“Jésus prône l’idéal d’un amour parfait : il ne s’agit pas d’observer la loi mais de savoir si on a aimé..”
Lectures : 27ième dimanche temps ordinaire : Gn2,18-24/He2,9-11/Mc10,2-16
« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mc 10, 2-12)
Cette page d’évangile n’est pas facile. Qu’est-ce qui vous a marqué, dans ce passage d’évangile ? Qu’en diriez-vous à vos voisins ? Que retenons-nous de ce qui est le plus important pour nous ? Personnellement, je retiens : « celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant, n’y rentrera pas ».
Oui, la page de l’évangile selon saint Marc que nous venons d’entendre met en vis-à -vis deux attitudes à l’égard du Christ. L’attitude des enfants, dont on suppose, puisque Jésus les donne en exemple pour l’accueil du Royaume, qu’ils sont sans détours, et qu’ils se donnent généreusement à celui qui vient à eux. Et l’attitude des Pharisiens qui cherchent à mettre Jésus à l’épreuve en lui opposant la loi de Moïse, car c’est bien autour de la loi que Jésus est mis à l’épreuve.
Cette différence d’attitude dans l’accueil de la Parole de Dieu est illustrée par la question posée par les pharisiens au sujet du divorce et de la répudiation. Et ce n’est pas pour rien que Marc joint le passage sur le divorce au passage sur les enfants.
Jésus ne veut pas tomber dans le piège du permis/défendu. Il recentre la question, non pas sur la discipline, la règle, les prescriptions, mais sur un idéal qui unit l’homme et la femme depuis la création. Il invite à revenir au désir de Dieu qui est l’amour entre un homme et une femme. Jésus dit, avant Moïse, au commencement de la création, Dieu fit l’homme et la femme l’un pour l’autre pour l’amour, et tous deux deviendront une seule chair. Comme toujours quand il s’agit de la vie chrétienne, il ne s’agit pas d’observer simplement la loi mais de savoir si on a aimé. La loi n’est jamais qu’un compromis, pour être en règle, « à cause de la dureté de vos cœurs » C’est un idéal à viser, vers lequel tendre, sans prétendre l’atteindre dans un amour parfait, et pas simplement une règle à vivre, à appliquer sans tenir compte des circonstances, comme nous le rappelle le pape François dans son exhortation : « la Joie de l’Amour ». C’est, dans la dynamique même de la création de situer l’union d’un homme et d’une femme dans celle d’une re-création : à eux dans l’union qui les engage d’inventer le chemin de leur amour, de leur bonheur. Et Jésus rappelle que pour entrer dans cette démarche, encore faut-il, comme un enfant, faire totalement confiance à son ou à sa partenaire, à l’avenir, à la force créatrice d’un tel amour
Jésus introduit 3 différences par rapport à la position des pharisiens :
– Jésus rétablit une symétrie entre l’homme et la femme. La femme a autant de droit que l’homme dans le renvoi du conjoint coupable d’adultère. Jésus n’a pas attendu aujourd’hui pour parler de l’égalité de l’homme et de la femme !!
-Jésus resitue la loi sur la répudiation, avancée par les pharisiens comme positive et définitive, comme appliquée, tout simplement, à cause de la dureté de cœur. Ce qui est essentiel, c’est l’amour entre deux êtres dans l’intention de Dieu depuis le commencement du monde.
-Enfin, contrairement aux pharisiens, Jésus met l’accent sur les dommages en cas de divorce. La question n’est pas de savoir comment se séparer de sa femme ou de son mari, mais comment construire un couple et trouver ensemble le bonheur, Il s’agit d’aimer complètement l’autre comme soi-même. L’histoire d’un couple est une histoire de croissance en vue d’un épanouissement définitif dans le royaume de Dieu : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. »
Le contexte immédiat de cette phrase vise, bien sûr, le couple humain, mais ne se restreint pas à lui ; elle va plus loin. Qu’est-ce que Dieu a uni et qu’il ne faudrait pas séparer ? Dieu n’a-t-il pas fondé l’unité de l’humanité ? Cette unité que nous brisons par les guerres, les regards que nous portons les uns sur les autres, les jugements raciaux et sexistes. Dieu n’a-t-il pas fondé une seule Eglise ? Et nous nous accommodons fort bien des divisions entre chrétiens et même au cœur de nos propres communautés. Dieu n’a-t-il pas voulu que l’être humain soit unifié entre corps, cœur et âme ? Et nous abimons cette unité de notre personne non seulement par nos péchés mais, bien plus, par le refus de reconnaître ces péchés et d’accueillir la miséricorde de Dieu : il n’y a pas foule au confessionnal, même en temps d’Avent ou de Carême ! Et, sans parler des divorces, il y a tant de divisions dans nos familles !
Dans les évangiles, Jésus parle peu de la famille ; et, quand il en parle, c’est surtout de la famille de Dieu. Il parle encore moins du divorce. Son sujet fondamental est le Royaume de Dieu.
Et quand il parle du divorce, comme aujourd’hui, c’est en déplaçant la question selon son habitude. Les pharisiens voulaient l’emprisonner dans le permis et le défendu : au lieu de règles, il répond « Royaume de Dieu ». Je le redis de toute ma conviction :la règle est un outil qui aide à accéder au Royaume ; elle n’est pas un but ; le but, c’est le Royaume. La règle est utile, elle est un point de repère, elle nous dit la manière dont Dieu, dès l’origine, envisage le bonheur et l’épanouissement de l’être humain. Heureux ceux qui peuvent la vivre ; qu’ils sachent en rendre grâce et demandent la force de traverser toutes les formes de brisure qui sont sur leur chemin. Et ceux qui subissent la brisure de leur couple, qu’ils n’imaginent pas être rejetés par l’Eglise et interdits de Royaume de Dieu ; qu’ils mettent deux fois plus d’ardeur à construire autour d’eux des conditions de vie qui soient comme des anticipations du Royaume auquel ils sont appelés comme les autres.
Baptisés, ne nous arrêtons jamais au permis ou au défendu, mais en toute chose, demandons-nous : qu’en est-il de notre amour du Royaume de Dieu en accomplissant, dans le concret de notre vie, telle qu’elle est, l’amour pour Dieu et l’amour pour nos frères ?
Homélie Francis Corbière
Orgue :Au grand Orgue, Guy Didier
Œuvres d’Alexandre Guilmant
Pièce de concert -Intégrale
– Entrée : Prélude
– Offertoire: Thème
– Communion: Adagio
– Sortie: Final Alegro Assai
A lire également : Les autres homélies du Père Francis Corbière
A lire également la feuille paroissiale
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Merci pour cette homélie qui vient apaiser mon cœur meurtri de femme répudiée. Je comprends ce soir que j’ai le droit de chercher comment être vivante chaque jour après ça, et de continuer à cheminer dans l’amour.