Atelier biblique 3 : Les dix paroles

Atelier Biblique 3 : La Torah sur le mont Sinaï

Avec Elizabeth Smadja 09/11/2013

Un projet divin.

Les dix paroles.

1             Et Dieu prononça toutes ces paroles, en disant:

2             Je suis Yahweh, ton dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude.

3             Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.

4             Tu ne te feras pas d’image taillée, ni aucune figure de ce qui est en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre.

5             Tu ne te prosterneras point devant elles et tu ne les serviras point. Car moi Yahweh, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants, sur la troisième et sur la quatrième génération pour ceux qui me haïssent,

6             et faisant miséricorde jusqu’à mille générations, pour ceux m’aiment et qui gardent mes commandements.

7             Tu ne prendras point le nom de Yahweh, ton Dieu, en vain, car Yahweh ne laissera pas impuni celui qui prendra son nom en vain.

8             Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.

9             Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tout ton ouvrage.

10           Mais le septième jour est un sabbat consacré à Yahweh, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes.

11           Car pendant six jours Yahweh a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi Yahweh a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

12           Honore ton père et ta mère, afin que tes jours soient prolongés dans le pays que Yahweh, ton Dieu, te donne.

13           Tu ne tueras point.

14           Tu ne commettras point d’adultère.

15           Tu ne déroberas point.

16           Tu ne porteras point de faux témoignages contre ton prochain.

17           Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain.

18           Tout le peuple entendait les tonnerres et le son de la trompette; il voyait les flammes et la montagne fumante; à ce spectacle, il tremblait et se tenait à distance.

19           Ils dirent à Moïse: « Parles-nous, toi, et nous écouterons; mais que Dieu ne nous parle point, de peur que nous ne mourrions. »

Il faut noter quelques différences par au catéchisme. Ainsi le « tu me mentiras point » est plutôt « tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain ». Et nous avons vu précédemment l’importance du témoignage.

Tu ne mentieras pas… Cela met la barre trop haut, cela crée des péchés. C’est placer la barre trop haut dans un désir de se purifier.

Il ne faut rien enlever, rien ajouter à la parole de Dieu. Ainsi dans les années 60, on parlait de péché, aujourd’hui on parlera plus de « manquer la cible ». Ainsi le Christ s’est fait offrande pour le rachat des péchés (ratat).

Il s’agit d’une relation d’amour avec Dieu. Et donc, il faut se poser la question « est-ce que je suis uni avec lui ? ». Dès que l’on réfléchit comme cela, la relation avec le Christ, avec Dieu change. On enlève ce qui nous rigidifie, on est adulte, on est un homme debout vis-à-vis de Dieu.

Dans le « je suis un Dieu jaloux… » il faut voir la pédagogie divine. Dieu travaille avec nous dans un langage que l’on peut comprendre dans la société dans laquelle on vit. Et ce en fonction des évolutions technologiques, scientifiques, etc. Dieu a toujours voulu ces choses là. Il s’agit d’avoir un vocabulaire qui convient à notre temps, à notre société. C’est une question de dévoilement.

Ainsi par la Torah, il y a deux enseignements reçus. La torah écrite (Pentateuque) et la Torah orale, où sont toutes les règles d’interprétations.

On voit dès lors que l’enseignement reçu par le messie appartient à cette deuxième catégorie. Moïse, lui ne va révéler cet enseignement ésotérique qu’aux anciens.  La destruction du temple conduit à la crainte de perdre cet enseignement oral qui sera alors mis sous forme écrite par le Talmud, le Zohar et la cabbale.  On rajoutera évidemment les Evangiles, même s’ils sont refusés par les hébreux. En effet, les évangiles sont le dévoilement de la parole divine.

La cabbale est la torah ésotérique qui à travers les chiffres, les lettres parle de la création du monde. Selon la tradition hassidique, le fondateur le Baal Chem Tov  donne ces mystères dans une forme où chacun peut comprendre selon ses capacités.

Le PaRDeS est l’acronyme pour décrire les quatre sens de lecture pour l’étude de la Torah.

Peshat : première lecture

Remez : allusion

Drash : symbolique ou allégorique

Sod (kabbale) : secret ou mystique.

