Communion spirituelle

Chers paroissiens, chers frères et sœurs,

C’est pour la première fois dans ma vie de prêtre que je dois vous demander de rester chez vous, de ne pas venir à la messe, à une célébration ou à une telle ou telle réunion ou rencontre. D’habitude, je vous demande le contraire et j’espère que, bientôt, je le ferai à nouveau.

Prenez soin de vous, prenez soin des autres : les membres de vos familles, vos amis, vos voisins. Même un appel téléphonique, un sms envoyé peuvent devenir pour une personne malade, âgée, isolée comme une petite lumière qui lui permettra retrouver un peu d’espérance pour traverser cette période difficile.

Dépassons notre peur qui risque nous enfermer dans notre égoïsme. Soyons surtout attentifs aux personnes seules, âgées, aux familles nombreuses…  Aidons, partageons. Oui, malgré notre propre inquiétude, soyons témoins de la Miséricorde infinie de Dieu, soyons apôtres du Christ Miséricordieux !

Et n’oublions pas de prier. Le monde a besoin de notre prière ! Même en restant confiné dans notre maison, nous pouvons dire le chapelet, célébrer le chemin de croix, dire le chapelet à la Miséricorde Divine.

Quand nous entendons les cloches de notre paroisse sonner l’Angélus, entrons dans la communion de prière en nous tournant vers Marie.  Elle a été auprès de son Fils au pied de La Croix, elle est avec nous, ses enfants, en ces temps difficiles.

Chers frères et sœurs, probablement, pendant un certain temps, même les dimanches, nous ne pourrons pas participer à la Messe ni communier.

Le Pape François nous encourage à la communion spirituelle :

«En cette situation de pandémie, dans laquelle nous nous retrouvons à vivre plus ou moins isolés, nous sommes invités à redécouvrir et à approfondir la valeur de la communion qui unit tous les membres de l’Église. Unis au Christ nous ne sommes jamais seuls, mais nous formons un unique Corps, dont Il est la Tête», a rappelé le Saint Père. Cette union est alimentée par «la prière» et aussi par «la communion spirituelle à l’Eucharistie, une pratique très recommandée quand il n’est pas possible de recevoir le Sacrement», a souligné François. «Cela, je le dis pour tous, spécialement pour les personnes qui vivent seules», a-t-il précisé. En ce moment, de nombreux fidèles voient en effet les messes suspendues dans leur paroisse, ou bien sont contraints de ne pas quitter leur domicile.

Je vous propose ci-dessous un texte qui explique ce qu’est la communion spirituelle ainsi qu’un acte pour la communion spirituelle rédigé par Mgr Raymond Centène, mon ancien évêque de Vannes.

Je vous assure que moi-même, comme tous les prêtres, je célébrerai tous les jours la Sainte Messe à votre intention. Que le Seigneur soit votre force et  espérance! Je penserai plus spécialement aux malades, aux personnes âgées, à tous ceux qui sont désespérés, et aussi pour ceux qui se dévouent et portent le secours aux autres.

Restons unis par notre foi en Jésus Christ. Puissions-nous vivre ce que vivait la première communauté d’Apôtres à Jérusalem: « C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. »

Père Christophe Hermanowicz, curé          Paris, le 15 mars 2020

La Communion spirituelle consiste à s’unir à Jésus, non pas en le recevant par un désir procédant d’une foi animée par la charité.

Cette communion exige essentiellement le désir explicite de s’unir à Jésus Christ sacramentellement. Ce désir, qui suppose la foi à l’Eucharistie, doit être accompagné de la charité.

La communion spirituelle est réalisée par trois actes principaux :

1- l’acte de foi à la présence réelle de Jésus Christ au sacrement de l’autel, précédé d’une purification du tabernacle de son cœur,

2 – l’acte de désir d’y faire reposer le Sauveur, dont une forme recommandée consiste à s’imaginer que l’on s’approche de la sainte Table et que l’on reçoit l’hostie de la main du prêtre,

3 – l’acte d’action de grâces et de louange à Dieu, comme si l’on avait réellement communié.

