Conférence : Elisabeth Smadja – 21/01/2014
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Conférence : Elisabeth Smadja – 21/01/2014
MANIFESTATIONS DE L’ESPRIT SAINT – JEPHTE
« On va donc poursuivre cet appel de Dieu dans la première alliance. C’est toujours difficile de faire le pont entre ce qui est écrit dans la première alliance, et ce qui peut intéresser l’homme chrétien du 21ième siècle. Parce que plus on va aller, plus ce sera des histoires qui vont concerner le peuple juif.
On se rappelle que la Torah, bible juive était divisée en 3 parties.
La première partie, c’est la Torah. La Torah, c’est le Pentateuque, ensuite il y a les Prophètes (nevilim) que nous allons voir aujourd’hui, mais il n’y a pas que les Prophètes dedans. Dedans on va voir Josué, les Juges, Samuel, les Rois, les quatre prophètes principaux et les presque dix prophètes.
Ensuite, il y a ce qu’on appelle les Cethubim, les écrits (hagiographes), c’est ce qui reste, c’est-à-dire le livre de Ruth, les Psaumes, les Proverbes, etc..
Aujourd’hui, on va voir les nevilim. La Torah, les 5 livres se terminent par la mort de Moise, et celui qui va prendre la relève, c’est son disciple, Josué.
La deuxième partie des Nevilim va s’ouvrir donc sur Josué et la conquète de Canaan par lui, et ensuite il va y avoir les Juges. J’ai choisi des textes sur les Juges. Il y a treize Juges. On ne vas tous les étudier. J’ai pris deux textes, ceux que l’on va prendre en premier. Un qui va nous parler de Jehpté, je rappellerai son histoire, avec son vœu un peu étrange, qu’il a fait « S’il gagne la guerre, la première personne qui sortira devant lui, il la donnera en holocauste à Dieu. Et c’est sa fille qui est venue devant lui ». C’était son vœu.
Et la deuxième, on va parler de Samson qui est un des Juges les plus connus, et qui lui était ce qu’on appelle « Nazir », c’est-à-dire consacré à Dieu. Il y a donc deux textes qui parlent d’eux. Ensuite, ce que je voudrais voir avec vous, en deuxième partie, c’est surtout ce qui peut nous concerner nous par rapport à tout ce qu’on va lire, par rapport aux Juges et par rapport à Samuel, les rois, c’est cette histoire d’esprit saint.
On va voir qu’à chaque fois que Dieu désigne quelqu’un, en même temps, va venir sur lui l’esprit saint. On va voir un peu ce que c’est que ce souffle de sainteté et en quoi cela nous concerne nous. On va voir d’abord où en parle dans la Torah et en quoi cela nous concerne. Est-ce que l’on peut dire que l’on a nous aussi l’esprit saint.
On va commencer tout doucement par les deux textes, la période des Juges. Ils se font même la guerre entre eux. Ils sont un peu dans l’idolâtrie des peuples avec qui ils sont, ils combattent sans arrêt pour des histoires de territoires. Et puis au bout d’un moment, c’est comme cela que cela commence, ils crient vers Dieu leurs misères et Dieu leur suscite un sauveur qui vient les sauver. A chaque fois, c’est comme cela, pour chaque Juge, un juge est désigné, il sauve le peuple, il est là pendant dix, vingt ans ou quarante ans. Et puis à sa mort, ça recommence, les tribus ne s’entendent pas entre elles, il y a de nouveau l’idolâtrie, les ennemis viennent combattre, ils ne s’en sortent pas, ils appellent et Dieu accourt à leur secours. A chaque fois, c’est comme cela. C’est le leitmotiv de tout le livre des Juges. C’est toujours cet appel et Dieu répond. Dieu ne se lasse jamais, toujours il vient et il répond. Et l’appel se situe là. Il appelle des gens qui nous paraissent à nous bizarres. Pourquoi est-ce qu’il appelle ces gens là. Ils n’ont rien de particulier. Il va appeler ce qu’on va nommer plus tard les Juges et qui ne sont pas seulement juges, du point de vue juridique, mais qui sont un peu comme des chefs de guerre, chefs de clans qui vont réussir durant le temps de leur gouvernement à rassembler les tribus autour d’eux jusqu’à leur mort. De nouveau c’est la guerre.