Jésus cache également. Il habille une idée. Il est dans ma pratique juive. Le Zohar dit également « Celui qui a une oreille entende » !

Et donc chacun marche à sa vitesse. Tous les fruits du jardin ne murissent pas à la même vitesse. Chacun est unique. La relation au Christ est unique, chacun d’entre nous en tant que relation au Christ est unique. C’est le Christ qui se démultiplie.

1ère parole :        1 Je suis Yahweh, ton dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude.

2 Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.

 

« Je suis l’Eternel, ton Dieu ». Ce n’est pas un commandement, mais bien une parole. Dieu est échange/communication/relation. Ici Dieu se présente, comme une personne polie. Avant d’entamer une relation, il se présente.

Anokhi : « Moi mon âme, je l’ai écrite, je l’ai donnée ». Dieu est quelqu’un qui se donne complètement au travers de son écriture. Il sait la grandeur de l’être humain, il a confiance.

Quand on lit l’écriture, on reçoit Son âme.

En hébreu, quéra signifie lire mais également appeler, ce qui est aussi le sens de la « lectio divina » (on lit le texte biblique, qui se prolonge dans la méditation et se poursuit avec un dialogue avec Dieu).

On lit et on appelle, et en même temps, Dieu nous lit et nous appelle. Et c’est donné à chaque être, homme, femme, enfant.

« Ton Dieu qui t’a fait sortir d’Egypte ». Dieu prend partie, il nous fait sortir d’Egypte. Mitsraïm signifie Egypte quand Métsarim nous parlera de limite, de tristesse.

Ainsi sortir d’Egypte peut être lu comme sortir de nos habitudes, de notre tristesse ? Il faut casser nos croyances, sortir de notre tristesse. Se poser des questions, se servir des épreuves pour être éprouvé.  Mais ne pas succomber à l’épreuve. Il faut se délivrer, et non pas ne pas avoir d’épreuve. Cela permet de trouver en l’homme ce qu’il y a de plus grand que l’homme, afin de devenir un corps christique. Mais à chaque fois que l’on prie, on doit se demander pourquoi l’on prie.

4             Tu ne te feras pas d’image taillée, ni aucune figure de ce qui est en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre.

5             Tu ne te prosterneras point devant elles et tu ne les serviras point. Car moi Yahweh, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants, sur la troisième et sur la quatrième génération pour ceux qui me haïssent,

6             et faisant miséricorde jusqu’à mille générations, pour ceux m’aiment et qui gardent mes commandements.

La deuxième parole nous parle d’idolâtrie. Certes, on pense automatiquement à certaines idoles, les anciennes comme les nouvelles, mais aussi celles qui sont pernicieuses et celles qui nous sont propres. Pourquoi prie-t-on, comment prie-t-on ? On ne peut effectivement s’empêcher d’avoir une image de Dieu qui est l’image de ce que l’on a vécu. Or on ne s’adresse pas au Chrsit comme à un fantasme, ni à Dieu comme un fantasme. Le plaisir et la joie doivent être le fil conducteur : tant que ce n’est pas un plaisir, on doit chercher pourquoi (sortir d’Egypte).

Cette deuxième parole est également importante dans le sens de l’adultère à Dieu. On est, nous l’avons vu, dans une relation, un rapport homme-femme. Ici, ce qui doit nous guider, c’est la crainte de blesser Dieu, la crainte de se séparer de lui, de lui faire du mal.

On voit aussi, que le Christ a lui accepté d’être blessé, fouetté, humilié, pour notre relation à Dieu. Pour que nous soyons renouvelés à l’autre. Pour cela, il faut faire entrer le pardon dans l’histoire des peuples. Comme le Christ l’a fait.

7             Tu ne prendras point le nom de Yahweh, ton Dieu, en vain, car Yahweh ne laissera pas impuni celui qui prendra son nom en vain.

La troisième parle « tu ne prononceras par le nom de Dieu en vain » nous dit qu’il ne faut pas abuser de son nom à tout bout de champ (puis que le bon Dieu t’a mis debout, c’est pour Dieu que je fais cela, etc…) ; Il ne faut pas non plus jurer ni maudire. Si on aime quelqu’un, on prend soin de son nom.

8             Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.

9             Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tout ton ouvrage.

