33ème dimanche du temps ordinaire : Année B
“Le partage engendre la fraternité. L’aumône est occasionnelle ; tandis que le partage est durable.“
Ce discours concerne la manifestation de Jésus à la fin des temps. Marc utilise pour cela le langage apocalyptique de son époque afin de fortifier l’espérance au milieu des épreuves. Il est donc clair que Marc n’entend pas nous donner ici une description de la fin du monde, mais il annonce une intervention décisive du Seigneur accomplissant les derniers temps au cours de son ultime manifestation.
Les bouleversements du monde ne sont pas seulement les signes lointains d’une fin des temps. Nous constatons tous les jours les catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique, à la pandémie, et les dangers d’une planète livrée à la voracité des humains, les migrants, à travers le monde, abandonnés à la mort. Nous constatons aussi cette mortifère indifférence où l’homme n’est considéré que comme un objet et non plus dans sa dignité, cette terrible violence qui abime et détruit tant d’hommes et de femmes dans notre monde. Et « Dans notre église, hélas, aussi, qui, loin de porter la vie et d’ouvrir à la liberté spirituelle, a pu laisser se développer un système qui a abimé et bafoué trop d’êtres humains », comme le rappelait le président des évêques de France à Lourdes.
Jésus affirme, dans ce passage que le dessein de Dieu se réalisera. Jésus évoque son ultime avènement, la fin effective du monde. Si la venue du Christ est inéluctable ; personne, en dehors de Dieu le Père, ne peut en connaître la date, pas même le Fils qui, dans sa condition humaine, dans la logique de l’incarnation, assume pleinement les limites de l’homme dans l’espace et le temps.
Les évangiles sur la fin des temps nous ouvrent sur la contemplation de Dieu, sur notre participation sans voile (c’est le sens du mot révélation) à la vie éternelle de Dieu. Nous sommes habités par cette promesse pleine de joie et d’espérance. Pour Marc, le Fils de l’homme qui enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde est surtout le rassembleur de tous les hommes qui réalisera le dessein de Dieu : celui de la Fraternité universelle.
Mais dès maintenant, nous savons que nous pouvons déjà avoir une vraie relation avec ce Dieu d’amour à travers de multiples médiations humaines et en particulier par celle de Jésus qui a partagé nos routes humaines. Les signes de la proximité du Christ ressuscité sont humblement manifestés à travers la générosité, la solidarité, la fraternité qui tentent de s’établir entre les humains, au jour le jour, et dont nous sommes, chacune et chacun, dans notre manière d’être et d’agir, en partie responsables, à commencer auprès des plus pauvres Notre pape nous invite à nous aider à mieux rencontrer les pauvres, les exclus, les méprisés, celles et ceux qui ont du mal à parler ou plutôt que l’on a du mal à écouter.
En cette cinquième journée mondiale des pauvres, le pape François nous rappelle que : « Des pauvres vous en aurez toujours avec vous ». La pauvreté n’est pas le fruit du destin, elle est une conséquence de l’égoïsme…. J’espère, nous dit François, que cette Journée mondiale des pauvres pourra s’enraciner de plus en plus au cœur de nos Églises locales et provoquer un mouvement d’évangélisation qui rencontre en premier lieu les pauvres là où ils se trouvent. Nous ne pouvons pas attendre qu’ils frappent à notre porte, il est urgent que nous les atteignions chez eux, dans les hôpitaux et les résidences de soins, dans les rues et les coins sombres où ils se cachent parfois, dans les centres de refuge et d’accueil… Il est important de comprendre ce qu’ils ressentent, ce qu’ils éprouvent et quels désirs ils ont dans leur cœur.
Les pauvres de toute condition et de toute latitude nous évangélisent, car ils nous permettent de redécouvrir de manière toujours nouvelle les traits les plus authentiques du visage du Père. « Ils ont beaucoup à nous enseigner, par leurs propres souffrances ils connaissent le Christ souffrant. Il est nécessaire que tous nous nous laissions évangéliser par eux ….. La nouvelle évangélisation est une invitation à reconnaître la force salvifique de leurs existences, et à les mettre au centre du cheminement de l’Église
Les pauvres ne sont pas des personnes “extérieures” à la communauté, mais des frères et sœurs avec qui partager la souffrance, pour soulager leur malaise et leur marginalisation, pour qu’on leur rende la dignité perdue et qu’on leur assure l’inclusion sociale nécessaire. Par ailleurs, on sait qu’un geste de bienfaisance présuppose un bienfaiteur et quelqu’un qui en bénéficie, tandis que le partage engendre la fraternité. L’aumône est occasionnelle ; tandis que le partage est durable.
Puisse cette journée mondiale des pauvres, servir au cœur de l’Eglise la rencontre avec les plus pauvres, en leur permettant de vivre la place qui leur revient : la première, en faisant avec eux et non pas pour eux, en bâtissant ensemble la fraternité. Si nous croyons que la situation est trop difficile et la pensons même impossible. Gardons confiance, Jésus est présent, il nous tient par la main et nous remplit de son espérance. La parabole du figuier qui nous parle des branches qui deviennent tendres et d’où sortent les feuilles est chargé de cette Espérance.
L’eucharistie que nous célébrons ce matin n’est-elle pas le signe de la venue du Christ vivant, ouvrant à chacune et à chacun, à commencer par les plus pauvres, les portes de la vie, de sa vie !
Père Francis Corbière
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Homélie :
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