Il aura fallu Samuel qui va venir après et que les tribus réclament un roi et c’est ce roi qui va enfin les fédérer, et en faire un royaume. Mais avant cela, ce n’est que des tribus. Donc on va étudier Jephté. C’est un guerrier. Je vous laisse lire.
Le livre de juges.
Il y avait alors un vaillant guerrier, Jephté le Galaadite; c’était le fils d’une femme prostituée, et Ghilad était son père. 2 Mais la femme de Ghilad lui donna aussi des fils. Ceux-ci, devenus grands, expulsèrent Jephté en lui disant: « Tu n’as pas droit à l’héritage de notre père, car tu es le fils d’une femme étrangère. » 3 Jephté dut s’éloigner de ses frères et alla s’établir au pays de Tob. Là il devint le centre d’un ramas d’aventuriers, qui firent avec lui des incursions. (Juges 11, 1à 3)
Alors, animé de l’esprit de l’Eternel, Jephté traversa le Galaad et Manassé, atteignit Miçpé-Ghilad, et de là s’avança jusqu’aux Ammonites. 30 Et Jephté fit un vœu à l’Eternel en disant: « Si tu livres en mon pouvoir les enfants d’Ammon, 31 la première créature qui sortira de ma maison au-devant de moi, quand je reviendrai vainqueur des enfants d’Ammon, sera vouée à l’Eternel, et je l’offrirai en holocauste. » . (Juges 11, 31)
En fait, on nous dit que c’est le fils d’une femme prostituée et puis au bout d’un moment les fils de la femme de son père lui disent « tu n’as pas le droit à l’héritage, pars ! ». Et ils l’obligent à partir et Jephté va partir dans les montagnes et il va réunir des personnes autour de lui, et il va devenir un guerrier valeureux. Et c’est à cet homme là, qui est rejeté de tous, que personne ne veut, parce qu’il est le fils d’une prostituée, que Dieu, par son ange, va apparaitre. Il va lui dire « Je te choisis, tu vas combattre », à cette époque c’était les Ammonites les ennemis, tu vas les combattre, et je serai avec toi ; Et cela se passe comme on le voit ici, j’ai mis le passage où cela se passe, où il est animé de l’esprit de l’Eternel.
On voit que cet esprit, que Dieu va lui donner va en faire tout d’un coup un individu particulier, avec une force extraordinaire. S’il n’avait pas cet esprit, il ne pourrait pas gagner le combat. Et lui que va-t-il faire, c’est là où on voit que ce n’est pas un homme très intelligent, ni érudit, parce qu’il dit : il fait un vœu à l’Eternel, on va voir par la suite qu’un vœu c’est quelque chose de très important dans le judaïsme. Il fait un vœu et il dit « Si tu livre en mon pouvoir les enfants d’Ammon, d’ailleurs il n’aurait même pas du faire ce vœu, puisque Dieu lui avait déjà dit qu’il gagnerait. Enfin, il fait ce vœu « la première créature qui sortira de la maison, au devant de moi, quand je reviendrais vainqueur du combat, elle t’appartiendra. Je l’offrirai en holocauste. Voilà le vœu incroyable, étonnant, de Jephté qui a suscité beaucoup de commentaires parmi les commentateurs juifs qui ont dit « Mais si c’était un chien qui était apparu devant lui, qu’aurait-il fait ? On ne peut pas offrir un chien puisque c’est une créature impure.
Et là on se demande aussi « que va-t-il faire ? C’est sa fille ! » Est-ce qu’on a le droit d’offrir une fille en sacrifice ? Tout cela ça pose des questions. Et on va voir que cette fille sera sacrifiée. Qu’il n’y aura pas de miracle. Que Dieu ne va pas intervenir. Nos maitres disent que cela c’est la sottise de Jephté. Et aussi, ils accusent tous les gens qui étaient autour de lui, parce qu’effectivement il y a dans le livre des Nombres, on va parler des vœux, mais il ya une façon de s’en sortir. Il y a une façon de casser le vœu. Un vœu peut être cassé. Cette jeune femme, cette jeune fille aurait pu ne pas être sacrifiée. Parce qu’il aurait pu casser son vœu.