La communion spirituelle peut se pratiquer autant de fois que l’on veut et en n’importe quel lieu. Mais le moment particulièrement indiqué est naturellement celui de la communion du prêtre à la messe. L’assistance à la messe est en effet « la meilleure préparation à cette communion qui nous fait participer d’une manière étroite et personnelle au sacrifice de Notre Seigneur ».La communion spirituelle requiert l’état de grâce. Toutefois si l’on n’a pas reçu la confession, il importe de faire un acte de contrition parfaite, c’est-à-dire l’expression d’un sentiment de remords et de repentir pour le péché commis, à cause de l’amour de Dieu et non par peur du châtiment.

Quant aux effets de la communion spirituelle, ils sont identiques à ceux de la communion sacramentelle toutefois avec moins d’intensité. L’on obtient notamment l’augmentation de la grâce sanctifiante, l’intensification de la charité, la fortification de l’unité qui nous lie au Corps Mystique etc. Toutefois « une communion spirituelle faite avec plus de ferveur, pourra produire plus de fruit qu’une communion sacramentelle faite avec tiédeur » .

La communion spirituelle est approuvée par l’Eglise qui reconnaît qu’en communiant spirituellement on participe véritablement aux fruits du sacrement de l’autel. Elle n’est donc pas une pratique inventée par la spiritualité moderne. Les écrits de saint Augustin en contenaient déjà des signes qui par la suite ont été étudiés et approfondis par les théologiens postérieurs qui développèrent la même doctrine qui trouvera sa consécration au concile de Trente (1545-1563).

Acte pour la communion spirituelle

Saint François de Sales : « Quand vous ne pourrez pas avoir ce bien de communier réellement à la sainte messe, communiez au moins de cœur et d’esprit, vous unissant par un ardent désir à cette chair vivifiante du Sauveur » (Introduction à la vie dévote, 20 part., chap. 21).

« La communion sacramentelle peut ne pas être possible pendant un très long intervalle à cause des différentes infirmités que Dieu envoie à sa créature pour l’éprouver, mais cette privation, lorsqu’elle ne dépend pas de nous, n’empêche pas la sainteté. Et l’oraison, pendant que peut et doit se faire la communion spirituelle, est toujours possible, ne serait-ce que quelques minutes. » Marthe Robin

Acte pour la communion spirituelle écrit par Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes

Seigneur Jésus, je crois fermement que Tu es présent dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie. Je T’aime plus que tout et je Te désire de toute mon âme.

« Après toi languit ma chair comme une terre assoiffée » (psaume 62)

Je voudrais Te recevoir aujourd’hui avec tout l’amour de la Vierge Marie, avec la joie et la ferveur des saints.

Puisque je suis empêché de Te recevoir sacramentellement, viens au moins spirituellement visiter mon âme.

En ce temps de carême, que ce jeûne eucharistique auquel je suis contraint me fasse communier à Tes souffrances et surtout, au sentiment d’abandon que Tu as éprouvé sur la Croix lorsque Tu t’es écrié : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ».

Que ce jeûne sacramentel me fasse communier aux sentiments de Ta Très Sainte Mère et de Saint Joseph quand ils T’ont perdu au temple de Jérusalem, aux sentiments de Ta Sainte mère quand elle Te reçut, sans vie, au pied de la Croix.

Que ce jeûne eucharistique me fasse communier aux souffrances de Ton Corps mystique, l’Église, partout dans le monde où les persécutions, ou l’absence de prêtres, font obstacle à toute vie sacramentelle.

Que ce jeûne sacramentel me fasse comprendre que l’Eucharistie est un don surabondant de Ton amour et pas un dû en vue de mon confort spirituel.

Que ce jeûne eucharistique soit une réparation pour toutes les fois où je T’ai reçu dans un cœur mal préparé, avec tiédeur, avec indifférence, sans amour et sans action de grâce.

Que ce jeûne sacramentel creuse toujours davantage ma faim de Te recevoir réellement et substantiellement avec Ton corps, Ton sang, Ton âme et Ta divinité lorsque les circonstances me le permettront.

Et d’ici là, Seigneur Jésus, viens nous visiter spirituellement par Ta grâce pour nous fortifier dans nos épreuves.

Maranatha, viens Seigneur Jésus.