10           Mais le septième jour est un sabbat consacré à Yahweh, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes.

11           Car pendant six jours Yahweh a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi Yahweh a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

 

La quatrième parole institue le shabbat, qui pour le peuple d’Israël est le retour à l’Un. Les six premiers jours on crée, on travaille, on fait des choses. Le jour du shabbat, on ramène ce que l’on a été pendant la semaine à la Source. Cela donne un sens, une direction à ce que l’on fait, à ce que l’on est. Dieu a sanctifié le temps, pour que l’on ne soit pas esclave, ni du temps, ni du travail.

Le shabbat et le Christ. Relisons les évangiles, et voyons comment le Christ demande sans cesse un retour au Père (c’est la volonté du Père, le Père est en moi). Ainsi le Christ est lui-même shabbat. Et pour le chrétien, être au Christ, c’est faire shabbat.

Le huitième jour, le dimanche, on se nourrit du corps de résurrection, qui est aussi le premier jour d’un temps nouveau, le premier jour d’une semaine. Le Christ est ressuscité le dimanche, le 8ième jour, le 1er jour d’un jour nouveau.

12           Honore ton père et ta mère, afin que tes jours soient prolongés dans le pays que Yahweh, ton Dieu, te donne.

La cinquième parole nous parle d’honorer son père et sa mère. Les commentateurs remarquent qu’il s’agit d’honorer, pas forcément d’aimer. Dans le sens de leur donner un poids. Il faut en effet donner, dans un sens psychologique, le vrai poids à ses parents, le poids juste qui alors nous permet d’avant dans la vie. Si on s’analyse, et que l’on donne le vrai poids, alors on peut aimer sa mère, avec sa figure d’enfant, et son père avec sa figure d’enfant.

Est-il trop tard quand les parents sont décédés ? Non, bien sûre, l’oraison, la prière nous disent qu’il n’est jamais trop tard, pour pardonner et demander pardon. Le pardon est possible, même quand les gens sont morts. Avec le Christ, nous sommes déjà pardonnés, mais il faut nommer la chose, mettre notre histoire en lui, nous en remettre au Christ. C’est le principe de la confession. On nomme le péché à Dieu, et le Christ, à travers le prêtre donne le sacrement.  Il est alors le Christ lui-même.

13           Tu ne tueras point.

La sixième parole « tu ne tueras point » devrait plutôt se lire « tu n’assassineras point ». L’assassinat est interdit. Prendre les armes peut être obligé, car on fait partie d’un peuple qui a ses règles et ses contraintes.

14           Tu ne commettras point d’adultère.

La septième parole est « tu ne commettras pas d’adultère ». Comme une relation de couple, la relation au Christ, à Dieu, demande une relation mariale. Sinon, le flux est coupé. Il y a alors quelque chose de grave qui se passe.  La relation homme-femme est une relation qui recrée le « UN ». Casser cette relation par l’adultère revient à briser la relation divine.

15           Tu ne déroberas point.

La huitième parole « tu ne voleras point ». Chacun vient sur terre avec sa part, grande ou petite. Le rôle de chacun d’entre nous est alors de faire fructifier cette part, de donner du fruit. Si on vole la part de l’autre, on empêche l’autre de faire fructifier sa part, d’élever sa part. Et le voleur ne pourra pas nous plus élever cette part, si celle-ci est volée.

16           Tu ne porteras point de faux témoignages contre ton prochain.

La neuvième parole « tu ne porteras pas de faux témoignage » Nous venons de voir que le peuple juif, élu, est un peuple de témoins. Dès lors, le témoignage est primordial. On voit bien la différence qu’il y a entre ne pas mentir et ne pas porter de faux témoignage.

Contre ton prochain ? Le Christ a dit « qui est ton prochain ? ». Là aussi, il est bon de se poser la question de « qui est notre prochain ? ». C’est celui que je rends proche, qui est proche de moi. C’est l’autre. Et il est bon de donner à l’autre la possibilité de réparer.

17           Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain.

La dixième parole « Tu ne convoiteras pas.. ». Nous sommes encore renvoyés à l’autre. Tours dans le sens où cet autre, par ses possessions convoitées m’a m’obséder, m’obnubiler. Or si je suis rivé sur mon voisin, je ne progresse pas.