Pourquoi je vous parle des vœux ? Parce qu’on a vu que l’Alliance avec Dieu, le Dieu d’Israël est un Dieu de parole, un Dieu de relations. Comme on a vu cela dans le nom de chaque livre (bereshit, au Commencement). Ce n’est pas le Commencement dans le sens où je commence une chose, mais le Commencement en tant que fondement.
C’est pour cela qu’on ne peut pas être en contradiction avec la science. Il ne s’agit pas de commencement dans le temps (Dieu un jour va faire quelque chose), mais c’est les fondements ontologiques de comment les choses se passent et comment les choses sont à l’intérieur et à l’extérieur de nous. Comment les choses se posent, comment la création se pose. Dans le premier livre Bereshit, on ne le voit pas. Mais dans le deuxième livre (Shemot), les Noms, donc quand on a un nom, on est appelé, et on peut être appelé. C’est pour cela que Dieu va donner son nom, parce qu’aucune relation ne peut avoir lieu, si on ne connait pas le nom d’une personne. Par exemple, si je suis dans une foule, et que je dis « Et toi ! je voudrais te parler », personne ne va se retourner parce que « et toi » on ne sait pas qui c’est. Ici si je ne nomme pas quelqu’un je n’ai pas de relation particulière. Avec un groupe, c’est anonyme. Ce n’est pas la vraie relation. La vraie relation commence toujours comme on a vu dans le Décalogue, Dieu donne son nom et il a appel, Shemot, les tribus, des chefs d’Israël.
Ensuite, le troisième livre, le Lévitique, qui ne veut rien dire en français, mais en hébreu c’est Vayikra (Vayikra – ויקרא) qui veut dire appel, Dieu appela. Et qu’est-ce qu’il appelle ? Il appelle les premiers nés, il appelle les prêtres (cohanim), et il va donner dans ce livre toutes les règles de pureté. Dieu appelle, là il appelle d’abord les Cohanim, mais ensuite il appelle chacun d’entre nous pour que chacun soit à son service. Ensuite après Vayikra, le quatrième livre c’’est Bamidbar, les Nombres, mais en hébreu, Bamidbar signifie « dans le désert » et je vous avais expliqué que bamidbar on pouvait le décomposer en deux mots : Bé, à l’intérieur, dans, et Dabar qui veut dire dans la parole, dans le parlant. On voit donc que c’est dans le désert, dans la parole, qu’un peuple est formé à être à l’écoute de Dieu, à être appelé et à lui répondre.
Ensuite, le Deutéronome, c’est simplement Devarim ( Devarim – דברים ), Devarim en hébreu, qui signifie « les paroles ». Moshé va reprendre toutes les paroles, tout ce qui s’est passé avec quelques petits changement depuis le moment où Dieu a fait sortir son peuple d’Egypte, l’a choisi, lui a donné la Torah. Torah c’est un mot qui veut dire enseignement (Horaa), montrer le chemin, et non pas Loi. A aucun moment cela ne veut dire loi, et surtout ces fameuses dix paroles qui fondent la relation que chaque être humain va avoir avec Dieu et que nous avons aussi avec le prochain.
Et donc les vœux font partie de cette force, de cette puissance de la parole. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut dire en vain.
Dans les Nombres, Dieu dit à Moise Si quelqu’un veut faire un vœu pour l’Eternel, c’est-à-dire lui consacrer quelque chose, la Torah c’est comme un chemin unique pour chaque être humain, il dit s’il y a l’un d’entre vous qui veut faire quelque chose en plus, pour remercier, s’il a eu la vie sauve, s’il a eu un enfant, s’il veut consacrer un objet au temple, un être humain, comme on va le voir dans le naziréen, un certain laps de temps de vie. S’il veut consacrer quelque chose cela est possible.
