cette certitude intérieure, de ce « trésor de Pâques » du Christ Ressuscité, Aujourd’hui, Dieu me dit, Dieu nous dit : « Tu es vivant… mais tu n’es pas un vivant voué à la mort, mais un mortel promis à la Vie« .
Puissions être ces hommes et ces femmes, croyant dans la puissance du Christ ressuscité qui vient nous rencontrer les uns les autres, des hommes et des femmes vivant du Christ ressuscité, c’est à dire attestant par notre manière de vivre et d’être, que nous avons été repêchés et donc rendus capables, à notre tour de contribuer à repêcher, par la force du Christ ressuscité, tous ceux qui sont en train de perdre pied, de se noyer, et il y en a tellement autour de nous aujourd’hui, qui cherchent un sens à leur vie.
La Résurrection, c’est en quelque sorte le débordement de vie et le surcroît de l’Amour; à profusion ! Non pas seulement pour demain, dans l’au-delà, mais pour l’aujourd’hui dans tout ce qui fait notre quotidien. Vivre Pâques au quotidien, c’est découvrir que le don de la vie recommence chaque matin pour celui qui garde la force fragile de la lumière espérance. Pâques n’existe pas en dehors de ce que nous vivons. En Lui ;, le Ressuscité, notre vie trouve la force dont elle a besoin pour continuer, pour avancer
Ouvrons-nous au don de l’Espérance, n’ayons pas peur de la Joie qui vient de la résurrection ! Christ est ressuscité, puissions-nous répondre de tout notre coeur: Oui Il est Vraiment ressuscité !
Père Francis Corbière