Cela est possible dans le cadre de la Torah, de toutes les lois juridiques, rituelles des sacrifices, cela est possible. Cela est possible pour l’être humain de trouver sa voie particulière. Une initiative pour donner quelque chose, qu’il a envie de donner en plus à Dieu. C’est donc ce que va faire Jephté.
Mais il y a un risque, une fois que c’est fait, c’est fait. Si je consacre un objet, de l’argent, à partir du moment même où j’ai prononcé cette parole « je fais le vœu de consacrer » c’est terminé. Même si la chose est chez moi, on va dire par exemple que je consacre une coupe, même si la coupe reste chez moi pendant x temps, elle ne m’appartient pas, elle est à Dieu. Par la parole, c’est pour cela que nous chrétiens cela va nous intéresser, par la parole, je change l’essence même d’une chose ; je la rends « kadosh » c’est-à-dire de la même nature que Dieu qui est.
Kadosh, c’est-à-dire qu’elle est exclue du monde profane, pour entrer dans le privé, dans le monde de Dieu. Elle n’est plus au public, elle est au privé. Et on ne peut pas s’en dédire. Une fois que c’est fait, c’est fait.
Il y a cependant, c’est prévu, puisqu’on a un Dieu qui est bon et qui connait l’être humain, il y a une des cérémonies les plus importantes, l’annulation des vœux, cela se passe à Yom Kippour.
A Yom Kippour, c’est l’entrée de la cérémonie, le jour du grand pardon, la première cérémonie c’est l’annulation des vœux. Celui qui a pris un vœu dans l’année, je fais le vœu d’aller à la synagogue tous les jours, ou d’étudier chaque semaine une heure ou d’autres vœux de ce style là, il doit donc le tenir toute l’année puisqu’il l’a dit et s’il ne veut pas refaire, il doit absolument le jour de Yom Kippour annuler son vœu.
Il y a une différence par rapport à la femme, la jeune femme qui a fait un vœu ou l’épouse qui a fait un vœu, il suffit qu’elle le dise à son mari, et son mari annule son vœu. Et pour la jeune fille, son père annule son vœu.
Si un jour, le père ou le mari n’est pas d’accord avec le vœu que la jeune fille ou la jeune femme a pris, dès qu’il en a connaissance, il peut l’annuler. Il dit « tu as pris ce vœu, mais cela ne me convient pas que tu l’aies pris, je l’annule ». Tandis que l’homme, il faut qu’il aille devant un rabbin, une sommité, un juge, pour que son vœu puisse être annulé. Et Dieu n’intervient pas. Il ne faut demander à Dieu de faire un miracle, pour quelque chose qui est sorti du cadre de ce que Lui Il a donné. C’est une initiative humaine, cela regarde l’homme, et la valeur qu’il donne à sa parole.
Mais là Jephté aurait pu s’en sortir et aller trouver le « Cohen », c’est-à-dire le prêtre de sa génération. Lui dire, « jai fait un vœu stupide, je m’en repens, annule le moi, parce que c’est ma fille qui est venue ». Et il ne l’a pas fait parce qu’il s’est dit, c’est le commentateur qui parle, « Quoi moi, je suis un Ghibor, un grand, un fort, et je vais aller trouver un prêtre pour me délier de mon vœu. Non c’est au prêtre de venir. Puisqu’il voit que ce n’est pas bien ce que je vais faire. Donc c’est au prêtre de venir.
Et le prêtre qui était Pin‘has, nous disent les commentateurs, s’est dit « Quoi, moi, qui suit de la famille d’Aaron. Pin’has ce n’est pas n’importe qui, c’est celui qui a tué un coup de lance les deux de la tribu de Shimon qui avaient fauté un moment dans le livre de l’Exode, il s’est permis lui de les tueur d’un coup de lance. Il se dit « comment moi, moi je vais aller voir celui là ? Non ! »
Donc deux orgueils. Et les anciens qui étaient là, personne n’a rien dit. Donc toute la génération est fautive, par ce que cette pauvre fille est morte, alors qu’elle ne devait pas mourir.
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